| ANALYSTE, subst. A.− Personne chez qui prédomine le goût de l'analyse : 1. Le bâton, c'est votre volonté, droite, ferme et inébranlable; les fleurs, c'est la promenade de votre fantaisie autour de votre volonté; c'est l'élément féminin exécutant autour du mâle ses prestigieuses pirouettes. Ligne droite et ligne arabesque, intention et expression, roideur de la volonté, sinuosité du verbe, unité du but, variété des moyens, amalgame tout-puissant et indivisible du génie, quel analyste aura le détestable courage de vous diviser et de vous séparer?
Ch. Baudelaire, Petits poèmes en prose,Le Thyrse, 1867, p. 165. − Emploi adj., rare : 2. Trois autres, au moins aussi supérieurs que ces quatre amis peints de profil, devaient succomber par intervalles : Meyraux d'abord, qui mourut après avoir ému la célèbre dispute entre Cuvier et Geoffroy-Saint-Hilaire, grande question qui devait partager le monde scientifique entre ces deux génies égaux, quelques mois avant la mort de celui qui tenait pour une science étroite et analyste contre le panthéiste qui vit encore et que l'Allemagne révère.
H. de Balzac, Les Illusions perdues,1843, p. 237. B.− Personne qui pratique l'analyse dans les domaines mathématique, chimique, psychologique... : 3. On sait que les mathématiciens se distribuent en deux écoles très distinctes : les analystes et les géomètres.
P. Bourget, Essais de psychologie contemporaine,1883, p. 31. 4. C'est la nature même de leur esprit qui les fait logiciens ou intuitifs, et ils ne peuvent la dépouiller quand ils abordent un sujet nouveau. Ce n'est pas non plus l'éducation qui a développé en eux l'une des deux tendances et qui a étouffé l'autre. On naît mathématicien, on ne le devient pas, et il semble aussi qu'on naît géomètre, ou qu'on naît analyste.
H. Poincaré, La Valeur de la science,1905, p. 12. 5. Oui, tout à l'heure, avant l'arrivée de Françoise, j'avais cru que je n'aimais plus Albertine, j'avais cru ne rien laisser de côté, en exact analyste; j'avais cru bien connaître le fond de mon cœur. Mais notre intelligence, si lucide soit-elle, ne peut apercevoir les éléments qui le composent et qui restent insoupçonnés tant que, de l'état volatil où ils subsistent la plupart du temps, un phénomène capable de les isoler ne leur a pas fait subir un commencement de solidification.
M. Proust, À la recherche du temps perdu,La Fugitive, 1922, p. 420. − En partic. 1. DOCUM. Personne chargée des travaux d'analyse documentaire et plus spécialement de l'indexation (cf. Cros-Gardin 1964). 2. ÉCON., FIN. a) Spécialiste de l'étude des relations entre une unité de productions et ses environnements (cf. F. Perroux, L'Économie du XXesiècle, 1964, p. 209). b) Analyste financier. Technicien employé au service des banques, des sociétés financières ou des particuliers, chargé de l'étude des documents financiers émanant des entreprises de façon à en tirer des conclusions quant à la solvabilité de celles-ci, à leurs perspectives et au mouvement de leurs titres en Bourse (cf. Baudhuin 1968). 3. INFORMAT. Analyste (programmeur). Spécialiste qui sélectionne les méthodes à utiliser pour résoudre un problème sur un ensemble électronique (cf. Baudhuin 1968 et Lar. encyclop. Suppl. 1968) : 6. La comparaison détaillée des méthodes à employer permettra à l'analyste de choisir l'algorithme en tenant compte des impératifs économiques...
La Science contemporaine, Paris, Larousse, t. 2, 1965, p. 229. 4. PSYCHANAL. Synon. de psychanalyste : 7. ... pour devenir analyste, j'ai dû me faire analyser; on m'a trouvé un complexe d'Œdipe assez prononcé qui explique mon mariage avec un homme de vingt ans plus âgé que moi, une nette agressivité par rapport à ma mère, quelques tendances homosexuelles qui se sont convenablement liquidées. Je dois à mon éducation catholique un sur-moi fortement développé : c'est là la raison de mon puritanisme et de la déficience de mon narcissisme.
S. de Beauvoir, Les Mandarins,1954, p. 31. Prononc. − 1. Forme phon. : [analist]. 2. Homon. : annaliste (écrivain d'annales). Étymol. ET HIST. − 1. 1638 « mathématicien versé dans l'analyse » (Descartes, Lettres à Mersenne, 1ermars 1638, Pl., p. 999 ds Fr. mod., t. 37, p. 348 : Vos analystes n'entendent rien en ma géométrie, et je me moque de tout ce qu'ils disent); 2. 1780 « qui est doué pour l'analyse » (Condillac, Logique, II, 1 ds Fr. mod., t. 37, p. 348 : Les enfants sont déterminés par leurs besoins à être observateurs et analystes).
Dér. de analyse*; suff. -iste* avec suppression de l'une des deux syllabes homophones (Nyrop t. 3 1936). STAT. − Fréq. abs. litt. : 152. BBG. − Baudhuin 1968. − Cros-Gardin 1964. − Électron. 1959. − Foulq.-St-Jean 1962. − Guilh. 1969. − Lafon 1969. − March. 1970. − Martzloff (C.). L'Analyste-programmeur. Informat. et gestion. 1970, no23, p. 48. − Méd. Biol. t. 1 1970. − Moor 1966. − Pil. 1969. − Rolland-Coul. 1969. − Spr. 1967. − Tez. 1968. |