| ANTÉCÉDENT, ENTE, adj. et subst. masc. I.− Adj., didact. Qui précède (le plus souvent immédiatement) dans le temps; qui est antérieur. Synon. précédent, antérieur. Anton. conséquent, subséquent : 1. Si le nom est imposé par une assemblée; s'il est établi par une délibération antécédente, en sorte qu'il précède la chose (...) s'il est tiré d'une langue étrangère, et surtout d'une langue antique, tous les caractères de nullité se trouvent réunis, et l'on peut être sûr que le nom et la chose disparaîtront en très peu de temps.
J. de Maistre, Des Constitutions pol. et des autres institutions hum.,1810, p. 99. 2. ...il s'agirait d'établir que dans toute la littérature française antécédente il existait un européisme à la fois inconscient et allant de soi, et sans doute inconscient parce qu'il allait de soi précisément.
Du Bos, Journal,1926, p. 9. − P. ext. Qui est dû à ce qui précède : 3. On est porté, une fois la liberté admise, à chercher en elle l'unique ressort de l'action humaine, comme s'il fallait ou la repousser absolument ou l'affirmer exclusivement. − Mais pas plus qu'il ne faut la nier au nom du déterminisme antécédent, il ne faut nier, en son nom, le déterminisme consécutif à l'action.
Blondel, L'Action,1893, p. 425. − GÉOL. [En parlant d'un cours d'eau] Qui présente un phénomène d'antécédence*. − THÉOLOGIE ♦ Ignorance antécédente. ,,Qui précède l'acte voulu dont elle est la cause involontaire...`` (Théol. cath. t. 1, 2 1909). Anton. conséquent. ♦ Volonté antécédente de Dieu. Qui est voulu par Dieu, indépendamment des mérites de chacun : 4. Il y a en Dieu la volonté antécédente de sauver tous les hommes, mais la perversité des hommes le force à ne pas l'accomplir à l'égard de tous.
Besch.1845. II.− Subst. masc. A.− Sing. Fait ou phénomène antérieur à un autre : 5. ...si un antécédent A a produit une fois un conséquent B, un antécédent A' peu différent de A, produira un conséquent B' peu différent de B.
H. Poincaré, La Valeur de la science,1905, p. 258. 6. On ne nous dit pas que le primitif, voyant le vent courber un arbre, la vague rouler des galets, son pied même soulever de la poussière, fasse intervenir autre chose que ce que nous appelons la causalité mécanique. La relation constante entre l'antécédent et le conséquent, qu'il perçoit l'un et l'autre, ne peut pas être sans le frapper : elle lui suffit ici, et nous ne voyons pas qu'il y superpose, encore moins qu'il y substitue, une causalité « mystique ».
Bergson, Les Deux sources de la mor. et de la relig.,1932, p. 150. 1. GRAMM. ,,Terme destiné à préparer grammaticalement l'énoncé d'un autre terme, dit conséquent : tel est antécédent de que dans : tel que vous me voyez.`` (Mar. Lex. 1951) : 7. Pour moi je présume que c'est l'invention des prépositions qui a conduit à celle de la conjonction que. Il me paraît que ce mot conjonctif est une véritable préposition, à la seule différence près que son antécédent et son conséquent sont toujours une proposition toute entière, au lieu d'être simplement des parties de proposition. Des hommes accoutumés à dire, le livre de Pierre, ou je vais à Paris, ayant à dire, je vois, vous êtes-là, ont dû facilement imaginer de dire, je vois que vous êtes-là, pour marquer la liaison de vous êtes-là avec je vois.
Destutt de Tracy, Éléments d'idéologie,Grammaire, 1803, p. 148. − En partic. Tout terme ou proposition auxquels le pronom relatif se substitue dans la formation d'une proposition relative. 2. ÉPISTÉMOLOGIE. ,,Ce qui précède le phénomène ou le fait considérés.`` (Foulq.-St-Jean 1962 et Lal. 1968). Rem. ,,On parle surtout de l'antécédent constant (cette constance permettant de formuler une loi et étant le signe d'un rapport essentiel ou causal)`` (Ibid.) mais aussi d'antécédent immédiat ou invariable : 8. ...elles [les régularités dans la manière dont mes sensations se succèdent] expliquent comment quand l'antécédent d'un couple de phénomènes dont j'ai expérimenté la constance m'est donné, je tends à attendre le conséquent.
Durkheim, Les Formes élémentaires de la vie religieuse,1912, p. 630. 3. LOG. ,,La proposition ou les propositions (dans le syll[ogisme], la majeure et la mineure) d'où (...) résulte le conséquent ou conclusion. Principalement dans l'énonciation conditionnelle, la proposition qui formule condition.`` (Foulq.-St-Jean 1962). Cf. enthymène.Anton. conséquent. 4. MATH. Les premiers termes de chacun des rapports d'une proposition ou d'une progression, par opposition aux seconds termes qui sont dits conséquents. 5. MUS. Dans le canon simple, ,,le thème proposé par la première voix`` (M. Brenet, Dict. pratique et hist. de la mus., 1926). Synon. guide, proposition. Anton. conséquent, résolution : 9. L'imitation est un artifice musical; elle a lieu lorsqu'une partie, qu'on nomme Antécédent, propose un sujet, ou chant, et qu'une autre partie, qu'on appelle Conséquent, répète le même chant, après quelques silences, et à un intervalle quelconque, en continuant ainsi jusqu'à la fin.
Chérubini, Cours de contrepoint et de fugue,1835, p. 66. B.− Gén. au plur. Les antécédents de qqn ou de qqc. 1. [En parlant de pers.] Les antécédents de qqn. Ses ancêtres, ses parents : 10. La touchante légende, si dignement immortalisée par Dante, sur l'heureuse intercession d'un saint pape envers Trajan, suffirait pour indiquer combien les nobles âmes catholiques regrettaient que leur aveugle doctrine les empêchât d'honorer leurs meilleurs ancêtres. Mais le respect général des antécédents grecs et romains fut développé chez tous les chefs temporels, malgré leur fréquente ignorance.
Comte, Catéchisme positiviste,1852, p. 363. 2. [En parlant de faits] a) Les antécédents de qqn. Les faits principaux de sa vie passée (en relation avec un aspect de sa vie actuelle) : 11. ...Provins ne devait pas moins être funeste à Pierrette que les antécédents commerciaux de ses cousins.
Balzac, Pierrette,1840, p. 28. 12. ...le crime était présenté sous les couleurs les plus vives; les antécédents du prévenu, sa transfiguration, la filiation de ses actes depuis un âge assez tendre étaient déduits avec le talent que la pratique de la vie et la connaissance du cœur humain pouvaient fournir à un esprit aussi élevé que celui du procureur du roi.
A. Dumas Père, Le Comte de Monte-Cristo,t. 2, 1846, p. 671. − MÉD. PATHOL. Affections antérieures à la maladie actuellement considérée : 13. « Un ypérité ne fait un tuberculeux que s'il a présenté des symptômes antérieurement à l'absorption des gaz... Or », ajouta-t-il, en se redressant, « vous avez la chance de n'avoir aucun antécédent pathologique du côté respiratoire! »
R. Martin du Gard, Les Thibault,Épilogue, 1940, p. 888. Rem. Ds l'ex. 13, antécédent est au singulier. − PSYCH. ,,Événements soit individuels, soit héréditaires, qui peuvent expliquer certaines anomalies psychiques d'un sujet considéré.`` (Lal. 1968). Synon. précédent, origine, prodrome : 14. Si tu m'interromps toujours, je ne pourrai pas te faire comprendre ce que j'ai voulu peindre. Ce Poutillard est le fils de petits gens à la solde d'une famille noble, pendant le Second Empire. Mais ça, c'est sans importance. J'en parle parce qu'il faut toujours donner les antécédents héréditaires, comme en médecine, tu comprends bien?
Duhamel, Chronique des Pasquier,Cécile parmi nous, 1938, p. 98. b) Les antécédents de qqc. Ce qui a précédé cette chose, ce qui en est l'origine : 15. ...la langue éminemment savante (logos) a été de toute éternité dans l'entendement divin et révélée dans le temps à la créature humaine : ces antécédents pris dans un ordre surnaturel ne touchent en rien la vraie question psychologique de l'origine du langage, qui ne remonte ni plus ni moins haut que la faculté purement réceptive (si l'on veut) d'entendre ce premier logos ou de le répéter en y attachant un sens, ...
Maine de Biran, Journal,1818, p. 192. PRONONC. : [ɑ
̃tesedɑ
̃], fém. [-ɑ
̃:t]. Passy 1914 note la 1resyllabe mi-longue : [ɑ
̃
ˑ-]. Harrap's 1963 note la 3esyllabe de ce mot et des mots de la famille avec [ε] : ɑ
̃tesεdɑ
̃. Enq. : /ɑ
̃tesedɑ
̃/. ÉTYMOL. ET HIST.
A.− Adj. xives. antecedens « qui précède » (Brun de Long Borc, Cyrurgie, fo65dds Gdf. Compl. : Cause antecedens); 1532 antecedent (Rabelais, Pantagruel, V, Prologue ds Dict. hist. Ac. fr. t. 3, p. 275a); utilisé dans les domaines jur. 1690 (Fur.) et théol. 1694 (Ac.).
B.− Subst. masc. 1. 1370 « premier terme d'un rapport » (Oresme, Eth., 69 ds Gdf. Compl. : Il a reduit soy meisme a l'antecedent); se spécialise dans le domaine log. 1690 (Fur.) et math. 1718 (Ac.); 2. 1694 gramm. (Ac. : Antecedent [...] Se dit des noms et pronoms quand ils precedent et regissent le Relatif qui); 3. 1789 « fait passé qu'on rappelle à propos d'un fait actuel » (Mirabeau, Discours, 15 juin ds Dict. hist. Ac. fr. t. 3, p. 275a : obligé de tenir compte des antécédents, des difficultés, des obstacles).
Empr. au lat. antecedens, part. prés. adjectivé et substantivé de antecedere (antécéder*); adj., philos., Cicéron, Top., 43 ds TLL s.v., 143, 33; subst., Id., Top., 11, ibid., 143, 63; à rapprocher de I (cont. méd.) 1252, Brunus Longoburgensis medicus, Chirurg., 2, 5, 1, p. 122Fds Mittellat. W. s.v., 690, 66; II 1 log., fin xie-xiies., Conradus, magister Hirsaugiensis, Dial., 188, ibid., 691, 8; II 3 gramm. seulement en lat. médiév. 1284, ms. Orléans M 252 ds Thurot, Extraits de divers mss latins pour servir à l'hist. des doctrines gramm. au Moyen-Age, p. 358. STAT. − Fréq. abs. littér. : 329. Fréq. rel. littér. : xixes. : a) 543, b) 301; xxes. : a) 763, b) 314. BBG. − Bach.-Dez. 1882. − Baulig 1956. − Bouillet 1859. − Bruant 1901. − Candé 1961. − Dagn. 1965. − Foi t. 1 1968. − Foulq.-St-Jean 1962. − Franck 1875. − Goblot 1920. − Gramm. t. 1 1789. − Guizot 1864. − Lacr. 1963. − Laf. 1878. − Lafon 1969. − Lal. 1968. − Lav. Diffic. 1846. − Littré-Robin 1865. − Mar. Lex. 1933. − Mar. Lex. 1961 [1951]. − Méd. Biol. t. 1 1970. − Noter-Léc. 1912. − Rey-Cottez 1970, t. 38, p. 352. − Rougnon 1935, p. 153. − Springh. 1962. |