| ANNEXION, subst. fém. A.− Action d'annexer. 1. DR. INTERNAT. [En parlant d'un territoire, d'un État] ,,Tout acte, constaté ou non dans un traité, en vertu duquel la totalité ou une partie du territoire d'un État passe, avec sa population et les biens qui s'y trouvent sous la souveraineté d'un autre État.`` (Cap. 1936) : 1. Lorsque le Comtat et Avignon, terres du pape, s'étaient soulevés, la Constituante avait hésité à les accueillir, parce que les annexions et les conquêtes étaient contraires à ses principes. Ces scrupules furent vaincus par des hommes de gauche qui demandèrent si la révolution refuserait d'achever la France et si elle serait plus timide que la monarchie.
Bainville, Histoire de France,t. 2, 1924, p. 62. 2. La guerre avait poussé les directoriaux aux annexions et à la création d'états vassaux, en sorte que la force des armes ajoutait, à la propagation spontanée des idées révolutionnaires, la destruction de l'ordre traditionnel et l'introduction des institutions françaises dans les pays conquis.
G. Lefebvre, La Révolution fr.,1963, p. 553. ♦ Droit d'annexion. Droit que s'arroge la puissance qui a procédé à une annexion; p. ext. : 3. Dès le 29 octobre au soir, cet entrefilet, textuellement reproduit par les journaux anglais, commençait à rayonner sur tous les cantons du Royaume-Uni (...), le fait divers arriva, le 2 novembre (...) au Mémorial de Brême. Là, il revêtit, sans changer de corps, un vêtement neuf, et ne tarda pas à se voir imprimer en allemand. Pourquoi faut-il constater ici que le journaliste teuton, après avoir écrit en tête de la traduction : Eine übergrosse Erbschaft, ne craignit pas de recourir à un subterfuge mesquin et d'abuser de la crédulité de ses lecteurs en ajoutant entre parenthèse : Correspondance spéciale de Brighton? Quoi qu'il en soit, devenue ainsi allemande par droit d'annexion, l'anecdote arriva à la rédaction de l'imposante Gazette du Nord, ...
Verne, Les 500 millions de la Bégum,1879, p. 43. 2. Au fig. a) Intégration d'un élément nouveau à un ensemble : 4. Le résultat est que la lumière − éclairage est désormais annexée à la peinture (...).
Il appartenait à Claude Lorrain, dans la plénitude du xviiesiècle, d'introduire cette annexion récente du réalisme dans une de ces hautes synthèses de la Vérité, de la Beauté et de la Poésie où l'art trouve son accomplissement.
Huyghe, Dialogue avec le visible,1955, p. 148. 5. À travers l'énormité du temps et la multiplicité déconcertante des individus, disions-nous, une seule opération se poursuit : l'annexion au Christ de Ses élus : − une seule chose se fait : le Corps mystique du Christ, à partir de toutes les puissances spirituelles éparses ou ébauchées dans le Monde.
Teilhard de Chardin, Le Milieu divin,1955, p. 181. b) Action de dominer quelqu'un : 6. Annexion définitive de deux peintres déjà rencontrés, Georges Rouault et Georges Desvallières, extraordinaires tous deux. Le premier s'empoisonne, le second se suralimente.
Bloy, Journal,1904, p. 312. 7. M. Romains part de ce sentiment intense et sincère que l'individu n'existe pas, ou tout au moins que l'artiste n'est pas en tant qu'artiste intéressé par sa propre existence. M. Duhamel part au contraire d'un sentiment exigeant de son existence et d'une volonté d'annexion non par la violence mais par l'amour, un amour auquel il ne manque, tant dans Vie des martyrs que dans Possession du monde, que la discrétion.
Thibaudet, Réflexions sur la litt.,1936, p. 141. B.− Vx. Rapport entre éléments joints. − GRAMM. ,,Se dit du rapport établi entre deux noms dont l'un détermine l'autre comme complément.`` (Besch. 1845), (cf. également ,,annexion imparfaite et purement grammaticale.`` (Ac. Compl. 1842) : 8. En arabe, un substantif est dit en annexion quand il est suivi d'un complément déterminatif au génitif, et comme tel employé sans article; ...
Mar.Lex.1933, p. 26. C.− P. méton. Ce qui est annexé : 9. Une vaste conjuration était à l'œuvre dans cette caserne, dans toute la France, dans toute l'Europe, contre la jeunesse, contre moi. L'âme d'un ami est comme une annexion. Je me voyais au centre d'un vaste domaine menacé. De grandes parties m'en avaient déjà été enlevées. Le jour devait venir où seul, sans amis, je serais moi-même forcé dans mon réduit.
Guéhenno, Journal d'un homme de quarante ans,1934, p. 181. PRONONC. : [an(n)εksjɔ
̃] (pour la prononc. par [n] simple ou [nn] géminées dans les dict. mod., cf. annexe). Pour les dict. hist., le mot n'est transcrit que ds Land. 1834, Gattel 1841, Littré et DG, et cela avec [nn]. Enq. : /aneksjõ/. ÉTYMOL. ET HIST. − Fin xives. pol. (Arch. Nord, B 146, 2ecahier, fo3 ds IGLF : Item, unes lettres en romans faisans mencion de l'annexion et adjunction que pour l'accroissement et enforchement de la ville de Huy, le dit evesque et le chapitle de le dicte ville fisent a icelle ville de le ville et franchise de le Seate); attesté encore début xves., Régl. de la 2eRhétorique ds IGLF, repris en 1681 (Veneroni, Dict. ital.-fr.).
Dér. de annexer*; suff. -ion*, sur le modèle des mots d'empr. en -ion; cf. lat. adnexio attesté en b. lat., ives., au sens de « jonction » (Palladius, 4, 10, 36 ds TLL s.v., 780, 28) et en lat. médiév. au sens de « action d'ajouter » (1163, Chartae episcopatus Hildesheimensis, I, 334, p. 320, 4 ds Mittellat. W. s.v., 223, 39). STAT. − Fréq. abs. littér. : 79. BBG. − Aquist. 1966. − Bar 1960. − Cap. 1936. − Mar. Lex. 1969 [1951]. − Rey-Cottez 1970, t. 38, p. 351. − Springh. 1962. |