| ARCEAU, subst. masc. I.− ARCHIT. Partie cintrée d'un arc, d'une arcade, d'une porte, d'une fenêtre; nervure des voûtes d'une église. Arceau brisé, gothique; arceau d'un cloître, d'une cathédrale, d'une nef; fenêtre à arceau : 1. J'entrai dans l'église, une église encore italienne, avec ses arceaux découpés, sa mosaïque savante, son dôme aérien, son autel de marbre blanc, son parfum, et les derniers sons de l'orgue visitant le moindre écho tour à tour.
Janin, L'Âne mort et la femme guillotinée,1829, p. 102. 2. Sur le mur blanc de la mosquée s'agite l'ombre d'un platane. À la manière de Sienne, mais selon un tout autre esprit, un arceau simple et presque sans relief surmonte et fiance deux plus jeunes arceaux.
Gide, Journal,La Marche turque, 1914, p. 401. − Qqf., ARCHIT. HYDRAULIQUE. Petite arche d'un ponceau, d'un pont, d'un aqueduc : 3. Peut-être faut-il dire qu'un ornement libre n'est jamais beau, ni un ornement cherché. Au contraire on trouve aisément de la beauté dans la masse et dans les arceaux d'un aqueduc, strictement réglés par les matériaux et par la fin poursuivie.
Alain, Système des beaux-arts,1920, p. 179. − Spéc., SCULPT. [Dans l'archit. corinthienne et composite] Ornement en forme de trèfle à quatre feuilles. II.− P. anal. Tout ce qui a la forme d'un arceau. A.− Dans la lang. cour. et poét. 1. Arceau de feuillage, de vigne : 4. La route tourna au bord d'un vallon étroit au fond duquel pataugeait le torrent. L'arceau des rochers se penchait vers l'ombre. C'était la voûte d'un chemin destiné à la méditation de l'eau solitaire... Il ne restait qu'eau légère extrêmement pure, filtrée par les hautes prairies, froide, légèrement acide, patiente, ayant le temps, presque sans couleur...
Giono, L'Eau vive,1943, p. 110. ♦ Vert arceau (poét.) (A. de Noailles, Les Éblouissements,1907, p. 232). 2. Arceau des bras, des paupières, des sourcils, etc. B.− Dans la lang. techn. 1. CHIR. Châssis de bois ou de métal courbé en arc et qui, placé sous les couvertures du lit d'un malade évite tout contact avec un membre fracturé. Synon. archet : 5. ... par un interminable couloir on regagnait l'hôtel, et sa chambre, et son lit que bassinait en votre absence un « moine » − c'est ainsi qu'on appelle là-bas un réchaud qu'un ingénieux système d'arceaux suspend entre les draps écartés.
Gide, Si le grain ne meurt,1924, p. 428. SYNT. Arceau de Kocher; arceau de Lardennois et Dazy (Masson 1970). 2. JEUX. [Dans le jeu du croquet] Petite porte métallique formant arc et sous laquelle doivent passer les boules du croquet. 3. MAR. Arceau, arceau de remorque ou arc de remorque. Arc en bois ou en fer placé à l'arrière d'un remorqueur et dans lequel glisse la haussière de touage. Rem. Attesté ds Soé-Dup. 1906, Gruss 1952, Rob., Le Clère 1960. 4. PÊCHE. Anse de cordage passant au travers d'une câblière et destinée à descendre les cordages et les filets au fond de l'eau. Rem. Attesté ds Baudr. Pêches 1827, Ac. Compl. 1842, Besch. 1845, Lar. 19e, Littré, DG, Rob. 5. TECHNOL. Tige de bois ou de fer recourbée en arc. a) CARROSSERIE : 6. Une de ces petites voitures de paysan romain, formée de deux arceaux de bois recourbé, et voilée contre le soleil d'un lambeau de toile, les attendait dans la cour du frère de la nourrice de Régina.
Lamartine, Nouvelles Confidences,1851, p. 205. b) HORTIC. Palissade de fer en forme d'arcade (cf. arcade C 4) : 7. C'est alors que paraissait, sous l'arceau de fer ancien que la glycine versait à gauche, ma mère, ronde et petite en ce temps où l'âge ne l'avait pas encore décharnée.
Colette, La Maison de Claudine,1922, p. 10. ♦ Arceaux de plate-bande. Suite de petites tiges de fer en arc constituant la bordure d'une plate-bande, d'un jardin, etc. c) VANNERIE. Arceaux d'un panier. ,,Brins arqués, souvent en noisetier, constituant la carcasse d'un panier rustique`` (Lar. encyclop.). 6. ZOOL. ,,Parties constituantes des anneaux du corps des animaux articulés. On en distingue deux : l'arceau supérieur, l'autre inférieur`` (Besch. 1845); (cf. aussi E. Perrier, La Philos. zool., 1884, p. 103). Rem. Attesté ds Lar. 19e, Littré, Guérin 1892, Lar. encyclop. III.− Au fig. A.− Poét. Arceau d'azur, de lumière : 8. ...
J'ai conservé de faux trésors dans des armoires vides
Un navire inutile joint mon enfance à mon ennui
Mes jeux à la fatigue
Un départ à mes chimères
La tempête à l'arceau des nuits où je suis seul
Une île sans animaux aux animaux que j'aime
Une femme abandonnée à la femme toujours nouvelle...
Béguin, L'Âme romantique et le rêve,1939, p. 393. B.− P. métaph. : 9. ... et, quand le poète a bâti ainsi son monument d'une seule pierre, et presque d'une seule phrase, la pensée s'échappe à la fin des voûtes et des arceaux de sa parole, comme la voix d'une cathédrale.
Quinet, Allemagne et Italie,1836, p. 54. IV.− Loc. prép. En arceau(x). A.− Au propre, arch. Courbé en arceau. B.− P. anal. Sentier en arceaux : 10. − En Italie, où croît l'olive,
Où la vigne en arceaux grandit,
Où le myrte embaume la rive,
Au pont d'Arcole, avez-vous dit?
J'y suis allé dans les semailles,
Quand passait le soc des batailles :
J'y suis allé dans la moisson
Lier ma gerbe à mon arçon.
Quinet, Napoléon,1836, p. 181. C.− Au fig. : 11. Refléter, prendre dans sa bouche,
L'air piqué par un bec d'oiseau,
Entendre s'irriter la mouche
Sur les vents courbés en arceau.
A. de Noailles, Les Éblouissements,1907, p. 255. Rem. gén. D'abord spécialisé en archit., puis étendu à d'autres domaines, arceau suit un peu l'évolution du mot arcade, avec lequel il lui arrive de se confondre (cf. certaines accept. en archit., et, p. anal., arceau/arcade de feuillage, vertes arcades/vert arceau, arcade/arceau des sourcils, etc.). Cependant, la sémantèse d'arceau s'éloigne de celle d'arcade dans la mesure où il reste moins techn. et où les aut. l'emploient dans un sens plus gén. (arceau signifie souvent pour eux « voûte, ouverture en arc »). Cet élargissement de sens explique sans doute la fréq. relativement élevée du mot dans des textes poétiques. PRONONC. : [aʀso]. ÉTYMOL. ET HIST. − 1165-70 arcel (B. de Ste-Maure, Troie, éd. L. Constans, 14818 ds T.-L. : sor l'image a un aiglel D'or tresgeté, sor un arcel, Qui mout par est bien faiz e beaus); 1remoitié xiiies. arceau (Péan Gatineau, St Martin, éd. W. Söderhjelm, ibid.).
Dér. de arc*; suff. -eau*. STAT. − Fréq. abs. littér. : 211. Fréq. rel. littér. : xixes. : a) 308, b) 404; xxes. : a) 353, b) 204. BBG. − Bach.-Dez. 1882. − Barb.-Cad. 1963. − Baudr. Pêches 1827. − Chabat 1881. − Chesn. 1857. − Gruss 1952. − Jossier 1881. − Lacr. 1963. − Le Clère 1960. − Littré-Robin 1865. − Méd. Biol. t. 1 1970. − Noël 1968. − Nysten 1824. − Soé-Dup. 1906. |