| ANNIHILATION, subst. fém. A.− Emplois techn. 1. DR., vieilli. [Se dit d'un acte, d'une donation, d'un testament] Destruction totale d'un acte juridique. Synon. annulation. 2. PHYS., néol. ,,Transformation en énergie de rayonnement (ou plus généralement en bosons) de l'énergie totale (masse et énergie cinétique) de deux antiparticules en interaction par leur champ électromagnétique (ou nucléaire). C'est le phénomène inverse de la production de paires.`` (Nucl. 1964). Synon. dématérialisation. ♦ Rayonnement d'annihilation. ,,Rayonnement émis lors de l'annihilation de deux antiparticules.`` (Nucl. 1964) Rem. Sens 2 largement attesté ds les dict. techn. récents. B.− En gén. 1. [En parlant d'une pers., d'une de ses facultés ou œuvres] Action d'annihiler ou de s'annihiler, état qui en résulte : 1. Un éperdu désir d'être auprès d'Anne, d'elle seule et pas d'une autre, postérieur au commencement de son amour, aussi fort que le désir même de rester en vie, surgissait de lui comme une faim, précisée par le goût, pour la suite d'un repas à peine commencé. Ce n'était plus la totale annihilation de sa personne, mais sa résurrection furieuse et exigeante, comme partie d'un groupe de deux instantanément créé par cette tendresse née de l'adoration, au sein du multiforme amour.
Malègue, Augustin,t. 2, 1933, p. 71. 2. Lorsque Herzen, en effet, faisant l'apologie du mouvement nihiliste, dans la seule mesure, il est vrai, où il y voit une plus grande émancipation à l'égard des idées toutes faites, écrira : « l'annihilation du vieux, c'est l'engendrement de l'avenir », il reprendra le langage de Bielinski.
Camus, L'Homme révolté,1951, p. 193. 3. ... si un homme isolé peut arriver à s'imaginer qu'il lui est possible physiquement ou même moralement, d'envisager une complète suppression de lui-même, − en face d'une totale annihilation (ou même simplement d'une insuffisante préservation) réservée au fruit de son labeur évolutif, l'Humanité, elle, commence à se rendre compte pour tout de bon qu'il ne lui resterait plus qu'à faire grève : ...
Teilhard de Chardin, Le Phénomène humain,1955, p. 341. 2. Rare. [En parlant d'une agglomération d'une certaine importance] Synon. anéantissement, destruction totale : 4. La catastrophe de Saint-Pierre à la Martinique en 1902, détruite en un instant avec ses vingt-six mille habitants par l'élévation de température intense provoquée par la nuée ardente de la montagne Pelée et ne laissant qu'un seul survivant, un prisonnier dans une cave, ressemble étrangement à l'annihilation d'une ville par une explosion atomique.
Goldschmidt, L'Aventure atomique,1962, p. 57. PRONONC. : [an(n)iilasjɔ
̃]. ÉTYMOL. ET HIST. − 1. 1377 philos. adnichilacion « action d'annihiler, de mettre à néant » (Oresme, Livre du Ciel et du Monde, 60c, éd. Ménut et Denomy, p. 252 : Et se adnichilacion e[s]t possible, creacion de noient est possible); 1612 anihilation (Beroalde, Palais des curieux, p. 101 ds Gdf. Compl.); 2. ca 1390 dr. « annulation (d'un acte ...) » (Bout., Som. rur., 1rep., fo25c, éd. 1486, ibid. : Si sur l'adnichilation dudit testament estoient ouys, vaudroit la reproche; car le dit testament adnichilé lor don seroit nul); 3. 1508-1517 « (en parlant d'une pers.) anéantissement » au sens propre (Fossetier, Cron. Marg., ms. Brux. 10509, fo236 vo, ibid. : La destruction de Troye et la adnichilation des Troyens), d'où p. ext. au sens moral, supra B 1.
Empr. au b. lat. adnihilatio (ann-) « action de réduire à rien » (dep. St Jérôme, Epist., 106, 27 ds TLL s.v., 780, 47); attesté en lat. médiév. 1 (1248-56, Albert Le Grand, Phys., 5, 3, 7, p. 400a, 18 ds Mittellat. W. s.v., 223, 46) et 2 (1275, Chart. turic., 1602, ibid., 51). STAT. − Fréq. abs. littér. : 20. BBG. − Charles 1960. − Duval 1959. − Électron. 1963-64. − Foi t. 1 1968. − Grand. 1962. − Méd. Biol. t. 1 1970. − Musset-Lloret 1964. − Neyron 1970. − Nucl. 1964. − Ostoya s. d. − Uv.-Chapman 1956. |