| ANGELOT, subst. masc. Vieilli, peu usité. [Ne s'emploie plus guère que dans le domaine des B.-A.] Petit ange : 1. ... il [Rubens] évoque le lait qui gonfle le sein, celui de Junon d'où gicle la voie lactée, celui de la Vierge d'où semble jaillir le tourbillon joufflu des angelots, ceux multipliés hyperboliquement d'Isis ou de la déesse de la fécondité, celui où vient retrouver la vie le vieillard de la charité romaine.
Huyghe, Dialogue avec le visible,1955, p. 292. − P. ext. ou p. anal. 1. [S'emploie par affection pour désigner un enfant] :
2. Les petits novices qui ne mangeaient plus à leur faim, depuis le commencement du carême, se délectaient, encore que cet agneau eût la chair en cordes à violon d'un vieux bélier; les angelots bâfraient comme des ogres; et les vieux moines engloutissaient furieusement les quartiers récalcitrants de la bête.
Huysmans, L'Oblat,t. 2, 1903, pp. 75-76. 2. GASTR. Petit fromage de vache : 3. Certains considèrent que le mot angelot est une déformation d'augelot (de la vallée d'Auge [Calvados]) et voient dans ce fromage l'ancêtre du camembert.
Ac. Gastr.1962. 4. En 1509, Platine citait, comme les meilleurs fromages, ceux de Chauny, en Picardie. Charles Estienne vantait les angelots de Normandie et les auvergnats à la fabrication desquels on n'employait, selon Liébault, que « des enfants de quatorze ans bien nets et bien sains ».
Les Grandes heures de la cuisine fr., Éluard-Valette, 1964, p. 236. 3. NUMISM. Angelot (d'or) ou ange (d'or), ou angel; angelot d'argent. Monnaie le plus souvent d'or, à l'effigie de l'archange saint Michel, émise en France sous Philippe de Valois et ses successeurs : 5. L'angelot d'or, diminutif de l'ange d'or, fut usité en France depuis 1240 jusque sous le règne de Louis XI. S. Michel y était figuré avec une épée dans la main droite, un écu de fleur de lis dans la main gauche, et un serpent sous les pieds. Cet angelot valait un écu d'or fin, environ 14 fr. 20 c. − Un angelot d'or d'une moindre valeur (7 fr. 40 c.) fut frappé, en 1427, par le roi d'Angleterre Henri VI, alors maître de Paris. Le même prince émit aussi un angelot d'argent, qui valait environ 5 fr. 60 c. de notre monnaie.
Bouillet1859. Rem. Pour angelot, ichtyol. cf. ange. PRONONC. : [ɑ
̃
ʒlo]. Passy 1914 attribue à la voyelle nasale une demi-longueur et admet pour la voyelle finale une var. [ɔ]. Nod. 1844 et Littré indiquent un [ɔ] ouvert. Enq. : /ã
ʒlo/. ÉTYMOL. ET HIST. − 1. Av. 1188 iconogr. « petit ange représenté » (Parton., Bibl. nat., 19152, fo145a ds Gdf. : E fu beaus con cens angeloz); 2. par synecdoque 1461 numism. « monnaie d'or frappée en France par Henri VI d'Angleterre [1422-1453] portant un ange tenant les écus accotés de France et d'Angleterre [d'apr. Ciani, Les Monnaies royales fr., 1926, p. 123] » (Villon, Gr. testament, 1271 ds Gdf. Compl. : Pour trois escus, six brettes targes, Pour deux angelos, ung grant ange : Amans si doivent estre larges); 3. fin xvie-av. 1630 « petit fromage fabriqué en Brie et en Normandie » (Godard, Deaguisez, 5, ibid. : Pain de Gonesse et rost de Corbeil, Avec force angelots de Brie).
Dér. de l'a. fr. angele (ange*); suff. -ot*; 3 parce que ce fromage a la taille et l'apparence de la pièce de monnaie appelée angelot (Mén. 1750); l'hyp. de angelot dit pour augelot, ces fromages étant originaires de la vallée d'Auge (Huet ds Mén. 1750), est moins probable. STAT. − Fréq. abs. littér. : 9. BBG. − Ac. Gastr. 1962 (s.v. angelat). − Bach.-Dez. 1882. − Baudr. Pêches 1827 (s.v. ange). − Bouillet 1859. − Boulan 1934, p. 132. − Dumas 1965 [1873]. − Gay t. 1 1967 [1887]. − Lew. 1960, p. 326. |