| ARGENTIN1, INE, adj. A.− [En parlant d'un son, d'une voix, etc.] Qui est très vibrant, qui résonne comme l'argent : 1. Autour d'eux... Pas le plus léger bruit... On n'entendait que la voix grave et sonore du colon, et par instants le timbre pur et argentin de celle de Jenny, qui répétait une phrase sainte avec sa mère.
Sue, Atar Gull,1831, p. 25. 2. La pointe de l'aiguille atteignit enfin le chiffre X; les clochettes se mirent à tintinnabuler le plus joyeusement du monde avec leurs petites voix grêles, argentines ou cuivrées, chantant un air de sarabande; le clocheteur leva son bras d'airain, et le marteau descendit autant de fois sur le timbre qu'il y avait d'heures à piquer.
T. Gautier, Le Capitaine Fracasse,1863, p. 292. B.− Arch. et poét. Qui a l'éclat et la blancheur de l'argent : 3. La lune brillait, et nous donnait sa lumière argentine; ...
Restif de La Bretonne, M. Nicolas,1796, p. 233. Rem. Cf. aussi au clair argentin de la lune (Napoléon 1er, Lettres à Joséphine, 1796, p. 48); le sable argentin (Musset, La Nuit d'octobre, 1833, p. 148). − PEINT. Ton argentin, peinture argentine. Effet de couleur qui rappelle le blanc d'argent : 4. Son œuvre [M. de Manet] claire, débarbouillée des terres de momie et des jus de pipes qui ont crassé si longtemps les toiles, a une touche souvent câline sous son apparence bravache, un dessin concisé mais titubant, un bouquet de taches vives dans une peinture argentine et blonde.
Huysmans, L'Art mod.,1883, p. 177. PRONONC. : [aʀ
ʒ
ɑ
̃tε
̃], fém. [-in]. 2esyllabe longue ds Fér. 1768 et Fér. Crit. t. 1 1787. ÉTYMOL. ET HIST. − 1remoitié xiies. adj. « d'argent » (Psautier Cambridge, éd. Fr. Michel, LXVII, 31 ds Gdf. : Encrepe la beste del chalemel la congregatiuns des forz, es vedeals des pueples escalciranz encuntre les argentines ruedes) − xvies., Hug.; d'où 1 adj. 1548 « qui a la couleur de l'argent » (Rabelais, IV, 35 ds Hug. : De laquelle sortoit un delicieux ruisseau d'eaue doulce, claire et argentine); 1798 peint. (Ac.); 2. 1549 argentin subst. masc. « son clair comme de l'argent » (Du Bellay, Recueil de Poesie, Prosphonematique ds Hug. : Lors se tirant sur le rocher sauvaige, L'une apres l'autre [Seine, Marne, Oise, Yonne] ont fait plus d'une fois Hault rechanter tout le courbé rivaige Soubz l'argentin de leurs celestes voix); d'où 1674 adj. qui résonne d'une manière claire (Boileau, Lutr. II ds Rob. : Les cloches dans les airs de leurs voix argentines).
Dér. de argent*; suff. -in*. BBG. − Duch. 1967, p. 144. − Duval 1959. − Mat. Louis-Philippe 1951, p. 200. |