| ARC-BOUTANT, subst. masc. A.− ARCHIT., CONSTR., gén. au plur. Construction en arc rampant ou en plein cintre dont l'extrémité s'appuie sur un contrefort, et servant à soutenir extérieurement un édifice en empêchant l'écartement des murs. Arcs-boutants d'une église; arc-boutant gothique; contrefort en arc-boutant : 1. Le style gothique (...) n'a pas honte d'entourer son édifice d'arcs-boutants qui lui prêtent appui dans tous les sens, et, si l'œil n'y était fait, lui donneraient l'apparence d'un bâtiment qui menace ruine.
Stendhal, Mémoires d'un touriste,t. 1, 1838, p. 61. 2. Ayant un immense édifice à construire, je partirai du même principe; mais comme les moyens dont je dispose sont, relativement à la dimension, très faibles, ce ne sera pas par des dépressions et de légères inclinaisons de piles que je pourrai empêcher l'écartement des constructions, ce sera par des arcs-boutants, par des contre-forts, par un système d'étayement extérieur.
Viollet-le-Duc, Entretiens sur l'archit.,t. 1, 1863, p. 457. 3. Bien des églises gothiques sont admirables de face qui, vues de côté, présentent un barbare enchevêtrement de lignes. Un Grec de la grande époque n'eût pas compris la splendeur des arcs-boutants de Notre-Dame et n'y eût vu sans doute qu'un assez pauvre expédient destiné à sauver un édifice malade.
Green, Journal,1935-39, p. 194. B.− P. anal. Toute chose servant d'appui ou s'appuyant à une autre. 1. Dans la lang. cour. : 4. ... ce corps se tordait sous la douleur (...). La malheureuse avait fait deux arcs-boutants de ses jambes, en les appuyant sur une espèce de commode...
Balzac, La Muse du département,1844, p. 129. 2. Dans la lang. techn. a) ANAT. Structure anatomique s'appuyant sur une autre et formant arc avec elle. Arc-boutant ostéo-cartilagineux (G. Gérard, Manuel d'anat. hum.,1912, p. 109);arc-boutant zygomatique (G. Gérard, Manuel d' anat. hum.,1912p. 57). b) CHARPENT. Pièce de charpente en bois servant de soutien à un mur. Synon. étai. c) MARINE − Pièce de bois ou de fer servant à maintenir les galhaubans écartés. Arcs-boutants affourchés, arcs-boutants ronds. − Pièce servant à relier les baux et les barrots pour éviter le jeu. Rem. Attesté ds Will. 1831, Ac. Compl. 1842, Besch. 1845, Lar. 19e. SYNT. Arc-boutant ferré. Petit mât servant de bout-dehors à une vergue lorsque l'on veut y fixer des bonnettes. Arc-boutant de Beaupré (ou de martingale). Espar placé verticalement au-dessous du beaupré et destiné à maintenir les martingales (cf. J. Galopin, Cours de lang. mar. Matelotage et technol., 1925, p. 61). Arc-boutant de Coitte (ou de ber). Pièces de bois destinées à consolider les bers d'un bâtiment (attesté ds Lar. 19e, Nouv. Lar. ill., Will. 1831). Arc-boutant de Misaine. Minot, pistolet d'armure sur lequel vient s'amurer la misaine (d'apr. Rob.). d) SERRURERIE − Barreau servant à bouter une grille, un balcon, ... (cf. E. Robinot, Vérification, métré et pratique des trav. du bât., t. 3, 1928, p. 36). − Barre d'une porte cochère. Synon. pied-de-biche. e) TECHNOLOGIE − Vx. Arcs-boutants d'un train de carrosse. Verges destinées à tenir en état les montants du carrosse. − Arcs-boutants d'un parapluie. Partie de l'armature qui supporte les baleines lorsque le parapluie est ouvert. Synon. fourchette. Rem. Arc-boutant est utilisé dans la lang. littér. comme symb. notamment de l'appui énergique donné à une cause, etc. : 5. ... l'Assemblée nationale étant le seul arc-boutant de l'Empire, l'unique et dernier dépôt de l'autorité publique, la déserter, la renier, la démentir scandaleusement, c'était se démentir soi-même; ...
Le Moniteur,t. 2, 1789, p. 413. 6. Ce Procureur-général, toujours nommé député par la ville de Provins, est un des arcs-boutants du Centre à la Chambre.
Balzac, Le Député d'Arcis,1847, p. 315. − P. métaph. : 7. ... les modulations éloignées, vraies passerelles légères, arcs-boutants aériens, n'apparaissent qu'entre les divers développements élevés au-dessus [des] assises qui les supportent.
V. d'Indy, Cours de compos. musicale,t. 2, 1897-1900, p. 260. PRONONC. : [aʀkbutɑ
̃]. Barbeau-Rodhe 1930 donne également la possibilité d'une prononc. : arg- (sonorisation de [k]). Tous les dict. hist. (de Fér. 1768 à DG) transcrivent le mot sans [k]. Ex. ds DG : àr-bou-tan. Cf. à ce sujet arc; pour le plur. du mot, cf. ibid. ÉTYMOL. ET HIST. − 1. 1387 « arc de maçonnerie qui, s'appuyant contre un contrefort extérieur, butte contre une voûte pour la soutenir » (A. Aube G 345, reg. 3 ds Gdf. Compl. : L'arc boutent de croye); 2. 1687 arcboutans, arboutans; mar. « pièce de bois servant d'appui, de contrefort » (Desroches, Dict. des Termes propres de Mar. ds Jal2: arcboutant, espèce de petits Masts de 25 à 30 pieds de long ferrés par un bout avec un fer à trois pointes, de six, à huit pouces de longueur, dont l'usage est de tenir les escoutes des bonnettes en éstuy, et de repousser un autre vaisseau, s'il venoit à l'abordage).
Composé de arc* et du part. prés. de bouter*. STAT. − Fréq. abs. littér. : 90. BBG. − Barb.-Cad. 1963. − Barber. 1969. − Bél. 1957. − Canada 1930. − Chabat 1881. − Chesn. 1857. − Gruss 1952. − Jal 1848. − Jossier 1881. − Marcel 1938. − Noël 1968. − Noter-Léc. 1912. − Soé-Dup. 1906. − Timm. 1892. − Viollet 1875. − Will. 1831. |