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ANTI(-)PHYSIQUE,(ANTI PHYSIQUE, ANTI-PHYSIQUE) adj.
Contraire à la nature.
A.− PHYSIOL. Opposé aux tendances considérées comme normales chez l'homme; qui est contre nature. Goût, habitude, vice antiphysique :
1. « ... Au point de votre ligne de cœur qui porte la date approximative de la trentaine, une croix brise la saturnienne pleine d'îlots qui se retrouvant sur votre ligne de tête signifient les passions antiphysiques. L'ensemble ne permettant pas de supposer la tribadie, j'ai pris ce féminin au figuré et j'ai conclu à un prêtre, par la robe. » Péladan, Le Vice suprême,1884, p. 197.
2. Peut-être les gens qui concluent de la manière de dire : « non, j'ai préféré sa voisine, la fraisette » à un amour dit antiphysique, n'ont-ils pas besoin de tant de science. Proust, Sodome et Gomorrhe,1922, p. 967.
B.− Lang. littér.
1. [En parlant d'une pers. ou de traits de son caractère et de son comportement] Contraire ou opposé aux données psychologiques et morales de la nature humaine. Synon. anti-naturel :
3. Ils ne sont pas humains [les prêtres intolérants] (...), ils sont anti-physiques. Maupassant, Une Vie,1883, p. 189.
4. En s'attaquant à la synthèse classique de la nature et de l'esprit, M. Gide nous découvre le caractère anti-physique, anti-naturel de sa conception du monde. « L'application au réel (au réel total et la règle morale est au cœur du réel) est le premier précepte de l'esprit classique »; mais ce réalisme, ce naturalisme de notre tradition, ne l'irrite pas moins que ce qu'il y a de logique et de rationalisme en elle. Au fond, ce qui séduit M. Gide, ce n'est pas tant la psychologie que la métaphysique du moi; ... Massis, Jugements,t. 2, 1924, p. 60.
2. Qui rejette la nature en tant que réalité physique apte à éveiller la sensibilité ou les sentiments esthétiques de l'homme :
5. Pourquoi n'y a-t-il pas une image fausse dans les poètes du xviesiècle, − et peut-être pas une précise ou originale dans ceux du xviie? La rage de l'idée leur avait enlevé tout sentiment de la nature. Leur poétique était anti-physique. Flaubert, Correspondance,1865, p. 45.
Rem. Sur antiphysique ont été sporadiquement créés deux subst. abstraits. 1. Antiphysisme (rad. antiphys-, suff. -isme*), situation contraire aux tendances spontanées de la nature humaine : ,,J'ai deviné l'énigme et le sphinx féminin m'a léché les pieds; mais ce spectacle : la femme dominant l'homme, m'a toujours indigné comme un antiphysisme. (...) « Tu parlais d'antiphysisme, Mérodack, mais tu ne le voyais que dans les mœurs; il est dans les institutions et là pire. L'état de république est un état social antiphysique... »`` (Péladan, Le Vice suprême, 1884, p. 201 et 232). 2. Antiphysicisme (rad. antiphysic-, suff. isme*), philosophie qui centre son étude sur la connaissance de l'homme et non sur les lois physiques de la nature : ,,Il reste, (...) un élément commun au socratisme de Socrate et à celui qu'en ont tiré les pères de l'Église ou les philosophes du Moyen-Âge, c'est leur antiphysicisme. Ni les uns ni les autres ne réprouvent l'étude de la nature comme telle, mais ils s'accordent tous pour admettre que la connaissance de soi même est beaucoup plus importante pour l'homme que celle du monde extérieur.`` (Gilson, L'Esprit de la philos. médiév., t. 2, 1932, p. 6).
PRONONC. − Dernière transcription ds Littré : an-ti-fi-zi-k'.
ÉTYMOL. ET HIST. − Av. 1741 adj. (J.-B. Rousseau, Épigrammes d'apr. Trév. 1771); 1772 « qui est contraire à la nature » (Diderot, Œuvres, éd. Assézat et Tourneux, Paris, Garnier, t. 6, p. 452 : Du goût antiphysique des Américains). Dér. de physique*; préf. anti-*.
STAT. − Fréq. abs. littér. : Antiphysique. 9. Antiphysisme. 2. Antiphysicisme. 2.
BBG. − Littré-Robin 1865. − Nysten 1824 (s.v. antiphysique).