| APHRODITE, subst. fém. I.− [P. allus. à Aphrodite, déesse grecque de l'Amour] Femme qui voue sa vie aux plaisirs de l'amour : 1. Le pire c'est que c'est assez rare et qu'il ne veut plus naître personne; un peu de sensualité les sauverait. Je vais faire venir des Aphrodites.
Gide, Correspondance[avec P. Valéry], 1896, p. 265. II.− ZOOL. Genre d'annélides polychètes au dos couvert de soies épaisses qui vit sur les fonds de vase ou de sable des côtes. Synon. pop. souris ou taupe de mer : 2. Dans l'Aphrodite hérissée, ce sont de petites crètes charnues, ressemblant un peu à celle du coq, placées au-dessus de chaque tubercule portant des épines. Il y en a une quarantaine de paires. Dans l'Aphrodite écailleuse, ce sont de petits faisceaux de filamens.
Cuvier, Leçons d'anat. comp.,t. 4, 1805, p. 436. Rem. Guérin 1892 donne le mot comme masculin. III.− MINÉR. Variété de magnésite ou « écume de mer », minéral voisin de la sépiolite (s'écrit aussi afrodite), avec lequel on fait des pipes très estimées. Rem. On rencontre dans la docum. le néol. aphrodisme, subst. masc., du rad. de aphrodite, suff. -isme*. Abus des plaisirs de l'amour. Synon. usuel érotisme : ,,Saint-Meen, le macabre de l'aphrodisme, un sadique, il a fait une apologie du viol en treize chants.`` (Péladan, Le Vice suprême, 1884, p. 190). PRONONC. : [afʀ
ɔdit]. ÉTYMOL. ET HIST.
A.− 1771 Antiq. (Trév. : Aphrodite [...] C'étoit aussi le nom d'une danse chez les anciens, dans laquelle on représentoit Vénus); 1838 (Ac. Compl. 1842 : Aphrodite [...] Espèce de pantomime en usage chez les Grecs, selon l'Encyclopédie) − 1892, Guérin.
B.− 1768 d'apr. éd. 1775 zool. (J.-C. Valmont de Bomare, Dict. raisonné universel d'hist. naturelle, Paris, Brunet, t. 1 : Aphrodite. Espèce de chenille de mer qui se trouve dans les mers d'Occident).
C.− 1866 minér. (Lar. 19e).
D.− 1896 « femme qui, comme Aphrodite, voue sa vie aux plaisirs de l'amour », supra ex. 1.
A empr. au gr. Α
φ
ρ
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δ
ι
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τ
η « nom de la déesse de l'amour » (lat. Venus) que l'étymol. pop. fait dériver de α
̓
φ
ρ
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́
ς « écume » (P. Chantraine, Dict. étymologique de la lang. gr., Paris, Klincksieck. p. 148) parce que Aphrodite était selon la légende sortie de l'écume des eaux; B lat. sc. Aphrodita appellation donnée par Linné, Syst. Nat., 1735 (d'apr. Agassiz, Nomenclator zoologicus, 1842-46, Vermes s.v.), en raison de la beauté de ces annélides munis de ,,faisceaux de soies flexueuses qui naissent de [leurs] côtés et brillent de l'éclat de tout l'or`` (Privat-Foc. 1870); C (cf. A) p. anal. de couleur, de légèreté, avec l'écume de mer; D par synecdoque à partir du nom de la danse grecque. STAT. − Fréq. abs. littér. : Aphrodite. 6. Aphrodisme. 1. BBG. − Bouillet 1859. − Duval 1959. − Lavedan 1964. − Littré-Robin 1865. − Masson 1970. − Méd. Biol. t. 1 1970. − Privat-Foc. 1870. |