| ANCESTRAL, ALE, AUX, adj. Qui appartient ou qui remonte aux ancêtres; p. ext., très ancien : 1. La force du boulangisme sera de s'appuyer sur les concepts ancestraux, les sentiments héréditaires, sur la conscience nationale.
M. Barrès, L'Appel au soldat,1900, p. 314. 2. Ainsi éclairée par les flammes du foyer, cette silhouette courbée sur ce siège bas évoquait l'Afrique ancestrale : une femme indigène, accroupie devant un feu de brousse.
R. Martin du Gard, Les Thibault,Épilogue, 1940, p. 876. 3. L'analyse des grands mythes a montré qu'il faut reconnaître là un de ces archétypes que, selon Jung, notre mémoire ancestrale, héritée des plus anciens aïeux de notre espèce, garde au tréfonds d'elle-même.
R. Huyghe, Dialogue avec le visible,1955, p. 332. Rem. Syntagmes rencontrés le respect, le caractère, le mode de vie ancestral; les coutumes, les croyances, les habitudes, les mœurs, les traditions ancestrales. − Emploi subst. : 4. À cause de ces perpétuels incendies, à cause des déplacements de races, de villages, à cause du remplacement de la vieille forêt par des végétations plus récentes, l'impression constante de pays neuf, sans passé, d'immédiate jeunesse, d'inépuisable surgissement, domine encore, pour moi du moins, celle de l'ancestral, du préhistorique, du préhumain, dont parlent de préférence ceux qui voyagent dans ce pays.
A. Gide, Le Retour du Tchad,1928, p. 975. Rem. 1. On trouve parfois, sous la plume d'écrivains mod., un adv. ancestralement « à la manière des ancêtres » : ,,L'autre jour, je disais à B., en parlant de Claudel et du début de Splendeur de la lune, ces mots qui me plaisent : ... une émotion si crue, si ancestralement intime que c'est presque de l'effroi.`` (J. Rivière, Correspondance [avec Alain-Fournier], 1906, p. 234); ,,Violonistes, chaudronniers, diseurs de bonne aventure, ils sont, là comme partout, nomades et mystérieux, échappant au temps comme à l'espace. On les surprend ici dans leurs quartiers d'hiver; puis ils reprennent la route au printemps, ancestralement.`` (P. Morand, New-York, 1930, p. 212). 2. À noter également le néol. d'aut. ancestralité « lignée, galerie d'ancêtres fondant un ordre social » (cf. C. Lévi-Strauss, Anthropol. struct., 1958, p. 292). Prononc. : [ãsεstʀal], masc. plur. [-o]. Enq. : /ãsestʀal, ãsestʀo/. Étymol. ET HIST. − 1853 (La Châtre, Dict. ds Fr. mod., t. 37, p. 349); qualifié d'inusité par Lar. 19e.
Dér. de ancêtre*; suff. -al*; cf. anglo-norm. ancestrel, dans homage auncestrel (Littleton, Instit., 143 ds Gdf.), hommage auncestrel (Britton, Des loix d'Angl., II, 7, ibid.) « hommage qu'un seigneur recevait, comme ses ancêtres l'avaient reçu des ancêtres de son vassal », d'où le m. angl. ancestrel xves., MED t. 1, p. 524. STAT. − Fréq. abs. litt. : Ancestral. 112. Ancestralement. 4. BBG. − Littré-Robin 1865. |