| APHRODISIAQUE, adj. et subst. masc. I.− Adjectif A.− RELIG. ANTIQUE, vx. Qui a rapport à Aphrodite, déesse de l'amour physique : 1. Était-ce celui qui conduisait la pompe sacrée ou qui portait quelque simulacre saint ou quelque symbole du culte aphrodisiaque?
Val. Parisot(Lar. 19e,1866). Rem. Mentionné ds Guérin 1892, Nouv. Lar. ill. et Rob. B.− Usuel 1. Qui tend à exciter l'appétit sexuel. a) [En parlant de choses] Durion, potion, préparation aphrodisiaque : 2. Peu à peu, il [l'abbé Beccarelli] versa dans les offices à rebours où il distribuait aux assistants des pastilles aphrodisiaques qui présentaient cette particularité qu'après les avoir avalées, les hommes se croyaient changés en femmes et les femmes en hommes.
Huysmans, Là-bas,t. 1, 1891, p. 102. b) Péj. [En parlant d'une pers., d'une partie ou d'un aspect de son être] :
3. Une bien vilaine et repoussante créature que cette princesse Troubetzkoï, avec son visage kalmouk, l'hébétement chinois de sa figure, le dandinement de poussah de toute sa personne, l'air stupide et aphrodisiaque de son être mal dégrossi dans une matière brute. Dans sa toilette parisienne, elle apparaît comme une idole de pays sauvage, à laquelle une modiste de la capitale se serait amusée à accrocher ironiquement les fanfioles de son magasin. Outrageusement décolletée, ses seins aux boutons dépassant le corset ont la flaccidité et le reploiement mou de crêpes posées sur des coupes.
E. et J. de Goncourt, Journal,1877, p. 1175. 2. P. ext. [Constr. avec un subst. abstr.] Qui concerne. les relations sexuelles : 4. Cette quatorzième rue, qui traverse horizontalement Manhattan dans sa partie la plus large, est comme un sous-Broadway, rue populaire, pleine de music-halls vulgaires, de bals où l'on choisit sa partenaire parmi les girls de l'établissement et où l'on paie à la danse, de cinémas abreuvant un public grossier d'aventures aphrodisiaques ou, comme l'on dit en Amérique depuis deux ou trois ans : avec énormément de sexe.
Morand, New-York,1930, p. 132. 5. Dans la maison des chauves, on ne parle pas de perruque. C'est le malentendu qui crée ces vides gênants de l'entretien, ces brusques réticences au bord du précipice; une censure latente s'exerce, multipliant les rubriques interdites et les tabous religieux, politiques ou sexuels. Le malentendu aphrodisiaque notamment est le malentendu par excellence, lui le mystère connu de toute la ville, mais dont on convient de ne jamais parler à la table de famille.
Jankélévitch, Le Je-ne-sais-quoi et le presque-rien,1957, p. 171. II.− Subst. masc. Un aphrodisiaque. Substance alimentaire ou médicamenteuse propre à stimuler l'appétit sexuel : 6. ... le sujet qui existe trop tôt n'existe jamais pleinement. Si surtout il se presse d'user de sa jouissance, s'il s'y livre avec trop peu de ménagement, il n'a bientôt plus qu'une vie languissante et faible; en vain cherche-t-il des ressources dans des aphrodisiaques, souvent illusoires, et toujours dangereux, il ne fait qu'empirer son mal.
Laclos, De l'Éducation des femmes,1803, p. 437. Rem. On rencontre dans la docum. le néol aphrodisiaquement adv. (suff. -ment2*). De manière aphrodisiaque. ,,Cette femme qui se débattait contre le sommeil et qui avait des yeux gris clair sur lesquels battaient des cils couleur de guêpe, avec sa blancheur sensuelle et cochonne, sa chair aphrodisiaquement lymphatique était cent fois plus tentante qu'une jeune et jolie Anglaise assise à côté d'elle.`` (E. et J. de Goncourt, Journal, 1882, p. 187). PRONONC. : [afʀ
ɔdizjak]. ÉTYMOL. ET HIST.
I.− Adj. 1. 1742 méd. (Encyclop. Méth., Chimie, pharm. et métall., t. 2 : Aphrodisiaques [...] Les raisons qui ont été exposées dans ces articles, ne permettent pas de donner ici la notice des diverses compositions aphrodisiaques, proposées par les auteurs de formules ou de recettes); 2. av. 1861 « qui a rapport à Aphrodite, déesse de l'amour » (Valentin Parisot [1800-1861] ds Lar. 19e, supra).
II.− Subst. 1811 méd. (Mozin-Biber).
Empr. au gr. α
̓
φ
ρ
ο
δ
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σ
ι
α
κ
ο
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ς « qui concerne les plaisirs de l'amour » (Diodore de Sicile, 2, 23 ds Bailly). STAT. − Fréq. abs. littér. : Aphrodisiaque. 30. Aphrodisiaquement. 1. BBG. − Bastin 1970. − Bertr.-Lapie 1970. − Bouillet 1859. − Duval 1959. − Garnier-Del. 1961 [1958]. − Lar. méd. 1970. − Littré-Robin 1865. − Méd. 1966. − Méd. Biol. t. 1 1970. − Noter-Léc. 1912. − Nysten 1824. − Piéron 1963. − Sexol. 1970. |