| APPLAUDIR, verbe. A.− [Le compl. d'obj. dir. désigne soit des pers. se produisant devant un public, soit ce qui se dit ou se fait devant un public] Battre des mains pour manifester sa joie et son approbation. 1. [Le compl. d'obj. est exprimé] :
1. À deux fauteuils de moi, Jules Jaluzot applaudit les vers de Rostand, de ses larges mains commerciales. À part ça, il dort.
Renard, Journal,1896, p. 362. SYNT. Applaudir un champion, un chanteur, des comédiens, un orateur, etc.; applaudir un air célèbre, un défilé militaire, un numéro de cirque, une pièce de théâtre, une réplique, un tour; applaudir l'entrée du président. 2. [Le compl. d'obj. n'est pas exprimé] :
2. ... un monsieur, parfaitement bien mis, le carreau de vitre à l'œil, se penche en avant d'une loge, jette un bouquet sur la scène, puis, les deux mains étendues et longues, applaudit avec bruit et lenteur, sans se préoccuper du silence général ni de la tirade qu'il interrompt.
Villiers de L'Isle-Adam, Contes cruels,La Machine à gloire, 1883, p. 86. SYNT. Les spectateurs applaudissent; la salle applaudit à tout rompre; on applaudissait frénétiquement; il applaudit par politesse. 3. Rare. Applaudir à : 3. Le public applaudissait aux excentricités du rouquin qui ne perdait jamais l'équilibre de sa bouteille de gin.
Cendrars, Bourlinguer,1948, p. 235. B.− [Le compl. d'obj. désigne un acte ou une attitude dont on n'est pas directement témoin] Approuver avec force, donner son assentiment à... 1. Applaudir à : 4. Ô Français! Vos maux sont finis, si vous êtes las de les endurer : vous êtes libres, si vous avez le courage de l'être. L'Europe entière applaudit à la justice de votre cause; ...
Marat, Les Pamphlets,Offrande à la Patrie, 1789, p. 5. 5. La singulière apologie, qui est une insulte, et que penser des femmes qui applaudissent à cette goujaterie emmiellée!
Montherlant, Les Olympiques,1924, p. 283. − Rare. Applaudir à qqn.Applaudir aux actes de quelqu'un : 6. armand. − Je suis un mari, chère Paola. Même s'il a la vertu pour femme, on ne peut demander au mari d'applaudir au séducteur.
Giraudoux, Pour Lucrèce,1944, I, 1, pp. 14-15. SYNT. Applaudir à la sévérité, à la rigueur d'un jugement; − à toutes ces turpitudes; − à cette gigantesque entreprise; − des deux mains à une décision. 2. Applaudir + compl. d'obj. dir. : 7. Et Lafayette, avec les idéologues, applaudit le changement.
Adam, L'Enfant d'Austerlitz,1902, p. 357. − Applaudir qqn de : 8. Aux hommes, elle [Une vieille, dans la partie du Roman de la Rose écrite par Jean Meung] enseigne ce qu'ils doivent savoir pour conquérir les femmes en égoïstes, et elle applaudit les femmes d'aller aux plaisirs faciles, de fuir une fidélité ruineuse et de s'ingénier à mater leurs amants.
Faral, La Vie quotidienne au temps de saint Louis,1942, p. 185. C.− S'applaudir de + inf. ou subst. à valeur verbale.Se féliciter de, se réjouir de : 9. − Monsieur, lui dit [à Lousteau] madame Cardot, je m'applaudis d'avoir voulu voir par moi-même le ménage de celui qui devait être mon gendre.
Balzac, La Muse du département,1844, p. 194. 10. Elle put être satisfaite, s'applaudir du succès entier de ses plus cruelles espérances.
Bourges, Le Crépuscule des dieux,1884, p. 126. − Vieilli, en emploi abs. Se vanter, se glorifier. C'est un homme vain qui s'applaudit sans cesse (Ac.1835-1932). SYNT. S'applaudir d'avoir eu le courage de, de ne pas être venu; s'applaudir de la conduite de quelqu'un, de sa circonspection. Rem. Le compl. introduit par à, gén. exclu quand le verbe a un sens concr. (cf. cependant ex. 3), est très fréq. lorsque le verbe exprime l'approbation morale. DÉR. Applaudissable, adj.Qui mérite d'être applaudi. (1889, E. et J. de Goncourt, Journal, p. 968; dér. du verbe applaudir*, suff. -able*). PRONONC. ET ORTH. − 1. Forme phon. : [aplodi:ʀ], j'applaudis [ʒaplodi]. Demi-longueur pour [o] ds Passy 1914. Enq. : /aplodi, aplodis/. 2. Forme graph. − Fér. Crit. t. 1 1787 admet une var. aplaudir. ÉTYMOL. ET HIST. − 1375 intrans. aplaudir « battre des mains en signe d'approbation » (R. de Presles, Cité de Dieu, 18, ch. 16, éd. 1531 ds Quem. : Mais qui plus est, très amyablement aplaudissent); 1580 applaudir à qqc. « approuver qqc. » (Montaigne, Essais, ch. XX, p. 46 ds Gdf. Compl.); av. 1680 pronom. « se vanter, se féliciter de » (Dépréaux ds Rich.); av. 1696 trans. applaudir qqn « louer qqn » (La Bruyère ds Trév. 1704).
Empr. au lat. applaudere « battre des mains » (Plaute, Bacch., 1211 ds TLL s.v., 295, 12); « louer » (Tertullien, Anim., 16, ibid., 295, 22); pronom. « se glorifier » (St Jérôme, Vit. Hilar., 17, ibid., 295, 26). STAT. − Applaudir. Fréq. abs. littér. : 1 846. Fréq. rel. littér. : xixes. : a) 3 262, b) 3 428; xxes. : a) 2 904, b) 1 479. Applaudissable. Fréq. abs. littér. : 1. BBG. − Bruant 1901. − Pierreh. Suppl. 1926. |