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ARRONDIR, verbe trans.
I.− Emploi trans.
A.− Donner, prendre ou présenter une forme (approximativement) ronde.
1. [L'obj. désigne l'aspect d'une chose, d'une pers.]
a) [L'obj. désigne une chose naturelle] :
1. Et le raisin apparaît! Fragile d'abord et peu fourni, de semaine en semaine abreuvé de rosée, il gonfle et se dilate, il arrondit ses grains en les pressant les uns contre les autres, dans la hâte de mûrir et de ruisseler. Pesquidoux, Chez nous,t. 1, 1921, p. 113.
b) [L'obj. désigne une chose fabriquée] :
2. Qu'on regarde l'église ou le bourg vu du parvis, il n'est pas une pierre qui n'ait gardé son âme et sa chair, je veux dire l'esprit de son époque et la pure qualité de la matière, à quoi les siècles ont ajouté une patine qui arrondit les angles et assouplit les ornements. T'Serstevens, L'Itinéraire espagnol,1963, p. 306.
Spéc., vx.
BLAS. ,,Se dit des pièces dont la position est ordinairement droite, mais qui, par exception, sont représentées dans la forme courbe, comme les serpents, les branches d'arbre, etc. Se dit aussi des pièces auxquelles un travail de burin ou de pinceau a donné, en les modelant, l'aspect de la rondeur`` (Nouv. Lar. ill.); (cf. également Ac. 1798).
CHAPELLERIE, HORLOG. [L'obj. désigne l'arête d'un chapeau ou les dents d'une roue, d'un pignon] (cf. Besch. 1845, Chesn. 1857, Lar. 19e, Littré, Nouv. Lar. ill.).
c) [L'obj. désigne une pers. ou une partie du corps hum.] :
3. Bella était plus forte, plus épanouie que lorsqu'elle m'avait quitté. Notre rupture lui avait valu ce que cause aux autres femmes un enfant. Le souci avait arrondi ses épaules, donné à son dos ce beau volume, gonflé un peu ses bras, chassé les muscles de son cou, la renfermant toute dans une gaine. Jamais plus je n'étreindrais ce corps léger et remuant, il était cousu dans une peau plus charnue et veloutée. Giraudoux, Bella,1926, p. 144.
SYNT. Verbe + la/le(s) + subst. Arrondir la bouche, le bras, le cou, le dos, les épaules, le ventre, les yeux.
Spéc., PHONÉT. ,,Placer les lèvres en forme de cercle pour prononcer certains phonèmes. Arrondir une voyelle, rendre la voyelle plus ronde`` (Lar. encyclop.) :
4. Le cri rond de l'être rond arrondit le ciel en coupole. Et dans le paysage arrondi tout semble se reposer. L'être rond propage sa rondeur, propage le calme de toute rondeur. Et pour un rêveur de mots, quel calme dans le mot rond! Comme il arrondit paisiblement la bouche, les lèvres, l'être du souffle! Car cela aussi doit être dit par un philosophe qui croit à la substance poétique de la parole. Bachelard, La Poétique de l'espace,1957, p. 213.
2. [L'obj. désigne un mouvement]
a) MAN. Arrondir un cheval. ,,Le dresser à marcher aux trois allures sur un cercle, son corps étant incurvé sur toute sa longueur et ses membres postérieurs suivant exactement la piste tracée par les membres antérieurs`` (Lar. encyclop.).
Rem. Cf. également Ac. Compl. 1842, Besch. 1845, Lar. 19e, Littré, Nouv. Lar. ill.
b) MAR. Arrondir un banc, un cap, une île, un rocher, une terre, etc. Contourner à distance un relief qui présente un danger pour la navigation :
5. Je dirigeai ma route vers le Nord en longeant de fort près la côte sur laquelle je n'avais pu aborder; et j'entrai dans cet enfoncement, en arrondissant la pointe occidentale de l'entrée. Dentrecasteaux, Voyage à la recherche de La Pérouse,1808, p. 50.
B.− Donner plus d'extension de façon à former un ensemble considéré comme satisfaisant ou approchant la perfection du rond, du cercle.
1. [L'obj. désigne des biens, plus rarement leur propriétaire] Arrondir son champ, sa fortune, etc., ou même absol. arrondir (= s'arrondir; cf. II B) :
6. Plus dangereuse, s'il se peut, est l'attraction de la terre. Grande ou petite, elle a cela d'étrange, et qui attire, qu'elle est toujours incomplète; elle demande toujours qu'on l'arrondisse. Il y manque très-peu, ce quartier seulement, ou moins encore, ce coin... Voilà la tentation : s'arrondir, acheter, emprunter. Michelet, Le Peuple,1846, p. 59.
Loc. fam. Arrondir sa pelote (cf. Balzac, Splendeurs et misères des courtisanes, 1847, p. 201).
2. COMPTAB. Arrondir une mesure, un poids, une somme (à). Supprimer ou ajouter des unités en finale de façon à former un chiffre rond, un nombre entier plus simple que le nombre réel :
7. ... nous proposons à M. Bénilou (chef de la subdivision de Léré) de ne leur régler (au tarif du Tchad) que les deux jours de portage sur le Tchad − et de prendre à notre charge les trois jours en plus : Soit 2 jours à 1. 25 2. 50 3 jours à 1. 75 5. 25 Plus 3 jours de retour à 0. 50 1. 50 --- 9. 25 à quoi nous ajoutons soixante-quinze centimes de matabiche pour arrondir la somme et nous permettre de les payer avec deux billets de cent sous. Gide, Le Retour du Tchad,1928, p. 950.
C.− Donner plus de force ou d'harmonie, parfaire.
1. Domaine des arts
a) ARTS PLAST. :
8. Vérité et volonté de vérité forment ensemble un instable mélange où fermente une contradiction et d'où ne manque jamais de sortir une production falsifiée. Comment ne pas choisir le meilleur, dans ce vrai sur quoi l'on opère? Comment ne pas souligner, arrondir, colorer, chercher à faire plus net, plus fort, plus troublant, plus intime, plus brutal que le modèle? Valéry, Variété 2,1929, p. 104.
b) LITT. Arrondir une période, une phrase. Équilibrer ses divers membres de façon à obtenir une cadence agréable :
9. Il avait médité sa phrase, il l'avait arrondie, polie, rythmée; c'était un chef-d'œuvre de prudence et de transition, de tournures fines et de délicatesse; mais la colère avait emporté la rhétorique. Flaubert, Madame Bovary,t. 2, 1857, p. 97.
c) MUS. Diminuer l'acuité :
10. Dans les voix de femme, le registre de poitrine s'arrêtant théoriquement au mi première ligne, c'est la série au-dessus de cette note, jusqu'au mi 4einterligne, qui constitue le registre de médium. Aucune technique spéciale ne le caractérise, sauf la nécessité de foncer et d'arrondir davantage les sons dans sa partie supérieure. Arts et litt. dans la société contemp.,1935, p. 3610.
2. Domaine psychol., surtout dans l'expr. arrondir les angles.Atténuer les aspérités du caractère, des rapports humains :
11. Dans ce que ma tâche comportait de militaire, j'étais assisté par l'état-major de la Défense nationale constitué dès Alger. Le général Juin était à la tête, intelligent, diligent, sachant arrondir les angles de mes rapports avec les alliés, s'employant à amortir les chocs auxquels, parfois, ma manière d'être exposait les subordonnés. De Gaulle, Mémoires de guerre,1959, p. 132.
II.− Emploi pronom.
A.− Prendre ou présenter une forme (approximativement) ronde.
1. [Le suj. désigne l'aspect d'une chose, d'une pers.]
a) [Le suj. désigne une chose naturelle ou un objet fabriqué] :
12. La cataracte se divise en deux branches, et se courbe en fer à cheval. Entre les deux chûtes s'avance une île, creusée en dessous, qui pend avec tous ses arbres sur le chaos des ondes. La masse du fleuve qui se précipite au midi, s'arrondit en un vaste cylindre, puis se déroule en nappe de neige, et brille au soleil de toutes les couleurs. Chateaubriand, Génie du Christianisme,t. 2, 1803, p. 271.
13. ... de grandes cours publiques les environnent, et leur intérieur, soutenu par des colonnes ou des piliers, s'arrondit en dômes entourés de petites coupoles hémisphériques : c'est de l'art byzantin enlaidi par les Turcs. Du Camp, Le Nil,1854, p. 34.
b) [Le suj. désigne une pers. ou une partie du corps hum.] :
14. Son embonpoint [de la comtesse] ne détruisait ni la grâce de sa taille, ni la rondeur voulue pour que ses formes demeurassent belles quoique développées. Vous comprendrez soudain ce genre de perfection, lorsque vous saurez qu'en s'unissant à l'avant-bras les éblouissants trésors qui m'avaient fasciné paraissaient ne devoir former aucun pli. Le bas de sa tête n'offrait point ces creux qui font ressembler la nuque de certaines femmes à des troncs d'arbres, ses muscles n'y dessinaient point de cordes et partout les lignes s'arrondissaient en flexuosités désespérantes pour le regard comme pour le pinceau. Balzac, Le Lys dans la vallée,1836, p. 41.
2. Spéc., arg., pop.
[En parlant d'une femme] Devenir enceinte (cf. L.-F. Lhéritier, Suppl. aux Mémoires de Vidocq, t. 2, 1830, p. 289).
S'enivrer (cf. A. Bruant, Dict. fr.-arg., 1901, p. 195).
B.− [Le suj. désigne un propriétaire et ses biens] Prendre plus d'extension de façon à former un tout complet, un ensemble satisfaisant (cf. supra ex. 6).
C.− Prendre plus de force ou d'harmonie, se parfaire.
1. MUS. Diminuer d'acuité :
15. Lorsque le son [vocal] ne s'arrondit pas dans ces cavités, la position laryngienne a beau être exacte, le son élevé est étroit, strident, criard. J. Arger, Initiation à l'art du chant,1924, p. 158.
2. [En parlant du caractère, des rapports humains] Perdre ses aspérités morales, ses traits distinctifs, devenir conciliant, se façonner selon le modèle commun :
16. Si les hommes consentaient du moins à la leçon que la mort leur propose, tous les malentendus se dissiperaient par force tôt ou tard; il suffirait d'être patient. Tout s'arrange, se tasse et s'arrondit dans le train-train routinier de l'équivoque, tout, sauf la mort elle-même, qui ne s'« arrange » jamais. Jankélévitch, Le Je-ne-sais-quoi et le presque-rien,1957, p. 183.
PARAD. a) (Quasi-) synon. accroître, adoucir, agrandir, augmenter, ballonner, contourner, doubler, égaliser, élargir, émousser, enfler, équilibrer, estomper, étendre, feutrer, renfler, répandre, tourner. b) Anton. aplanir, appointer, creuser, diminuer, enlever, équarrir, réduire, supprimer.
PRONONC. ET ORTH. − 1. Forme phon. : [aʀ ɔ ̃di:ʀ], j'arrondis [ʒaʀ ɔ ̃di]. Passy 1914 note une durée mi-longue pour la 2esyllabe du verbe. Enq. : /aʀõdi/ (il) arrondit. 2. Hist. − 1resyllabe longue ds Land. 1834 et Gattel 1841. Fér. 1768 note que le mot ,,s'écrit avec 2 rr [mais] se prononce avec une seule`` et Fér. Crit. t. 1 1787 ainsi que Gattel 1841 ajoutent que r se prononce ,,forte``.
ÉTYMOL. ET HIST. − 1. Trans. ca 1265 « rendre rond » J. de Meung, Rose, éd. F. Lecoy, 20267 : Ainz est si ronde et si soutille C'onques ne fu berill ne bille De forme si bien arondie; d'où divers emplois p. ext. a) 1834 « supprimer les angles, adoucir (un caractère) » (Hugo, Littér. et phil. mêlées, p. 104 ds Rob.); b) 1610-20 « rendre plus complet, accroître, augmenter » (Aub., Hist. univ., I, 15 ds Gdf. Compl.); c) 1671 rhét. arrondir une période (F. Pomey, Le Dict. royal augmenté, Lyon); d) 1621 peint. « faire ressortir la rondeur des objets » (René François, Essay des Merveilles de nature, p. 199 ds Brunot t. 6, p. 690); e) 1797 mar. (Voyage de La Pérouse, t. 3, p. 91 : Je fis route pour passer sous le vent de cette roche, et je l'arrondis d'une lieue); 2. pronom. 1549 « devenir rond » (Est.); d'où fig. 1762 « étendre ses domaines » (J.-J. Rousseau, Em., V ds Littré). Dér. de rond*; préf. a-1*; dés. -ir.
STAT. − Fréq. abs. littér. : 520. Fréq. rel. littér. : xixes. : a) 676, b) 1 348; xxes. : a) 805, b) 425.
BBG. − Barb.-Cad. 1963. − Barber. 1969. − Baulig 1956. − Chesn. 1857. − France 1907. − Gilliéron (J.). Les Conséquences d'une collision lex. et la latinisation des mots fr. In : Cinquantenaire de l'École pratique des hautes ét. Paris, 1921, t. 20, p. 64. − Gottsch. Redens. 1930, p. 152, 238. − Grandm. 1852, col. XXVIII. − Gruss 1952. − Guilh. 1969. − Jal 1848. − Le Clère 1960. − Lhoste-Pèpe 1964. − Mat. Louis-Philippe 1951, p. 203. − Pil. 1969. − Poignon 1967. − Sandry-Carr. 1963. − Soé-Dup. 1906. − Springh. 1962. − Will. 1831. − Zastrow 1963, p. 426.