| ARABE, subst. et adj. I.− Emploi subst. A.− GÉOGR. [Le subst. désigne une pers.] Habitant, natif d'Arabie; p. ext. musulman de race sémitique : 1. En Palestine, le conflit latent entre Arabes et Juifs imposait maintes précautions.
De Gaulle, Mémoires de guerre,1954, p. 148. − À l'arabe. À la manière des Arabes : 2. Ce chef était venu nous saluer; vêtu à l'arabe, extrêmement sympathique, il nous explique qu'il n'a pu faire autrement que de servir d'abord les premiers arrivés, ce que nous admettons sans peine; ...
Gide, Voyage au Congo,1927, p. 753. − Au fig., péj., fam. et vieilli. Homme avare, dur dans les affaires, usurier : 3. ... Le monde dira que je suis un juif, un arabe, un usurier, un corsaire, que je vous aurai ruiné! Je m'en moque!
Balzac, Gobseck,1830, p. 419. − Emploi adjectivé : 4. bouquinard. − As-tu fini, veux-tu me répondre, combien veux-tu de ton roman?
armand. − Tenez, mon cher père, je ne suis pas aussi Arabe que vous voulez bien le dire... je ne vous en demanderai qu'un prix bien doux... bien minime...
P. de Kock, Les Compagnons de la Truffe,1861, p. 58. Rem. Attesté ds la plupart des dict. gén. du xixeet du xxesiècle. B.− [Le subst. désigne un inanimé] 1. B.-A. Style artistique particulier, né avec les conquêtes arabes : 5. C'est une bizarrerie imposante [l'église Saint-Marc de Venise] qui subjugue l'imagination et plaît comme un conte des Mille et une Nuits, (...), par le mélange des genres et l'incohérence des formes : de l'arabe, du gothique, du grec de Constantinople, ...
J.-J. Ampère, Correspondance,1824, p. 296. 2. LING. L'une des langues sémitiques. En arabe; savoir l'arabe : 6. Ce qu'ils aiment le moins ces enfants, c'est l'étude de l'arabe. L'arabe littéraire est extrêmement difficile.
Barrès, Mes cahiers,t. 6, 1907-08, p. 167. − ÉCRITURE et ARTS GRAPH. Écriture propre à la langue arabe : 7. L'arabe neskhi, dont on se sert actuellement, est une forme cursive des alphabets koufique et karnatique dérivés eux-mêmes de la plus ancienne forme de l'écriture syriaque : l'estranghélo.
É. Leclerc, Nouv. manuel complet de typogr.,1932, p. 460. − P. ext., péj. Être de l'arabe. Être incompréhensible : 8. ... je crois qu'il y a du savoir-vivre ailleurs que dans un salon du faubourg Saint-Germain. Tout cela est de l'arabe pour vous...
Mérimée, Lettres à une inconnue,t. 1, 1841-70, p. 7. II.− Emploi adj. A.− [En parlant d'une pers.] Qui est né en Arabie, qui habite cette région; p. ext. qui est de religion musulmane et de race sémitique : 9. La figure saillante du livre étant Robert, c'est sur elle qu'il fallait appuyer à la fin ... (...) De même, j'aurais voulu voir dans une scène commune, la femme arabe et la femme européenne aux prises.
Flaubert, Correspondance,1872, p. 422. B.− [En parlant d'un animal] Originaire d'Arabie, qui est de race particulière à cette région. Cheval arabe (Ac. 1878). Rem. En ce sens, « arabe » est souvent employé par ellipse de « cheval arabe ». (Attesté ds la plupart des dict. gén. du xixeet du xxesiècle) : 10. − C'est pour cela que vous voulez m'acheter mon cheval anglais, dit Debray; vous supposez qu'il supportera mieux le froid que votre arabe.
A. Dumas Père, Le Comte de Monte-Cristo,t. 1, 1846, p. 576. C.− [En parlant d'un inanimé] 1. Propre à l'Arabie et aux Arabes. L'empire, la civilisation arabe. ♦ Chiffres arabes. Chiffres de 0 à 9 de notre numération courante. − Vx. Liqueur arabe. Café : 11. Les tasses de café étaient préparées; seulement on avait pour Albert ajouté un sucrier. Monte-Cristo et Haydée prenaient la liqueur arabe à la manière des Arabes, c'est-à-dire sans sucre.
A. Dumas Père, Le Comte de Monte-Cristo,t. 2, 1846, p. 256. 2. POL., ADMIN. Qui s'occupe des pays arabes. ♦ Bureau arabe. Institution créée en Algérie, à l'époque coloniale et composée d'officiers qui s'occupaient d'administration et de politique dans ce pays : 12. Mon camarade désire connaître ses rapports [d'Antinéa] avec l'Égypte antique : c'est très bien. Pour ma part, je désire être surtout fixé sur ceux qu'elle entretient avec le Gouvernement général de l'Algérie et les bureaux arabes.
P. Benoit, L'Atlantide,1919, p. 155. Rem. La docum. donne plusieurs adj. composés de arabo- et d'un autre élément : invasion arabo-berbère (A.-C. Haddon, Les Races humaines, 1930, p. 115); théologie arabo-juive (Philos., Relig., 1957, p. 4811); science arabo-persane (Grousset, L'Épopée des croisades 1939, p. 311). 3. Péj., arg. et pop. Fourbi arabe. Micmac, pagaïe : 13. Au réveil, l'idée gendarme me revient. J'ai cinq minutes de trouille, puis reprends conscience de tout le fourbi arabe qui nous protège.
Giono, Les Grands chemins,1951, p. 182. Rem. Attesté ds A. Dauzat, L'Arg. de la guerre, 1918, p. 261; Esn. 1966 (sold., 1914); Ch.-L. Carabelli, [Lang. pop.]. DÉR. Arabophobe, subst.Personne qui a peur des Arabes et leur est hostile. (1912, J. et J. Tharaud, La Fête arabe, p. 204; suff. -phobe*). PRONONC. : [aʀab]. Passy 1914 note une durée mi-longue pour la 2esyllabe du mot. Enq. : /aʀab/. ÉTYMOL. ET HIST. − 1. Ca 1100 subst. Arrabit « arabe, celui qui est originaire d'Arabie (d'une pers.) » (Roland, éd. Bédier, 3481 : Mult ben i fierent Franceis e Arrabit); 1578 Ararbe (Du Bartas, Iresem., 1erjour, 168 ds Gdf. Compl.); 1611 Arabe (Cotgr.); 2. fin xiies. adj. arabi « arabe, d'Arabie (d'un cheval) d'où rapide, vif » (Garin le lorr., 1echans., IX, P. Paris ds Gdf. : Sor leurs chevaus arrabis et corans); d'où 1167 subst. « cheval d'arabe » (Chr. de Troyes, Cligès, éd. W. Foerster, 3617 ds T.-L. : La valor et la bonté De l'arabi vëu avoient); 3. 1680 subst. ling. (Rich. : Arabe. Le langage des Arabes); 1680 adj. (ibid. : Arabe. Qui est en langage Arabe ... Ecrits Arabes); 1690 arithm. (Fur. : Arabe. On appelle aussi le chiffre Arabe, celuy dont on se sert pour les grandes supputations, par opposition au chiffre Romain, dont on se sert dans les comptes); 4. fig. 1576 subst. « homme avide d'argent » (Regnier de La Planche, Hist. de l'Estat de France, II, 14 ds Hug. : Par ses rapines et rançonnemens, il avoit a massé de grandes richesses... Et de vray il ne se trouva jamais un tel Arabe); sens encore ds Rob. « s'est dit autrefois... ».
Empr. au lat. Arabs, arabis, lui-même empr. à l'ar. Arab (cf. Lok.) également passé en gr. Α
ρ
α
ψ,α
ϐ
ο
ς
Nonnus (ca 500 p. Chr.), 26, 23 ds Bailly. Le lat. Arabis est attesté au sens 1 dep. Plaute, Curc., 433 ds TLL s.v., 390, 24; également la forme Arabus comme adj. et subst., Virgile, En., 7, 605, ibid., 390, 53. La forme arabi est empr. à l'ar. arabī
; la forme arabit est issue d'un croisement avec l'ar. ar-rābita « poste militaire » puis « cloître, couvent » parce qu'on y célébrait des cérémonies religieuses. STAT. − Arabe. Fréq. abs. littér. : 2 428. Fréq. rel. littér. : xixes. : a) 4 784, b) 3 500; xxes. : a) 2 664, b) 2 765. Fréq. abs. littér. : Arabo-persan. 2. Arabophobe. 1. BBG. − Bach.-Dez. 1882. − Bal.-Maq. 1968. − Bible 1912. − Bruant 1901. − Canada 1930. − Chabat 1881. − Cost. 1899. − Dheilly 1964. − Franck 1875. − Jossier 1881. − Julia 1964. − Kuhn 1931, p. 130, 223, 230. − Le Breton Suppl. 1960. − Le Roux 1752. − Littré-Robin 1865. − Marcel 1938. − Mont. 1967. − Noter-Léc. 1912. − Privat-Foc. 1870. − Springh. 1962. |