| ANTICONSTITUTIONNEL, ELLE, adj. DR. Qui est hostile à la constitution politique d'un pays; dirigé contre la constitution. A.− Vieilli. [En parlant d'une pers. ou d'une collectivité] :
1. N'est-il pas piquant pour ces pauvres diables [de jurés] de n'être payés que pour écrire sur les constitutions, après avoir passé leur jeunesse à peser les hémistiches de Racine (...). C'est ce qui les rend anticonstitutionnels, et qui dans trente ans, fera libéraux leurs successeurs en génie.
Stendhal, Hist. de la peint. en Italie,t. 1, 1817, p. 102. 2. À l'aide de la popularité dont je jouissais alors, la France anticonstitutionnelle comprit les institutions de la royauté légitime.
Chateaubriand, Mémoires d'Outre-Tombe,t. 3, 1848, p. 302. B.− [En parlant d'une action pol., d'une loi, etc.] :
3. ... interdire à tous ceux qui ne payent pas une contribution égale à trois journées d'ouvriers, le droit même de choisir les électeurs destinés à nommer les membres de l'Assemblée législative; qu'est-ce autre chose, que rendre la majeure partie des Français absolument étrangers à la formation de la loi? Cette disposition est donc essentiellement anti-constitutionnelle et anti-sociale.
Robespierre, Discours,Sur le marc d'argent et les journées d'ouvriers, t. 7, 1791, p. 161. 4. Les poètes de la vieille école intriguèrent si bien que la querelle fut portée devant le tribunal où Belin eut à répondre sur le triple chef de sadisme, d'irrévérence et de manœuvres anticonstitutionnelles.
Aymé, Le Puits aux images,1932, p. 133. DÉR. Anticonstitutionnellement, adv.,rare. De manière anticonstitutionnelle, hostile à la constitution : ,,Enfin je lui [à Lili] donnai un jour, calligraphié sur un bout de papier : anticonstitutionnellement. Quand il eut réussi à le lire, il m'en fit de grands compliments, tout en reconnaissant « qu'il ne s'en servirait pas souvent » : ce qui ne me vexa en aucune façon. Mon but n'était pas d'augmenter son vocabulaire, mais son admiration, qui s'allongeait avec les mots.`` (M. Pagnol, Le Château de ma mère,Paris, Le Livre de poche, 1959, p. 49).Réputé un des mots les plus longs de la lang. (25 lettres); n'est guère employé ni dans la lang. parlée ni dans la lang. écrite, à moins d'une volonté de l'aut. de produire un effet précis sur l'auditoire (supra et ex.). PRONONC. : [ɑ
̃tikɔ
̃stitysjɔnεl]. − Dér. Anticonstitutionnellement : [ɑ
̃tikɔ
̃stitysjɔnεlmɑ
̃]. ÉTYMOL. ET HIST. − 1774 « qui est opposé à la constitution de son pays » (Journ. de Bruxelles, 5 nov. 1774 [I, p. 60] ds Proschwitz Beaumarchais 1956, p. 212 : On résolut de ne laisser dans le pays [l'Amérique] aucun officier anticonstitutionnel en possession de sa place).
Dér. de constitutionnel*; préf. anti-* « contre ». STAT. − Fréq. abs. littér. : 8. BBG. − Barb. Infl. 1919, p. 28. − Dub. Pol. 1962, p. 92, 147. − Frey 1925, p. 41. − Gohin 1903, p. 286. − Proschwitz Beaumarchais 1956, p. 212. − Proschwitz (G. von). Constitutionnel, anglicisme ou mot français? In : COLL. DU CENTRE DE LEXICOL. POL. 1968. Saint-Cloud. Cah. Lexicol. 1969, no14, pp. 5-13 (et s.v. anticonstitutionnellement). |