| APOLLON, subst. masc. I.− Nom du dieu antique de la divination, de la poésie et de la musique, identifié avec le soleil. − P. méton. Statue de l'époque classique de la sculpture antique représentant ce dieu tel un personnage imberbe, aux membres délicats et toujours jeune comme le soleil. Un apollon. II.− P. ext. Homme jeune d'une beauté idéale, rappelant celle des représentations plastiques du dieu : 1. Les Grecs d'autrefois adoraient la beauté; c'est le seul de leurs dieux qui n'ait jamais eu d'athées. Les Grecques d'aujourd'hui, malgré la décadence, savent encore distinguer un Apollon d'un magot.
About, Le Roi des montagnes,1857, p. 38. Rem. 1. Except., Apollon est considéré comme dieu de tous les arts, y compris les plus intellectuels, et son nom peut alors servir à désigner l'artiste de type apollinien (cf. ce mot, sous B) : 2. Je sentais que ce maître de ses moyens [Léonard de Vinci], ce possesseur du dessin, des images, du calcul, avait trouvé l'attitude centrale à partir de laquelle les entreprises de la connaissance et les opérations de l'art sont également possibles; les échanges heureux entre l'analyse et les actes, singulièrement probables; pensée merveilleusement excitante. Mais pensée trop immédiate, − pensée sans valeur, − pensée infiniment répandue, − et pensée bonne pour parler et non pour écrire. Cet Apollon me ravissait au plus haut degré de moi-même.
Valéry, Variété 1,1924, p. 182. Rem. 2. Dans le domaine de l'habill., le mot a désigné une robe de chambre très courte; dans celui de la mus., une espèce de théorbe à vingt cordes (sens attestés ds Ac. Compl. 1842, Besch. 1845 et Lar. 19e). Rem. 3. En entomol., un homogr. désigne un grand papillon de jour, remarquable par ses couleurs éclatantes, que l'on rencontre dans les régions montagneuses de l'Europe et de l'Asie. (Attesté ds la plupart des dict. gén.). PRONONC. ET ORTH. : [apɔlɔ
̃] ou [-ll-]. Barbeau-Rodhe 1930 et Warn. 1968 transcrivent le mot avec [ll] géminées. Dub. et Pt Rob. avec [l] simple (pour la prononc. par [ll] dans les mots gr. ou lat., cf. Fouché Prononc. 1959, pp. 307-308). Les dict. de prononc. de la fin du xviiies. et du xixes. transcrivent tous [ll]. Fér. 1768 précise à ce sujet : ,,on prononce les 2ll; mais sans les mouiller``. Land. 1834 enregistre comme vedette : Apollo (transcription : ɑ-pol-lô) ou Apollon. Les dict. enregistrent le mot avec une majuscule sauf Dub. ÉTYMOL. ET HIST.
I.− 1. 1660-68 « génie inspiré par Apollon » (Boileau, Art poétique, IV, v. 131 ds Dict. hist. Ac. fr. : Mais je ne puis souffrir ces auteurs renommés, Qui, dégoûtés de gloire et d'argent affamés, Mettent leur Apollon aux gages d'un libraire); 2. 1842-43 « homme remarquable par sa beauté et l'élégance de sa taille » (E. Sue, Les Mystères de Paris, t. 2, p. 275 : ... [le penchant amoureux que j'entretiens en elle par] mes louanges à l'égard de cet Apollon sans cervelle [= pour ce bellâtre]).
II.− 1800 entomol. (Boiste : Apollon); cf. 1866 (Lar. 19e).
I par antonomase, du nom du dieu du Parnasse, Apollon, fils de Jupiter et de Latone, et frère de Diane; II du lat. sc. (Parnassius) Apollo nom donné d'après le même procédé par Linné à ce papillon. Les dict. classent ce sens aussi bien sous la vedette Apollon que sous celle de Parnasse, voir Boiste 1808. STAT. − Fréq. abs. littér. : 11. BBG. − Bach.-Dez. 1882. − Leloir 1961. − Moussat (É). Un peu d'étymol. Que deviennent les dieux morts? Déf. Lang. fr. 1965, no28, p. 12. |