| APOTHICAIRERIE, subst. fém. Vieux A.− Boutique d'apothicaire, officine. Synon. mod. pharmacie : 1. Société du Dispensary; c'est une apothicairerie qui fournit des drogues, des médecines, et des cordiaux à tous ceux qui se présentent munis du certificat d'un des souscripteurs.
Crèvecœur, Voyage dans la Haute Pensylvanie,t. 3, 1801, p. 232. Rem. Ac. 1835 note : ,,Le mot de Pharmacie est aujourd'hui plus usité.`` Ne désigne plus guère que la ,,pharmacie d'un couvent`` (cf. Lar. encyclop., Quillet 1965). − Au fig., péj. : 2. L'espion, substantif énergique sous lequel se confondent toutes les nuances qui distinguent les gens de police, car le public n'a jamais voulu spécifier dans la langue les divers caractères de ceux qui se mêlent de cette apothicairerie nécessaire aux gouvernements, l'espion a donc ceci de magnifique et de curieux, qu'il ne se fâche jamais...
Balzac, Une Ténébreuse affaire,1841, p. 130. B.− Art de l'apothicaire : 3. Je me suis lancée dans la médecine, ou pour parler plus humblement, dans l'apothicairerie.
G. Sand, Correspondance,t. 1, 1812-76, p. 22. PRONONC. − Dernière transcription ds DG : ,,à-pò-ti-kèr-ri; en vers, -kè-re-ri``. Fér. 1768, Fér. Crit. t. 1 1787, Gattel 1841, Nod. 1884 et Littré transcrivent : -re-rie; Land. 1834 et Fél. 1851 : -r-ri. Fér. 1768 et Fér. Crit. t. 1 1787 précisent que la 4eet la 6esyllabes sont longues (pour une durée longue sur le i de la dernière syllabe, cf. aussi Land. 1834 et Gattel 1841; pour une durée longue sur la 4esyllabe, cf. aussi Fél. 1851 et Littré). ÉTYMOL. ET HIST. − 1. 1360 apothecarie « remède préparé ou fourni par le pharmacien » (Dépenses du Roi Jean en Angleterre, Comptes de l'argenterie, p. 254, Douët d'Arcq ds Gdf. : pour apothecarie prise de li pour maistre le Royer et Bertaut, qui estoient malades) − 1525 ds Gdf.; 1401 apothicairerie (Comptes de l'hôtel des Rois de France, p. 159 ds Gdf. Compl.) − 1505 ibid.; 2. 1353 apothiquairie « profession, art du pharmacien » (Ordonnance de Jean II le Bon sur la police des officines parisiennes citée par E. Guitard ds Rev. Hist. pharmacie, IX, 522 : Et avec ce jureront Apothicaires, que il feront loiaument le mestier de l'apothiquairie); 1545 apoticairerie (J. Bouchet, Epistres morales du Traverseur, II, 8 ds Hug. : Sans oublier l'Apoticairerie, Ou lon peut faire abuz et tromperie); av. 1593 apothicairerie (Amyot, Que les bestes brutes usent de la raison, 7, ibid.); 3. a) apr. 1350 apoticarie « lieu où l'on prépare ou vend les remèdes » (G. Le Muisit, Poésies I, 112, éd. Kervyn de Lettenhove ds T.-L. : S'on li [au médecin] promet argent, il vos visitera; A l'apoticarie connoistre vous fera); 1353 apothiquairie (Ordonnance de Jean II le Bon, loc. cit., 523); 1606 apotiquairerie (Trad. de Folengo, Merlin Coccaie, L. XXIII ds Hug.); 1611 apothicairerie (Cotgr.); qualifié de ,,peu usité`` de Ac. 1835 à 1878; b) spéc. 1680 apoticairerie (Rich. : Apoticairerie [...] Lieu du couvent, ou d'une maison de queque [sic] grand, où l'on met les drogues); 1690 apothicairerie (Fur.).
Dér. de apothicaire*; suff. -ie*, supplanté par -erie* (Nyrop t. 3 1936 § 394); au sens 3 a évincé par pharmacie*; pour les rapports entre les 2 mots, voir Guitard, loc. cit., p. 521. STAT. − Fréq. abs. littér. : 3. BBG. − Canada 1930. − Littré-Robin 1865. − Nysten 1824. |