| ARMURE, subst. fém. A.− Ensemble des pièces d'armes défensives qui protège le corps des combattants des coups portés par l'adversaire. Armure complète, légère, pesante : 1. De la droite le sourd [Quasimodo] lui détachait l'une après l'autre, en silence, avec une lenteur sinistre, toutes les pièces de son armure, l'épée, les poignards, le casque, la cuirasse, les brassards.
Hugo, Notre-Dame de Paris,1832, p. 482. 2. isotta, la tête sur la poitrine de Malatesta. − Alors, si c'est de moi que vient tout le mal, laissez-moi sur votre poitrine me reposer d'être ce que je suis, comme lorsque je mettais ma joue sur votre armure au retour de la bataille, et que je sentais votre cœur frapper contre l'armure de fer et d'or, à croire qu'elle était une armure de papier.
Montherlant, Malatesta,1946, IV, 7, p. 524. − En partic. Au Moyen Âge, harnois composé de plaques de fer forgé dont se garantissait l'homme d'armes. Anton. barde, harnois du cheval de guerre. ♦ Le défaut de l'armure ou défaut de la cuirasse. Point de jonction de deux pièces de l'armure, endroit vulnérable du combattant (infra B) : 3. ... il [le roi] se débattait comme un cheval que les dogues tiennent aux oreilles,
Criant d'une voix épouvantable et traînant çà et là sa prison vivante avec les reins!
Un qui tenait son épée à deux mains,
Cherchait le défaut de l'armure, comme un cuisinier qui ouvre un crabe avec la pointe de son couteau.
Claudel, Tête d'or,2eversion, 1901, p. 276. − P. ext. Armes naturelles d'un animal : 4. Il y en avait beaucoup, en effet [des perches] : menues et larges, presque rondes, des médailles d'émaux chatoyants, orange et soufre, vert et bleu. Le garde en ramassa quelques-unes, qui tout de suite hérissèrent l'armure épineuse de leurs reins.
Genevoix, Raboliot,1925, p. 17. B.− P. métaph. et au fig. Protection morale, moyen de défense et de sauvegarde : 5. ... pour l'homme de bien, le sentiment de son innocence est comme une armure solide, ou comme un compagnon fidèle dont la présence le rassure au milieu des dangers.
Ozanam, Essai sur la philos. de Dante,1838, p. 146. 6. J'ai vu mourir un saint, moi qui vous parle, et ce n'est pas ce qu'on imagine, cela ne ressemble pas à ce qu'on lit dans les livres; il faut tenir ferme là-devant : on sent craquer l'armure de l'âme. Alors, j'ai compris ce qu'était le péché...
Bernanos, La Joie,1929, p. 671. ♦ Le défaut de l'armure. Endroit vulnérable par où l'on peut atteindre une personne. Synon. usuel le défaut de la cuirasse : 7. ... jaloux de Dante, comme de tout l'univers, très fin lettré d'ailleurs, il [Choulette] crut trouver le défaut de l'armure et frappa : − Je soupçonne, dit-il, que la jeune sœur des anges n'a jamais vécu que dans l'imagination sèche de l'altissime poète.
A. France, Le Lys rouge,1894, p. 173. C.− Emplois spéc. − AGRIC. Dispositif adapté à la faux et destiné à rassembler ce que coupe le faucheur. − ARBOR. ,,Appareil dont on entoure les jeunes arbres pour les protéger.`` (Forest. 1946). − ÉLECTR. ,,Enveloppe métallique protectrice d'un câble électrique, constituée soit par des feuillards, soit par des fils d'acier enroulés en hélice ou formant une tresse.`` (Siz. 1968). − MAR. ,,Troisième pièce qui s'endente ou s'écarve sur mâts, vergues et le milieu d'un bau pour compléter sa dimension avec les deux autres, avant d'être placé sous les ponts d'un vaisseau.`` (Will. 1831). − MUS. Synon. armature*. − PÊCHE. Bas de ligne renforcé destiné à la pêche des poissons carnassiers. − PHYS. Armure de l'aimant. Lames de fer associées à un aimant qui en s'aimantant elles-mêmes en accroissent la force tout en la protégeant. − TISS. Par analogie avec l'aspect de l'armure dû à l'entrelacement des fils de métal, ,,nom d'une sorte de tissu de laine ou de soie, d'une texture pointillée`` (Mots rares 1965) et ,,Disposition des lisses d'un métier; disposition des fils d'une étoffe résultant de la disposition des lisses du métier.`` (Mots rares1965) : 8. Comme beaucoup, je me contentais de la notion de chaîne et de trame, et je me croyais quitte ainsi avec la structure des étoffes; j'ignorais en un mot ce qu'est véritablement une « armure » de tissu.
Lhote, Peint. d'abord,1942, p. 69. PRONONC. ET ORTH. : [aʀmy:ʀ]. Fér. Crit. t. 1 1787 écrit le mot avec un accent circonflexe, armûre, pour souligner la durée de la finale. ÉTYMOL. ET HIST. − 1. 1155 « ensemble des armes de défense qui protègent le combattant » (Wace, Brut, éd. Arnold, 4943 : Ensemble od les Bretuns parlout. Tus les deceveit l'armeüre, E il seveit lur parleüre); 2. emploi techn. a) 1704 phys. (Trév. : Armure, se dit aussi, en parlant de la pierre d'aiman, de deux morceaux de fer qu'on met aux poles de cette pierre, il qu'on lie bien ferme avec une petite ceinture de metal. Cette armure augmente très-considerablement la vertu de l'aiman); b) 1751 tiss. (Encyclop.).
Empr. au lat. armatura « ensemble des armes, armure du soldat », César, Gall., 5, 16, 1 ds TLL s.v., 604, 72; 2 p. anal. avec 1. STAT. − Fréq. abs. littér. : 623. Fréq. rel. littér. : xixes. : a) 1 200, b) 1 071; xxes. : a) 614, b) 680. BBG. − Bach.-Dez. 1882. − Baudr. Chasses 1834. − Bouillet 1859. − Burn. 1970. − Chesn. 1857. − Criqui 1967 →. − France 1907. − Encyclop. méthod. Mécan. t. 1 1782. − Jal 1848. − Lacr. 1963. − Leloir 1961. − Lep. 1948. − Littré-Robin 1865. − Mots rares 1965. − Noël 1968. − Nysten 1824. − Pissot 1803. − Pope 1961 [1952], § 251, 269. − Privat-Foc. 1870. − Rougnon 1935. − Siz. 1968. − Will. 1831. |