Police de caractères:

Surligner les objets textuels
Colorer les objets :
 
 
 
 
 
 

Entrez une forme

options d'affichagecatégorie :
APOSTROPHE1, subst. fém.
A.− RHÉT. Procédé oratoire consistant à interpeller vivement et par surprise une personne (présente ou absente) ou une chose personnifiée :
1. Ô puissance de l'apostrophe! C'est, comme vous savez, une figure au moyen de laquelle on a trouvé le secret de parler aux gens qui ne sont pas là, de lier conversation avec toute la nature, interroger au loin les morts et les vivants. Courier, Pamphlets pol.,lettres au rédacteur du « Censeur », 1819-20, p. 41.
2. Il s'y dépensa beaucoup d'esprit; on lança de brillantes apostrophes et de vives reparties. A. France, L'Île des pingouins,1908, p. 328.
3. Quelques instants plus tard, on vit arriver M. Thomas Young, accompagné lui-même d'un assistant muet qui, à ce qu'il parut bientôt, était un sténotypiste. Celui-ci tira sa machine de la boîte et, dès le début, commença d'enregistrer tout l'entretien, même les moindres répliques, même, autant qu'il y parût, les interjections, les apostrophes, les onomatopées, peut-être les soupirs. Duhamel, Chronique des Pasquier,La Passion de J. Pasquier, 1945, p. 165.
B.− P. ext.
1. Interpellation vive et volontairement désagréable adressée à quelqu'un :
4. − Hé! L'amateur aux gants blancs, un peu d'aide par ici. On vous fera place ... Je marchai d'un autre côté, vivement blessé de cette insolente et familière apostrophe. Tœpffer, Nouvelles genevoises,1839, p. 277.
5. En fait de poésies anciennes, il ne lisait guère que Villon, dont les mélancoliques ballades le touchaient et, çà et là, quelques morceaux de d'Aubigné qui lui fouettaient le sang avec les incroyables virulences de leurs apostrophes et de leurs anathèmes. Huysmans, À rebours,1884, p. 191.
6. Et lui dire ainsi pour la « vexer » des choses désagréables, c'est ce qu'il appelait « lui jeter un pépin, lui lancer une apostrophe, lui envoyer un calembour ». Proust, Le Temps retrouvé,1922, p. 748.
SYNT. Lancer, essuyer une apostrophe; dure, vigoureuse apostrophe.
Rem. Accept. fam. ds Ac. 1835-1932, Guérin 1892 et Quillet 1965.
2. Vx, fam. Soufflet, coup de poing ou de bâton :
7. Apostrophe, pour soufflet. Coup de poing sur le visage. J.-F. Rolland, Dict. du mauvais lang.,1813, p. 9.
Rem. ,,Dans le style comique`` (Besch. 1845); ,,familièrement et par plaisanterie`` (Lar. 19eet Nouv. Lar. ill.); ,,familièrement`` (Littré); seul Rob. enregistre un sens ,,pop.`` : « paquet ».
C.− GRAMM. Fonction grammaticale du mot qui désigne la personne ou la chose personnifiée à qui l'on s'adresse. Mot en apostrophe, mot mis en apostrophe.
ÉTYMOL. ET HIST. − 1. 1520 figure de rhét. par laquelle l'orateur adresse soudainement la parole à qqn ou à qqc. (Fabri, Rhet. ds Gdf. Compl. : Par interrogation, par apostrophe); d'où 1738 p. ext. « vive interpellation adressée à qqn » (Piron, Métrom. v. 4 ds DG : Vous méritez cette apostrophe-là); 2. 1704 « gifle » (Regnard, Folies amour. sc. 11 ds Littré : A ces cris redoublés et dont je riais fort, J'accours et je vous vois étendu sur la place Avec une apostrophe au milieu de la face). Empr. au lat. apostropha au sens 1 (Quintilien, Inst., 4, 1, 69 ds TLL s.v., 254, 59); cf. ive-ves. Martianus Capella, 5, 523, ibid., 254, 58 (cf. gr. α ̓ π ο σ τ ρ ο φ η ́ « action de se détourner » [en direction de l'interpellé] terme de rhét., Hermogène, [iies.], π. ι ́ δ. p. 72 ds Bailly).
BBG. − Bach.-Dez. 1882. − Bouillet 1859. − Dagn. 1965. − Dem. 1802. − Gramm. t. 1 1789. − Le Roux 1752. − Mar. Lex. 1933. − Mar. Lex. 1961 [1951]. − Morier 1961. − Noter-Léc. 1912. − Pierreh. 1926. − Spr. 1967. − Springh. 1962.