| APPORT, subst. masc. A.− Vx. Le fait d'apporter : 1. Il nous parle d'un temps d'accalmie dans la griserie de Callias, où, reconduit par lui jusqu'à sa porte, il l'invitait à dîner, mais qu'à la troisième fois, il lui avait demandé à le quitter un moment, avant d'entrer, et bientôt était arrivé, un bouquet de violettes à la main pour sa femme. Et que cela avait, depuis ce jour, continué les autres fois qu'il l'avait retenu à dîner et que l'apport de ce bouquet de violettes lui paraissant un peu anormal, ...
E. et J. de Goncourt, Journal,1890, p. 1176. − COMM. Apport de fonds. Fait d'apporter des fonds, de les investir dans une entreprise. − DR. Apport de pièces. Dépôt de pièces au greffe. Acte d'apport. Récépissé des pièces ainsi déposées. B.− Ce qui est apporté. 1. [Ce qui est apporté est d'ordre matériel et parfois mécanique] :
2. Par un mouvement convulsif, elle rejetait de ce côté tout le flot de ces écumantes couvertures de fine laine qui s'y amoncelaient comme les sables dans une baie bien vite transformée en grève (si on n'y construit une digue) par les apports successifs du flux.
Proust, Le Côté de Guermantes 2,1921, p. 320. 3. Les bassins intérieurs, les anciennes cuvettes lacustres subissent dès lors une transformation : dessalées par l'afflux continuel des eaux courantes, renouvelées par l'apport continuel d'alluvions, elles entrent en liaison les unes avec les autres : liaisons encore imparfaites, il est vrai; car le Houang-Ho et ses affluents passent par des alternances de bassins et de gorges.
Vidal de La Blache, Principes de géogr. humaine,1921, p. 57. 4. La première opération, l'arrêt de l'ennemi, exigeait un apport de forces qui était en grande partie réalisé, mais qu'il était encore possible d'augmenter.
Foch, Mémoires,t. 2, 1929, p. 143. − GÉOL. Débris de roches entraînés mécaniquement loin de leur lieu d'origine et déposés. ♦ Apports éoliens. ,,Ils consistent en sable ou limon, parfois mêlés de rares petits cailloux. Ils peuvent former des dunes ou des revêtements en manteau, parfois très minces.`` (Plais.-Caill. 1958). − TRAV. PUBL., BÂT. Terrain d'apport. Dans les travaux de terrassement, terrain constitué avec des terres prises dans un autre lieu. 2. [Ce qui est apporté est une valeur] − DROIT a) Bien qu'un époux apporte à la communauté en se mariant : 5. Lorsque les époux apportent dans la communauté une somme certaine ou un corps certain, un tel apport emporte la convention tacite qu'il n'est point grevé de dettes antérieures au mariage; et il doit être fait raison par l'époux débiteur à l'autre, de toutes celles qui diminueraient l'apport promis.
Code civil,1804, p. 279. b) Bien, part, qu'un associé apporte dans une société commerciale : 6. Son ambition devenait plus haute, il proposait au baron une association, dans laquelle le crédit immobilier apporterait le palais colossal qu'il voyait en rêve, tandis que lui, pour sa part, donnerait son génie et le fonds de commerce déjà créé. On estimerait les apports, rien ne lui paraissait d'une réalisation plus facile.
Zola, Au Bonheur des dames,1883, p. 456. − Au fig. Contribution positive (à une action, à une œuvre) : 7. Alors succédaient les biographies d'art et les livres historiques, écrits un peu sous ma pression et la tendance naturelle de mon esprit vers la vérité du passé ou du présent : œuvres où il y avait peut-être un peu plus d'apport de moi que de mon frère.
E. et J. de Goncourt, Journal,1895, p. 891. 8. Venant après quantité d'essais auxquels je me suis livré dans ce sens depuis cinq ans et dont j'ai la faiblesse de juger la plupart extrêmement désordonnés, les historiettes qui forment la suite de ce volume m'en fournissent une preuve flagrante. Je ne les tiens à cause de cela, ni pour plus dignes, ni pour plus indignes, de figurer aux yeux du lecteur les gains que l'apport surréaliste est susceptible de faire réaliser à sa conscience.
A. Breton, Les Manifestes du Surréalisme,1930, p. 67. C.− P. méton. 1. Vx, région. Lieu où l'on fait des apports (de marchandises, de nourriture, etc.), marché. L'apport de Paris. Le marché du Grand-Châtelet. 2. Région. Fête locale coïncidant avec un jour annuel de grand marché : 9. Il l'aimait, de toute la force de sa jeunesse intacte, et elle aussi l'aimait à sa façon, fière de se montrer, le dimanche, près du plus bel homme du pays, d'aller avec lui aux noces, aux apports, aux foires lorsque M. Fortier y envoyait son domestique.
R. Bazin, Le Blé qui lève,1907, p. 64. PRONONC. ET ORTH. : [apɔ:ʀ]. Enq. : /apoʀ/. Fér. Crit. t. 1 1787 admet la var. graph. aport. ÉTYMOL. ET HIST. − 1. a) 1140 dr. eccl. « offrandes apportées à l'église par les fidèles » (Charte, Hist. Lothar., t. 1, 568 ds Du Cange s.v. apportus), seulement au Moy. Âge; b) 1571 « rapport » (Belleforest, Secr. de l'agric., p. 5 ds Gdf. : Champs de grand aport); c) 1835 comm. (Ac. : Apport [...] Il se dit également de Ce qu'un associé met à la masse sociale. Son apport est de tant); 2. ca 1170 aport « action d'apporter » (B. de Ste-Maure, Troie, éd. L. Constans, 26844 ds T.-L. : Mais ne fu pas petit l'aport Que il en fist en l'ost venir Por asazer et replenir : Onc hom ne vit si granz plentez come il i ot par dous estez); 1424 p. ext. « lieu où l'on apporte des denrées, marché » (Arch. JJ 172, pièce 398 ds Gdf. : Demourant a l'Ours a l'apport Baudoyer), vieux mot ds Ac. 1835; 1477 « fête locale avec grande affluence de personnes » (Lettres de remission, Reg. 206 Chartoph. reg. ch. 1173 ds Du Cange s.v. apportus), encore ds Littré; 1751 dr. (Encyclop. : Apport du sac ou des pieces [...] Remise faite au greffe d'une cour supérieure [...] des titres et pieces d'un proces instruit par des juges inferieurs dont la juridiction ressortit à cette cour).
Déverbal de apporter*. STAT. − Fréq. abs. littér. : 279. Fréq. rel. littér. : xixes. : a) 74, b) 158; xxes. : a) 431, b) 778. BBG. − Bach.-Dez. 1882. − Baulig 1956. − Bouillet 1859. − Canada 1930. − Cap. 1936. − Dam.-Pich. Gloss. 1949. − Dupin-Lab. 1846. − Forest. 1946. − Kuhn 1931, passim. − Lar. comm. 1930. − Lauzel-Muss. 1970. − Lemeunier 1969. − Plais.-Caill. 1958. − Réau-Rond. 1951. − Romeuf t. 1 1956. |