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APOSTASIE, subst. fém.
A.− RELIG. Renonciation publique à une confession, plus particulièrement abandon de la foi (chrétienne) :
1. L'apostasie de perfidie ou de la foi est celle dont un fidèle se rend coupable en quittant la religion catholique. (...). L'apostasie de désobéissance avait lieu lorsqu'on méprisait l'autorité du souverain pontife ou des canons. St-Edme t. 1 1824, s.v. apostat.
2. [L'abbé] se maria pour avoir la paix. Et qu'on ne l'accuse pas d'apostasie! Marquis de Fongeray, Les Soirées de Neuilly,t. 1, 1827, p. 6.
3. Son souci [de J.-J. Rousseau] évident est de se justifier de ces successives apostasies que lui reprochaient, vers 1765, ses anciens amis, les encyclopédistes. « Cet homme faux est hypocrite et méchant, prononce Diderot : toutes ses apostasies du protestantisme au catholicisme, et du catholicisme au protestantisme, sans rien croire, ne le prouvent que trop. » Guéhenno, Jean-Jacques,En marge des « Confessions », 1948, p. 40.
Par personnification :
4. ... il [Luther] croyait ouïr, la nuit, des noisettes se heurter dans un sac, et entendre un grand bruit sur les marches d'un escalier que fermaient des chaînes et une porte de fer : c'était l'Apostasie qui revenait. Chateaubriand, Essai sur la litt. angl.,t. 1, 1836, p. 147.
[Pour un prêtre ou un religieux] Renonciation à ses vœux (et accessoirement aux particularités de son état, comme le port de l'habit, etc.). ,,L'apostasie d'irrégularité ou de religion se commettait par un religieux, lorsqu'après avoir fait des vœux dans un ordre approuvé, il quitta l'habit et la vie religieuse; il se trouvait excommunié par ce fait seul; ...`` (St-Edme t. 1 1824, s.v. apostat) :
5. ... c'était mon ancien maître, le Père Joursanvault. Une méchante veste avait remplacé sa soutane (...). Son visage suait la haine et l'apostasie. A. France, L'Étui de nacre,Mémoires d'un volontaire, 1892, p. 221.
B.− P. anal. Trahison, reniement, abandon d'une doctrine, d'un parti, etc. :
6. Car, pour Charles, toutes les autres trahisons de conscience, tous les reniements de foi politique et religieuse n'étaient que des peccadilles auprès de l'apostasie littéraire. − Il mériterait... il mériterait de lire tous les gens qu'il loue! ... E. et J. de Goncourt, Charles Demailly,1860, p. 238.
Rare. Apostasie à qqc.Renonciation, par reniement, à quelque chose :
7. Son génie [de Béranger], éminemment plébéien d'accent, quoique aristocratique d'élégance, était républicain comme son âme. L'Empire aurait dû le soulever comme la grande apostasie de l'armée à la République. Lamartine, Nouvelles Confidences,1851, p. 313.
PRONONC. : [apostazi]. Passy 1914 note une durée mi-longue pour la 3esyllabe du mot. Pour Fér. 1768 et Fér. Crit. t. 1 1787, la 4eest longue (cf. aussi Land. 1834 et Gattel 1841).
ÉTYMOL. ET HIST. − 1. Ca 1250 relig. « abandon public d'un état religieux » (Statuts d'Hôtels-Dieu, 93, [Le Grand] ds Quem. : S'aucuns estoit ordeneis en apostasie, jamais a nul jour n'en porroit user de cele ordene, s'il n'estoit dispenseis de l'auctorité l'apostole); 2. ca 1389 « abandon public de sa religion » (Maiz., Songe du vieil pel., III, 125, Ars. 2683 ds Gdf. Compl. : L'apostasie de Julien); 3. 1636 (Monet, Invantaire des deux langues françoise et latine : Apostasie, desertion d'Ordre Religieus); 4. p. ext. 1687 « abandon, d'un devoir, d'un principe, d'une doctrine, d'un parti » (Fénelon, De l'Education des filles, c, 8 ds Dict. hist. Ac. fr. : Rappeler le monde malgré des promesses solennelles faites à Dieu, c'est tomber dans une espèce d'apostasie). Empr. au lat. apostasia « action de se détourner de Dieu, de renier Dieu », Irénée, 1, 3, 3 ds TLL s.v., 252, 50 : hanc... passionem... significari dicunt par apostasian Iudae; lui-même empr. au gr. α ̓ π ο σ τ α σ ι ́ α au sens 4 dep. Denys d'Halicarnasse, 7, 1 ds Bailly d'où Actes des Apôtres, 21, 21 et II Thess. II, 3 au sens 1.
STAT. − Fréq. abs. littér. : 84.
BBG. − Archéol. chrét. 1924. − Bach.-Dez. 1882. − Bible 1912. − Bouillet 1859. − Bouyer 1963. − Foi t. 1 1968. − Lavedan 1964. − Marcel 1938. − Pol. 1868. − Ritter (E.). Les Quatre dict. fr. Rem. lexicogr. B. de l'Inst. nat. genevois. 1905, t. 36, p. 349. − St-Edme t. 1 1824. − Théol. Cath. t. 1, 2 1909.