| ARAIRE, subst. masc. AGRICULTURE A.− Charrue de type primitif à soc triangulaire garni de deux ailes, sans train de roulement ni versoir, qui fend la terre sans la retourner et qui, perfectionnée, est encore utilisée pour le labourage des terres légères et de la vigne : 1. C'est la terre légère, mais tout imprégnée de phosphore et de chaux, qu'il suffit de gratter avec l'araire primitif ou de remuer à la bêche pour obtenir les récoltes de blé et de noix qui suffisaient jadis à l'existence des habitants.
Vidal de La Blache, Tabl. de la géogr. de la France,1908, p. 315. 2. Il n'y avait plus de bêches et de houes, de pioches et de herses; il n'y avait plus de ces araires pirates qu'on emportait à dos d'homme jusqu'au milieu de la garrigue pour gagner un peu de terre neuve...
Giono, Le Grand troupeau,1931, p. 128. 3. « On peut être anarchiste avec l'araire romaine ou avec le tracteur moderne, écrit-il [D. A. de Santillan], et nous sommes encore anarchistes quand nous avons le ventre vide. »
Guéhenno, Journal d'une« Révolution », 1937, p. 55. − P. ext. Synon. (parfois poét.) de charrue : 4. La bourgeoisie est maîtresse de la France; elle la possède en longueur, en largeur, en profondeur. Elle tient le sol, qu'elle fait trancher, retourner et aplanir par la pioche et l'araire du journalier...
Vigny, Le Journal d'un poète,1842, p. 1163. 5. Le laboureur qui conduit une araire se fatigue rapidement du fait qu'il a toujours des efforts à exercer sur les mancherons pour rétablir l'équilibre de la charrue...
T. Ballu, Machines agricoles,1933, p. 83. Rem. Les dict. indiquent le genre masc. L'emploi fém. est pourtant bien attesté ds la docum. Cf. supra ex. 3 et 5; v. aussi Flaubert, Bouvard et Pécuchet, t. 1, 1880, p. 35 : la grande araire de Mathieu de Dombasle. B.− Au plur., vx. Les araires. Terme générique pour désigner les outils et instruments aratoires (cf. aratoire ex. 2). Rem. Sens attesté ds Ac. Compl. 1842, Besch. 1845, Lar. 19e, Nouv. Lar. ill. PRONONC. : [aʀ
ε:ʀ]. ÉTYMOL. ET HIST. − 1. 1remoitié xiies. arere « charrue simple, sans avant-train et sans roues » (Voy. de Charlem. 296 ds Gdf. Compl. : Si at cunduit l'arere tant adrecieement, Si fait dreite sa reie cume ligne que tent); 1443 araire (A.N. JJ 176, pièce 280, ibid.); bien attesté au xvies. puis repris ds les dict. à partir de Boiste 1808; 2. 1740 araires subst. plur. (Trév. : Araires. Terme de coutume. En Bresse on appelle araires les instruments de l'agriculture) − 1928, Lar. 20e.
Empr. au lat. aratrum « id. » (Caton, Orig., 5 ds TLL s.v., 400, 1); la forme arere ayant disparu au xives., la forme araire a été empr. à l'a. prov. araire « id. », cf. xiiies. E[lie] Cairel, Pus chai ds Rayn., s.v. Arar; l'a. prov. étant lui-même issu du lat. aratrum (cf. Nyrop t. 1, p. 32 et Fouché Phonét., p. 60). STAT. − Fréq. abs. littér. : 16. BBG. − Chesn. 1857. − George 1970. − Mots rares 1965. − Perraud 1963. − Plais.-Caill. 1958. − Privat-Foc. 1870. |