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ARPÈTE, ARPETTE, subst. fém.
Arg. Synon. de apprenti(e) :
1. Le vitrier fit son apprentissage d'« arpète » [dans la peinture d'enseignes], c'est-à-dire qu'on l'initia, entre deux poses de vitres, aux secrets du grand badigeon. G. d'Esparbès, La Légende de l'outil,1902, p. 133.
En partic. Petit(e) apprenti(e) qui fait les courses, notamment l'apprentie modiste ou couturière :
2. De l'autre côté de la cage de verre s'agitait un monde lointain, indifférent : une arpette avec un carton de couturier à la main, un ouvrier qui roulait une cigarette, un couple de badauds à une devanture de fleuriste, un livreur dressé sur ses pédales et poussant son triporteur, en zig-zag, dans une rue montante... Druon, Les Grandes familles,t. 2, 1948, p. 96.
P. ext. Aide-vendeur, garçon de courses :
3. Il devait bagotter ailleurs maintenant... pour des autres darons... peut-être même plus dans les rubans... On était venu assez souvent par là ensemble tous les deux... Là précisément auprès du bassin, sur le banc à gauche... Attendre le canon de midi... C'était loin déjà ce temps-là qu'on était arpètes ensemble... Céline, Mort à crédit,1936, p. 474.
PRONONC. ET ORTH. − 1. Forme phon. : [aʀpεt]. 2. Forme graph. − Rob. et Lar. encyclop. admettent : arpète ou arpette. Quillet 1965 enregistre uniquement arpète (cf. aussi La Rue 1954, Mét. 1955 et Pt Lar. 1968). Pour la graph. arpette seule, cf. Larch. 1880 et France 1907.
ÉTYMOL. ET HIST. − 1. 1858 génevois arpets masc. terme de dénigrement (Mulhauser, Joyeusetés, 68 ds Pat. Suisse rom. t. 1, 1924-33, p. 631 : Mais aujord'hui ce n'est pas de la guerre Dont je veux vous parler, c'est d'un cas embêtant Et d'un arpets que moi je n'aime guère [mot expliqué en note : arpetz ou arpett, homme de rien, ou simplement : un ennuyeux]); cf. encore 1886 genevois arpète masc. « mauvais ouvrier » (Conteur vaudois, 1886, 12, ibid.; Il nous est venu [à Genève, pour travailler à l'horlogerie] une vraie dégelée de paysans. Ces espèces d'arpètes, ne sachant pas même discerner un spiral d'une roue de rencontre, ont gâté le métier); 2. 1875-76 pop. masc. « apprenti » (Rabasse ds Larch. 1878, p. 15 : Arpette. Apprenti); 1901 fém. (Bruant). Prob. empr. à l'all. Arbeiter « travailleur, ouvrier » (dér. de l'all. arbeiten « travailler »); à l'appui de cette hyp. − d'une part, le sens « mauvais ouvrier » attesté à Genève, prob. à l'orig., en parlant des Suisses allemands qui essayaient de concurrencer l'ouvrier horloger indigène; − d'autre part la variante arpetr relevée à Genève en 1916 (Pat. Suisse rom., loc. cit.); du sens péj. « mauvais ouvrier » est issu celui d'« ouvrier inexpérimenté, apprenti »; d'autre part la finale -et, ete- du subst. masc. confondue avec les suffixes -ǐttu et -ǐtta est devenue -ette et le mot a été couramment appliqué aux jeunes apprenties (Jeanjaquet ds Pat. Suisse rom., loc. cit.; Dauzat ds Fr. mod., t. 6, p. 24); cf. mosellan hèrpeter « mal travailler » (Zéliqzon). suisse romand arbèita « travailler, gén. avec l'idée d'un travail pénible, qui demande beaucoup d'ardeur » (Pat. Suisse rom., s.v.), empr. à l'all. arbeiten. Un autre groupe est constitué par les mots suivants attestés en différents dial., notamment ceux de la région parisienne, la Champagne, la Bourgogne : rémois harpette « mince, frêle (d'un homme ou d'un cheval) » (Saubinet, Vocab. du bas langage rémois, 1845); briard arpète « déluré, intrigant, indiscipliné (en parlant d'un enfant ou d'un jeune homme) » (Diot, Patois briard, 1929, p. 27); v. aussi FEW, t. IV, p. 386b. La dér. de ces formes par suff. -et(t)e à partir du rad. de harpe*, harpon* « griffe, crochet » (la notion de maigreur [d'où celle de « jeune homme hardi, déluré »] étant issue du sens de « crochet ») FEW, loc. cit., fait difficulté, les subst. étant tous du genre masc. Peut-on en déduire qu'il s'agit de mots dial. relativement récents, issus de ceux attestés depuis 1858 en Suisse romande? L'hyp. selon laquelle ces mots dial. sont à l'orig. de arpète « apprenti » (FEW, loc. cit.; Bl.-W.5) n'est pas non plus pleinement satisfaisante du point de vue sémantique.
STAT. − Fréq. abs. littér. : Arpète. 9. Arpette. 1.
BBG. − Colomb. 1952/53, p. 89, 118; pp. 194-196. − Dauzat Ling. fr. 1946, p. 39, 193. − Dauzat (A.). Notes étymol. et lexicol. Fr. mod. 1938, t. 6, pp. 24-25. − Esn. 1966. − France 1907. − France Suppl. 1907. − Larch. 1880. − La Rue 1954. − Mét. 1955. − Sain. Lang. par. 1920, p. 304.