| APTE, adj. et subst. I.− Emploi adj. [Gén. construit avec la prép. à suivie d'un subst. ou d'un verbe à l'inf.] .
A.− DR. [En parlant d'une pers.] Qui réunit toutes les conditions nécessaires pour avoir droit à un héritage, un legs, etc. Apte à posséder, à tester, etc.; apte et idoine (vx) : 1. Il dit [l'article 302 du Code danois] qu'il ne suffit pas qu'une succession soit ouverte, il faut encore être apte à succéder.
Scribe, Bertrand et Raton,1833, III, 3, p. 177. 2. La fille n'était pas apte à hériter. Mais par un adoucissement fort naturel de la rigueur de ce principe, la fille unique était considérée comme un intermédiaire par lequel la famille pouvait se continuer. Elle n'héritait pas; mais le culte et l'héritage se transmettaient par elle.
Fustel de Coulanges, La Cité antique,1864, p. 90. Rem. Land. 1840 note : ,,L'Acad. a tort de restreindre ce mot aux locutions de jurisprudence : on dit très-bien de quelqu'un qu'il est apte à telle ou telle chose.`` B.− Dans la lang. cour. 1. [En parlant d'un animé] Qui possède des dispositions naturelles ou des qualités acquises pour quelque chose. Être, devenir apte (à) + subst. ou inf. a) Absolument : 3. ... homme public [le comte Frochot] apte et laborieux, tout à la chose, assez peu observateur des personnes...
Sainte-Beuve, Nouveaux lundis,t. 11, 1863-69, p. 21. b) Apte à + verbe : 4. Il [Frédéric Marest] comptait faire son stage d'avocat à Paris, afin d'être apte à exercer les fonctions du poste qu'on ne refuserait pas à un jeune homme riche.
Balzac, Un Début dans la vie,1842, p. 440. 5. Celui-là seul qui a éprouvé l'extrême infortune est apte à ressentir l'extrême félicité. Il faut avoir voulu mourir, Maximilien, pour savoir combien il est bon de vivre.
A. Dumas Père, Le Comte de Monte-Cristo,t. 2, 1846, p. 769. c) Apte à + subst. abstr. : 6. À partir de cinq ans, les écrevisses sont aptes à la reproduction, mais elles peuvent vivre, croit-on, jusqu'à quinze ou vingt ans.
Coupin, Animaux de nos pays,1909, p. 405. ♦ Apte à tout. Propre à toutes les disciplines, sans qualification spéciale : 7. Il était apte à tout, à la guerre comme aux négociations, merveilleusement adroit, et d'une dissimulation consommée.
A. France, Vie de Jeanne d'Arc,1908, p. 148. 2. [En parlant d'un inanimé] Propice (à), propre à, fait pour : a) [Se rapporte à un inanimé concr.] :
8. ... un câble constitue (...) une ligne de longueur invariable et de forme indéterminée, incapable de pousser, mais apte à tirer; ...
Haton de La Goupillière, Cours d'exploitation des mines,1905, p. 514. b) [À un inanimé abstr.] :
9. Persicaire haïssait la « mesure française ». Il estimait à juste titre, que notre langue est la plus apte aux poèmes, la plus propice à tirer juste, la plus cruelle, la moins poétique, en un mot.
Cocteau, La Fin du Potomak,1940, p. 130. 3. Spéc., BIOL., CHIM., HISTOL., etc. [En parlant d'un corps, d'un tissu, etc.] Qui possède la propriété (chimique, organique) de : 10. Le procédé (...) est basé sur les cycles d'extraction par solvants organiques qui sont aptes à séparer l'uranium et le plutonium après la dissolution des barres irradiées dans l'acide nitrique, ...
Goldschmidt, L'Aventure atomique,1962, p. 118. Cf. en outre P. Morand, Aux confins de la vie, 1955, p. 101.II.− Emploi subst. [Employé en biol., bot. et zool. par réf. à la théorie de la sélection naturelle et ds l'expr. survivance des plus aptes] .
Cf. en outre O. Hamelin, Essai sur les éléments principaux de la représentation, 1907, p. 296; L. Plantefol, Cours de bot. et de biol. végétale, t. 2, 1931, p. 637 et Biol., 1965, pp. 1615-16 (encyclop. de la Pléiade), sur la théorie de Darwin, reposant sur « les plus aptes » et « les non-aptes ». PRONONC. : [apt]. ÉTYMOL. ET HIST. − 1. 1145 ate « (d'un inan.) naturellement propre à qqc. » (Everard de Kirkham, Distiques de Caton ds Gdf. Compl. : E la main ke l'en use Plus ate l'avum veue); 1308 acte de (Aime, Yst. de li Norm., I, 9, ibid.); 1375 apte a (Oresme, Le Livre du Ciel et du monde, éd. Menut-Denomy, 117 d 2-4 ds Mediaeval Studies, V, p. 297 : Car de toutes figures la sperique est la plus utile, apte et abile a mouvement de corps); noté ,,vieux mot et hors d'usage`` de Fur. 1690 à Gattel 1797; 2. 1762 jurispr. (Ac. : Apte. Terme de Palais. Propre à quelque chose. Apte et idoine).
Empr. au lat. aptus, au sens de « bien joint » (Ennius, Ann. 373 ds TLL s.v., 327, 80) (cf. a. fr. ate, fin xiies., Partenopeus de Blois, 5071, éd. Crapelet ds Gdf. : cauces de saie bien ate[s]); au sens 1, d'un inan., Varron, Rust., 1, 6, 2 ds TLL s.v., 329, 20; d'une pers., Cicéron, Brut., 178, ibid., 331, 26. STAT. − Fréq. abs. littér. : 383. Fréq. rel. littér. : xixes. : a) 149, b) 516; xxes. : a) 558, b) 889. BBG. − Miq. 1967. − Pierreh. Suppl. 1926. |