| ANIMATION, subst. fém. I.− Rare. Action de communiquer ou de posséder la vie : 1. ... et Dieu fut l'esprit vital qui, répandu dans tous les êtres, anima le vaste corps du monde. Et ceux-là peignirent leur pensée, tantôt par You-Piter, essence du mouvement et de l'animation, principe de l'existence, ou plutôt l'existence elle-même; ...
Volney, Les Ruines,1791, p. 276. − En partic. a) Apparition saisonnière de la vie animale : 2. Elle [l'électricité] paraît un des premiers mobiles de la végétation et de l'animation. C'est après les orages les plus fulminants que les plantes végètent, fleurissent et fructifient avec le plus de vigueur; encore que les générations des insectes se multiplient avec tant de rapidité, que le vulgaire les croit quelquefois tombés du ciel.
Bernardin de Saint-Pierre, Harmonies de la nature,1814, p. 272. 3. Plongeons-nous ensemble dans cet air, dans ces lueurs, dans ces herbes, dans ces rameaux, dans cet océan de végétation et d'animation qui inonde en ce moment la terre!
Lamartine, Raphaël,1849, p. 288. b) THÉOL. [Chez les hommes] ,,Le fait de l'union de l'âme à un corps organisé. Le corps est animé dès que l'âme vient en lui.`` (Théol. cath. t. 1, 1 1909). L'animation du fœtus. ♦ Animation immédiate, animation médiate : 4. Les partisans de l'animation immédiate affirment que c'est au moment même de la conception que l'âme est créée et unie au corps. Les partisans de l'animation médiate retardent l'entrée de l'âme dans le corps et la fixent à l'époque (...) où le corps est construit, du moins dans ses organes principaux.
Théol. cath. t. 1, 11909. II.− Manifestation de vitalité, considérée comme possédée ou donnée. A.− Caractère de ce qui est animé, possède de la vivacité. 1. [En parlant d'une rue, d'une ville] :
5. Qu'on se figure, en effet, quelques-uns de nos grands centres de commerce, aux populations houleuses, Lyon, Bordeaux, etc., à l'heure où tombe le soir. On voit d'ici ce mouvement, cette vie, cette animation extraordinaire que les intérêts financiers sont seuls capables de donner, aujourd'hui, à des villes sérieuses.
Villiers de L'Isle-Adam, Contes cruels,L'Affichage céleste à Henry Ghys, 1883, p. 67. 6. L'animation avait abandonné l'intérieur de la bourse et des banques, diminuait aux étages des immeubles commerciaux, mais pour augmenter et s'alourdir dans les rues.
Romains, Les Hommes de bonne volonté,Le 6 octobre, 1932, p. 186. 2. [En parlant d'une pers., de son visage, ...] Mouvement, expression du visage traduisant la vivacité du sentiment, etc. : 7. − Mon pauvre Lucien, que t'est-il donc arrivé? dit Ève en remarquant l'animation du visage de son frère.
Balzac, Les Illusions perdues,1843, p. 122. 8. Le prince Maurice s'excita un peu, et avec une sorte d'animation qui le rendit tout rouge : − c'est de la tyrannie! s'écria-t-il; tu n'as pas à te plaindre de moi! Je ne me conduis pas comme Ernest. Si je vais voir Isabella Turtle, c'est absolument comme toi-même tu vas voir la comtesse Tonska. Ce que tu fais, je peux bien le faire!
Gobineau, Les Pléiades,1874, p. 113. 9. Au piano, une animation quasi céleste le transfigurait; son jeu semblait plutôt celui d'un organiste que d'un pianiste et manquait parfois de subtilité, mais il était divin dans les andantes, en particulier ceux de Mozart pour qui il professait une prédilection passionnée.
Gide, Si le grain ne meurt,1924, p. 397. − P. anal. [En parlant d'une œuvre d'art] Expression de la vie, vivacité : 10. Mais voyez à côté, les bas-reliefs qui rendent les scènes de la vie humaine; ils ont autant d'animation que les peintures du xviesiècle. Même vie dans les chevaux, qui jouent dans l'art grec un si grand rôle.
Michelet, Sur les chemins de l'Europe,1874, p. 182. B.− Action de rendre animé, de conférer la vie : 11. J'avais songé incidemment [pour un ballet] au Mythe d'Orphée, c'est-à-dire l'animation de toute chose par un esprit, − la fable même de la mobilité et de l'arrangement.
Valéry, Lettres à quelques-uns,À Claude Debussy, 1900, p. 63. 1. Action de mettre de la vivacité, de l'entrain. L'animation d'une soirée. − SOCIOL. ,,En méthodologie des sciences psychologiques et sociales, l'animation est la propriété générale des méthodes de conduite des groupes, méthodes qui ont pour but d'accroître la participation et de favoriser la progression du groupe vers ses objectifs.`` (Mucch. Sc. soc. 1969). ♦ Animation d'un groupe, activité d'animation, équipe d'animation : 12. ... il ne suffit pas de fonder des maisons, voire des centres de jeunesse pour subvenir aux loisirs extra-sportifs au sein du périmètre d'habitat, mais (...) il faut rendre ceux-ci attrayants et les faire fonctionner sous l'impulsion de « meneurs de jeu ». C'est en fait une profession nouvelle qui se crée, tenant du moniteur de colonies de vacances, de l'éducateur sportif, du metteur en scène, etc... Il faut donc une équipe d'animation avec des camarades plus âgés, engagés dans une activité professionnelle qui assure à titre de référence leur droit à guider. Il faut enfin un chef. Pour le moment, on ne saurait faire appel qu'à des animateurs bénévoles.
Les Grands ensembles d'habitation,1963, p. 25. 13. Le Commissariat au plan étudie et propose les choix globaux qu'implique cette politique et en intègre grâce aux travaux de la Commission nationale d'aménagement du territoire les conclusions dans les plans de développement économique et social. (...). Dans l'appareil administratif de l'État, la Délégation à l'aménagement du territoire et à l'action régionale constitue, entre le plan et les administrations, le centre d'impulsion et d'animation de cette politique et, pour ainsi dire, la courroie de transmission entre la volonté gouvernementale et les organes d'exécution.
L'Aménagement du territoire,1964, p. 9. 2. TECHNOLOGIE a) CIN. ,,Procédé qui permet de donner l'impression du mouvement à des dessins ou à des poupées grâce à la photographie image par image, de gestes, d'attitudes ou de situations successives.`` (Bailly-Roche 1967) : 14. Les dessins animés ne sont (...) qu'un mode d'un genre beaucoup plus étendu, qu'on pourrait appeler l'animation artificielle et qui vise soit à reproduire des mouvements réels difficilement saisissables, soit à réaliser des mouvements fictifs ou schématiques.
Pawlowski, La réalisation de films scientif. en dessins animés,1ernov. 1929 (Giraud1956). b) PUBLIC. ,,Impression du mouvement donné par une combinaison d'éclairages successifs d'un motif publicitaire lumineux.`` (Cham. 1969). DÉR. Animatiste, adj.,néol. d'aut., dér. du même rad. Qui se rapporte à la phase primitive de la croyance à l'Animisme (cf. Bergson, Les Deux sources de la mor. et de la relig., 1932, p. 184; 1reattestation). PRONONC. : [animasjɔ
̃]. Enq. : /animasjõ/. ÉTYMOL. ET HIST. − 1. xives. « le principe vital, la force qui donne la vie (opposé en partic. au domaine de l'esprit) » (R. de Presles, Cité de Dieu, 14, 2, éd. 1531 ds Quem. : Lesquelles œuvres de la chair sont fornications, ordures... contentions, emulations, animations); de Fur. 1690 à Besch. 1845 le terme semble réservé à la théol. et à la biol., en partic. pour désigner le moment où l'âme s'unit au corps dans le fœtus; 2. ca 1468 « emportement, colère » (Chastellain, Chronique, V, 425, Kerwyn d'apr. Delboulle ds R. Hist. litt. Fr., t. 2, p. 114 : Ils ... se mirent en devoir d'envoyer l'un vers l'autre et d'essayer par paroles si leurs deux contraires animations et felletés se pourroient mitiger et un peu radoucir par moyens); 1845 [en bonne part] (Besch. : Animation. Chaleur, vie apparente. Mettre l'animation dans les paroles, dans le discours, dans les actions).
Empr. au lat. animatio (de anima « souffle vital, âme »), au sens 1 « principe de la vie (domaine de l'anima) » (Cicéron, Tim., 35 ds TLL s.v., 85, 68); au sens 2 (domaine de l'animus) empr. au b. lat. animatio « colère » (iie-iiies., Tertullien, Adv. val., 9, ibid., 86, 2); en bonne part (Itala, Act., 17, 11, ibid., 85, 85). STAT. − Animation. Fréq. abs. littér. : 441. Fréq. rel. littér. : xixes. : a) 279, b) 770; xxes. : a) 713, b) 795. Animatiste. Fréq. abs. littér. : 1. BBG. − Bailly-Roche 1967. − Birou 1966. − Cham. 1969. − Foi t. 1 1968. − Giraud-Pamart 1971. − Giteau 1970. − IREP 1966. − Littré-Robin 1865. − Mots dans le vent. Vie Lang. 1969, no213, p. 691. − Mucch. Sc. soc. 1969. − Noter-Léc. 1912. − Nysten 1814-20. − Pag. 1969. − Théol. cath. t. 1, 2. 1909. − Voyenne 1967. |