| ANTI(-)RELIGIEUX, EUSE,(ANTI RELIGIEUX, ANTI-RELIGIEUX) adj. Hostile à la religion établie, ou à toute religion. [En parlant d'une pers. ou d'une collectivité] :
1. Deux noms sur-tout effrayoient ceux qui combattoient le christianisme, Pascal et Bossuet. Il falloit donc les attaquer, et tâcher de détruire indirectement leur autorité. De là, l'édition de Pascal avec des notes, et l'Essai qu'on prétendoit opposer au Discours sur l'Histoire universelle. Mais jamais le parti anti-religieux, d'ailleurs trop habile, ne fit une telle faute, et n'apprêta un plus grand triomphe au christianisme.
Chateaubriand, Génie du Christianisme,t. 2, 1803, p. 94. 2. Quiconque n'aime pas Dieu a par cela seul une cause permanente d'aversion contre l'état social qui ne saurait se passer de Dieu. De là vient que les époques anti-religieuses produisent infailliblement des théories anti-sociales.
Lacordaire, Conf. de Notre-Dame,1848, p. 205. 3. Un citoyen de Nîmes est venu me voir. On parle de la campagne antireligieuse dans les provinces et du rôle épouvantable de Charbonnel, en train de devenir une sorte de potentat par les loges et agissant au moyen de son infâme journal jusque sur le ministère, avec une autorité qui n'a pas de nom.
Bloy, Journal,1904, p. 183. 4. Les communions étaient finies, n'est-ce-pas, et les hommes, à Fonteneilles, s'ils n'étaient pas antireligieux, ne se montraient plus guère aux offices après cette date-là, sauf à Pâques, à la Toussaint, aux jours d'enterrement, et quelquefois le 3 mai, jour de l'invention de la sainte-Croix, où le curé bénit les « croisettes » qui protègent les « héritages ».
R. Bazin, Le Blé qui lève,1907, p. 49. 5. Beaucoup de confusion dans les polémiques religieuses et antireligieuses vient de ce que l'on prend trop ordinairement pour expressions authentiques d'une religion les apparences qui s'en reflètent à travers la diversité des tempéraments et des conditions historiques.
Mounier, Traité du caractère,1946, p. 734. 6. ... en apparence la terre moderne est née d'un mouvement anti-religieux. L'homme se suffisant à lui-même. La raison se substituant à la croyance. Notre génération, et les deux précédentes n'ont guère entendu parler que de conflit entre foi et science.
Teilhard de Chardin, Le Phénomène humain,1955, p. 315. 7. L'ascétisme chrétien lui [Herbaud] répugnait. Il ignorait délibérément l'angoisse métaphysique. Antireligieux, anticlérical, il était aussi antinationaliste, antimilitariste; il avait horreur de toutes les mystiques.
S. de Beauvoir, Mémoires d'une jeune fille rangée,1958, p. 314. Rem. 1. À la différence d'irréligieux qui n'exprime que l'absence de pratique ou de sensibilité religieuse, antireligieux implique une idée d'hostilité consciente et systématique. 2. 1reattest. 1793, 26 nov. (Discours de Danton, Convention ds Frey 1925, p. 118 : ,,En thèse générale, il ne faut même plus admettre ces mascarades antireligieuses.``); dér. de religieux*, préf. anti-*. 3. Antireligion, subst. fém., attesté dans notre docum. comme néol. d'aut. avec le sens « vision de l'homme et du monde excluant la religion » : ,,M. Dastre disait, l'autre jour, en souriant, que la seconde crise métaphysique, celle de la cinquantaine, est de beaucoup la plus terrible. Il a probablement raison. Nous avons le temps de voir ça. La réaction est venue presque un an plus tard. Alors, l'antireligion à outrance, l'anticléricalisme aussi, surtout que l'affaire Dreyfus venait compliquer le tout.`` (G. Duhamel, Chronique des Pasquier, Vue de la Terre promise, 1934, p. 155). PRONONC. : [ɑ
̃tiʀ
əliʒjø], fém. [-jø:z]. Passy 1914 note une durée mi-longue pour la 1resyllabe du mot. Barbeau-Rodhe 1930 transcrit : ɑ
̃tirliʒjø. − Rem. Besch. 1845, s.v. antireligieux renvoie à irréligieux. STAT. − Fréq. abs. littér. : Antireligieux. 41. Antireligion. 1. BBG. − Dub. Pol. 1962, p. 147. |