| APOSTAT, ATE, adj. et subst. masc. I.− Adj. Qui a abandonné publiquement sa religion, notamment la religion ou une confession chrétienne, ou renoncé à des vœux monastiques : 1. Montrez-nous, avant ce moine apostat [Luther], une société où l'on professât votre doctrine?
Lamennais, Essai sur l'indifférence en matière de relig., t. 1, 1817-23, p. 156. 2. Je ne conserve pas de copie de toutes mes lettres. J'aurais parlé rudement de Léon XIII, que je n'aime guère, il est vrai. J'aurais rappelé le Nolite à propos des entreprises de ce pontife en faveur de la République Française, athée, renégate, apostate, sacrilège, parricide, infanticide et concordataire et à propos de la démocratisation du clergé, choses qui ne peuvent être justifiées par aucun texte.
Bloy, Journal,1900, p. 44. 3. La croix est, pour le chrétien, le plus haut symbole de l'idée de sacrifice et de rédemption : nous honorons sa conviction. Mais, pour l'israélite, la croix est le rappel lugubre de sanglantes persécutions; un juif apostat, qui s'agenouille devant elle, ne peut inspirer qu'aversion ou tristesse à ses coreligionnaires, si exempts soient-ils de tout fanatisme.
Weill, Le Judaïsme,1931, p. 215. − P. anal. Qui trahit une cause, un parti, etc. : 4. Ces étranges républicains, ces républicains apostats, tenaient un compte très exact de toutes leurs données, sauf une, sauf la principale, celle qui avait été la condition de leur arrivée au pouvoir et qui restait maîtresse de leur départ éventuel. Comme il s'agissait d'eux, la démocratie cesserait d'être versatile...
Maurras, Kiel et Tanger,1914, p. 37. II.− Subst. masc. Celui qui fait acte d'apostasie : 5. Et quand il aura prêché la terre pendant deux ans plus cent quatre-vingt-trois jours, qu'il aura bien persécuté les fidèles devenus des apostats ou des martyrs, qu'il aura ruiné les saints lieux, ouvert tous les cachots, égorgé tous les prêtres, accaparé les multitudes, et qu'il possédera des royaumes, des armées, des prosélytes, des trésors, le ciel enverra à la fois le prophète Élie avec le prophète Énoch...
Flaubert, La Tentation de st Antoine,1849, p. 491. − P. anal. Celui qui trahit une cause, un parti, abandonne une opinion : 6. Les apostats de toutes les opinions accourent en foule, n'ayant conservé de leurs doctrines passées que l'habitude des moyens coupables.
Constant, De l'Esprit de conquête,1813, p. 257. PRONONC. ET ORTH. : [apɔsta], fém. [-at]. Pt Lar. 1906 précise que le fém. est peu usité. Rob., Lar. encyclop. et Quillet 1965 ne mentionnent pas le féminin. ÉTYMOL. ET HIST. − 1265 adj. « qui a abandonné son ordre religieux, renié ses vœux » (Statuts d'Hôtels-Dieu, 103, [Le Grand] ds Quem. : Cil qui y demeurent oultre un an [en la Meson Dieu, le Conte], Il s'obligent aus veus sollempnés de religion, ne plus il n'en pueent yssir, qu'il ne fussent apostas et reniez de notre rigle); 1274 id. (Chron. de S. Denis, ms. Ste-Gen. fo190ads Gdf. : Un moine apostate, c'est a dire renoié de la foi); av. 1539 subst. « qui a renié Dieu » (Gringore, 1, 14 : Par orgueil il fut le premier apostat); d'où fig. xvies. « qui renonce qui abandonne » (Ronsard, 571 ds Littré : Je quitte, apostat des amours, La soulde, le camp et les armes).
Empr. au lat. eccl. apostata « id. » adj. (Tertulien, Pudic., 8 ds TLL s.v., 252, 75); subst. (Id., op. cit., 9, ibid., 252, 60); empr. au gr. α
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ς « qui fait défection » d'où l'emploi du gr. eccl., Gr. de Nazianze, 2, 537, Migne ds Bailly. STAT. − Fréq. abs. littér. : 103. BBG. − Archéol. chrét. 1909. − Bible 1912. − Foi t. 1 1968. − St-Edme t. 1 1824. |