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ANTHOLOGIE, subst. fém.
A.− BOT., vx, rare. Collection de fleurs choisies :
1. J'aimerai toujours les bois : la flore de Carlsbad, dont le souffle avait brodé les gazons sous mes pas, me paraissait charmante : je retrouvais la laîche digitée, la belladona vulgaire, la salicaire commune, le millepertuis, le muguet vivace, le saule cendré; doux sujets de mes premières anthologies. Chateaubriand, Mémoires d'Outre-Tombe,t. 4, 1848, p. 279.
B.− Au fig., LITT.
1. ANTIQ. GR. Nom de plusieurs recueils de courtes pièces choisies (comparées à des fleurs) de divers poètes lyriques. L'anthologie palatine (c.-à-d. conservée à la Bibliothèque du Palais de Heidelberg) :
2. L'évêque vivait là, frileusement, dans un fauteuil, en douairière retirée du monde, ayant horreur du bruit (...). Il adorait les littératures anciennes. On racontait qu'il traduisait Horace en secret; les petits vers de l'Anthologie grecque l'enthousiasmaient également, et il lui échappait des citations scabreuses, qu'il goûtait avec une naïveté de lettré insensible aux pudeurs du vulgaire. Zola, La Conquête de Plassans,1874, p. 1015.
2. Cour. Recueil de textes littéraires choisis. Anthologie de la poésie allemande, de la prose française; figurer dans une anthologie. Synon. florilège, chrestomathie :
3. ... son [du Père Cyprien] ouvrage capital constitue, en effet, une véritable et très précieuse anthologie, un choix d'admirables fragments dus à des écrivains que personne ne lit, mais qui n'en sont pas moins des maîtres comme il ne s'en voit plus... Valéry, Variété 5,1944, p. 177.
♦ Pièce d'anthologie. Fragment d'une œuvre digne de figurer dans une anthologie :
4. Un très court poème. Une sorte d'élixir de poème. Un poème en prose d'anthologie d'une pureté parfaite, d'une fidélité, d'une piété, d'un classique, d'une rareté, d'une beauté parfaite, et non pas seulement d'une ordonnance parfaitement harmonieuse, mais d'un ordre même et d'une organisation, d'une régulation parfaite. Péguy, Victor-Marie, Comte Hugo,1910, p. 836.
3. P. ext. Recueil de ce qu'il y a de plus typique dans un ensemble. Anthologie des thèmes, des contradictions :
5. Si l'incendie de ma baraque, en janvier 1944, ne m'avait privé des carnets où je recueillais pieusement les perles dont il semait à profusion ses ordres du jour, de quels trésors n'enrichirais-je pas aujourd'hui l'anthologie de la sottise germanique! Par chance il m'en reste quelques spécimens. Ambrière, Les Grandes vacances,1946, p. 328.
PRONONC. : [ɑ ̃tɔlɔ ʒi]. Passy 1914 note une durée mi-longue pour la 1resyllabe du mot (pour la prononc. du groupe th par [t], cf. Fouché Prononc. 1959, p. 270 et 369).
ÉTYMOL. ET HIST. − 1. 1574 « recueil de textes choisis » (P. Breslay, Anthologie ou Recueil de plusieurs discours notables ds Barb. Misc. 8 1928-32, p. 417); 1584 « id. » (Thevet, Hommes Illustr., 171 vods Quem. : Deux livres d'anthologie sacrée, recueillie des anciens peres); 2. 1755 « ouvrage de botanique » (Prév. : Anthologie. Traité ou Recueil des Fleurs, pour apprendre l'art de connoître leurs différences, leur génération, leurs progrès), qualifié de peu usité par Littré et DG. Au sens 1 empr. au gr. α ̓ ν θ ο λ ο γ ι ́ α au sens propre « action de cueillir des fleurs », au fig. « recueil de pièces de vers choisies » (Titre de divers recueils poétiques ds Bailly); au sens 2 composé du gr. α ́ ν θ ο ς « fleur » (voir antho-) et λ ο ́ γ ο ς « discours ».
STAT. − Fréq. abs. littér. : 115.
BBG. − Bach.-Dez. 1882. − Barb. Misc. 8 1928-32, pp. 414-422. − Bouillet 1859. − DLF 16e. − DLF 17e. − Éd. 1913. − Littré-Robin 1865. − Nysten 1824. − Pamart (P.). Mots de Chateaubriand. Vie Lang. 1969, no211, pp. 568-569. − Ritter (E.). Les Quatre dictionnaires fr. Rem. lexicogr. B. de l'Inst. nat. genevois 1905, t. 36, p. 348. − Rolland-Coul. 1969.