| ANIMALISER, verbe trans. A.− Vx. [P. réf. aux sens A ou B de animal1] Prendre la forme d'un être vivant, d'un animal : 1. Il [l'archéologue] réveille le néant sans prononcer des paroles artificiellement magiques; il fouille une parcelle de gypse, y aperçoit une empreinte, et vous crie : « Voyez! » Soudain les marbres s'animalisent, la mort se vivifie, le monde se déroule! Après d'innombrables dynasties de créatures gigantesques, après des races de poissons et des clans de mollusques, arrive enfin le genre humain, produit dégénéré d'un type grandiose, brisé peut-être par le créateur.
Balzac, La Peau de chagrin,1831, p. 25. B.− [P. réf. au sens B de animal1; l'obj. désigne une substance] Augmenter la proportion de l'élément animal au détriment du champ-gradient végétatif : 2. Comme tous les alimens contiennent plus ou moins d'azote, et qu'il n'en sort point par la respiration, qu'au contraire il paroît y en avoir une petite quantité d'absorbé, et comme la respiration enlève beaucoup de carbone et d'hydrogène, elle doit augmenter dans le corps animal la proportion de l'azote, en diminuant celle de ces deux autres substances combustibles : son effet dernier, par rapport à la composition du corps, doit donc être de l'animaliser, puisque c'est la quantité de l'azote qui fait le caractère des substances animales.
Cuvier, Leçons d'anat. comp.,t. 4, 1805, p. 304. − Emploi pronom. Acquérir les propriétés caractéristiques de la matière animale : 3. Ces diverses propriétés, le chocolat les doit à ce que, n'étant à vrai dire qu'un eleosaccharum, il est peu de substances qui contiennent, à volume égal, plus de particules alimentaires : ce qui fait qu'il s'animalise presque en entier.
Brillat-Savarin, Physiol. du goût,1825, p. 116. C.− Fig. [P. réf. aux emplois C de animal1; l'obj. désigne un être humain] Rendre semblable à l'animal : 4. Une candeur infusée dans le sang reliait ses traits disgracieux, et le feu de la charité purifiait les lignes incorrectes par un phénomène contraire à celui qui, chez Claparon, avait tout animalisé, dégradé.
Balzac, César Birotteau,1837, p. 202. 5. Ordinairement la beauté des femmes est une des manifestations de la beauté universelle que je comprends le mieux, brutal artiste! Impur génie animalisé par les passions!
Barbey d'Aurevilly, 2eMemorandum,1839, p. 330. 6. Ce qui d'abord n'était qu'un plaisir devenait sournoisement un besoin. Le corps trop longtemps mortifié prenait sa revanche. Et rien n'animalise comme l'excès du bien-être matériel.
Van der Meersch, Invasion 14,1935, p. 471. − Emploi pronom. S'abaisser au rang de l'animal : 7. Même quand nous disons que l'homme, étant l'homme, ne peut agir qu'en homme, il ne s'agit que d'un pur fait, non d'une règle. L'homme qui décide de s'animaliser le fait encore en vertu d'une idée que seul un homme pouvait avoir.
Ruyer, Esquisse d'une philos. de la structure,1930, p. 350. PRONONC. : [animalize]. ÉTYMOL. ET HIST. − 1. 1742 « assimiler les aliments à la substance animale » (Essais et observations de méd. de la société d'Edinbourg, II, 101 [trad. d'un texte angl. de 1737 voir infra] ds Barb. Misc. 13, 1936-38, p. 2 : Nos alimens en général sont d'une nature acide, ou participent de cette qualité; mais par les altérations qu'ils ont à souffrir dans nos corps, ils passent bientôt dans un état neutre. La structure du corps des animaux est telle, que la force de la circulation, en attenuant de plus en plus les parties du sang, corrige leur acidité, et les animalise [s'il est permis de parler ainsi]); 2. 1823 emploi trans. « ravaler au rang des animaux » (Boiste : Animaliser [...] Le philosophisme animalise l'homme, la religion le divinise [qualifié de nouveau]).
Empr. à l'angl. to animalize « id. » (Barb. Misc. 13 1936-38, p. 2; Mack. t. 1, p. 168) 1 attesté dep. 1733-1737 (Medical Essays and Observations revised and published by a Society of Edinburgh, ii, art. vii, § 21 ds Barb. loc. cit. : Our aliments are generally of an acescent kind, or the product of such; but by the action of our bodies on them, they are soon reduced to a neutral state. Yea, such is the frame of animals, that the force of the circulation bringing the particles of the blood always farther and farther from their former acidity, animalizes them [if I may use the word] more and more, renders them volatile, and perspirable); 2 dep. 1806-31 (A. Knox, Rem., [1844], I, 81 ds NED). STAT. − Fréq. abs. littér. : 17. BBG. − Barb. Misc. 13. 1936-38, pp. 1-3. − Darm. 1877, p. 217. − Husson 1970. − Méd. Biol. t. 1 1970. − Nysten 1814-20. |