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ARROSAGE, subst. masc.
A.− Action de répandre de l'eau.
1. Action de répandre de l'eau grâce à un dispositif inventé par l'homme. Tuyau, matériel d'arrosage, canaux d'arrosage :
1. Des jardiniers, en train d'achever la plantation des corbeilles, tournaient les robinets des bouches d'arrosage, promenaient des arrosoirs dont la pluie s'exhalait des gazons trempés, en une fumée tiède. Zola, L'Œuvre,1886, p. 327.
− Fam. Action de se faire mouiller par la pluie, l'averse etc. Cf. arroser I A :
2. Ils [Jean et Madeleine] avaient beau marcher lentement tous les deux, même sous l'arrosage des ondées qui font courir, le bout de la rue était tout de suite atteint, interrompant leur causerie un peu incohérente... Loti, Matelot,1893, p. 133.
− P. ext., fam. Action d'offrir à boire pour fêter un événement heureux. Cf. arroser I B 1 :
3. − Eh! bien, Kermadec, dit-il, on va les arroser, ces galons? − Mais oui, Maître..., répondit Yves à voix basse, en gardant un air grave et très rêveur. Ce n'était pas de l'eau du ciel que voulait parler ce vieux maître; car, sous ce rapport-là, l'arrosage était assuré. Non, en marine, arroser des galons signifie se griser pour leur faire honneur le premier jour où on les porte. Loti, Mon frère Yves,1883, p. 13.
2. Emplois spéc.
a) MAR. Répandre de l'eau sur les parties flottantes de la machine pour prévenir ou arrêter les échauffements.
Rem. Attesté ds Nouv. Lar. ill. et Lar. encyclop.
b) MINES. Action de verser de l'eau pour lier, dans les mortiers, le salpêtre, le soufre et le charbon, au cours de la fabrication de la poudre à canon.
Rem. Attesté ds la plupart des dict. gén. du xixes. à partir de Ac. 1798.
B.− P. métaph. Déversement, distribution de quelque chose.
1. Péj., littér. :
4. Après seize ans, j'écoute cette pièce [Asmodée] qui est de moi et qui est totalement détachée de moi. Ce malaise que je ressens toujours à cause de tout ce qui dans l'œuvre représentée appartient au metteur en scène, à l'interprète (...). Que mon cœur est loin de tout cela, ces temps-ci! Que j'y crois peu! L'arrosage des compliments rituels. Mauriac, Bloc-notes,1958, p. 29.
2. Par euphémisme; arg.
− Arrosage de qqn (cf. arroser I C 2).Action de verser une somme d'argent à quelqu'un, pour obtenir un avantage, un appui etc. :
5. Gonzague Privat parlait ce soir, chez Daudet, où j'ai été dîner, de l'arrosage de la presse par le Crédit foncier, disant l'argent donné aux journaux financiers, l'argent donné à la grande presse, l'argent de la petite presse, ... E. et J. de Goncourt, Journal,1892, p. 299.
− ARM. Action de bombarder d'une façon intense et continue :
6. Ce bombardement qui pilonne la tranchée, cette vague d'assaut dont tu fais partie, dans l'arrosage des 77 et des mitrailleuses, et qui peut-être va te déposer deux mètres plus loin, la tête fracassée, près du petit arbre... Tout cela n'est plus alors qu'un épisode... J. Romains, Les Hommes de bonne volonté,Verdun, 1938, p. 226.
3. Techn. de l'INFORM. (presse). ,,Distribution d'un nombre réduit d'exemplaires sur quelques points de vente importants, à l'occasion d'un gros événement connu trop tard pour figurer dans les éditions spéciales.`` (Voyenne 1967).
PRONONC. : [aʀoza:ʒ]. 1resyllabe longue ds Fér. 1768 et Gattel 1841; 2esyllabe longue ds Littré. Gattel 1841 note que r se prononce ,,forte``.
ÉTYMOL. ET HIST. − a) 1611 arrousage « action d'arroser » (Cotgr. qui renvoie pour le sens à arrosement); b) 1751 technol. « action de verser de l'eau (dans les mortiers pour la fabrication de la poudre à canon) » (Encyclop.); c) 1752 « système d'irrigation, irrigation » (Trév. qui indique sa préférence pour arrosement). Dér. de arroser*; suff. -age*.
STAT. − Fréq. abs. littér. : 84.
BBG. − Bél. 1957. − Bible 1912. − Bruant 1901. − Colas-Cab. 1968. − Dub. Dér. 1962, p. 29. − France 1907. − Lar. mén. 1926. − Larch. Suppl. 1880. − Plais.-Caill. 1958. − Réau-Rond. 1951. − St-Edme t. 1 1824. − Voyenne 1967.