| AMÉNITÉ, subst. fém. A.− Littér. [En parlant d'un site ou du climat] Qualité de ce qui est agréable à voir ou à sentir, douceur : 1. Nous parcourûmes cet Archipel de la Grèce, où l'aménité des rivages, l'éclat de la lumière, la douceur et les parfums de l'air, le disputent au charme de noms et de souvenirs.
F.-R. de Chateaubriand, Les Martyrs,t. 1, 1810, p. 213. 2. Mon belvédère jouit en double des fureurs et des aménités du temps. Les bourrasques et les rayons lui arrivent de première main...
H.-F. Amiel, Journal intime,1866, p. 210. 3. 2 mai. Joie de quitter Constantinople, qu'il appartient à d'autres de louer. Riante mer où les dauphins exultent. Aménité des rives de l'Asie...
A. Gide, Journal,1914, p. 400. B.− P. ext. [En parlant d'une pers. ou de ses qualités morales, de son langage] Charme fait de douceur et de courtoisie. 1. [Gén. avec un compl. prép. ou un adj.] :
4. Au milieu de toutes ces privations, elle ne perdait rien de l'aménité de son caractère, ni de l'affabilité, de la bonté extrême et universelle qui l'avaient toujours distinguée.
Ch. de Montalembert, Hist. de sainte Élisabeth de Hongrie,1836, p. 209. 2. Emploi abs. Plein d'aménité : 5. ... connaissant le baron comme je le connais, j'en arrive à me demander quel concours de circonstances a pu pousser à un tort aussi grave un homme si paisible et si doux, l'expression même du savoir-vivre, de la courtoisie et de l'aménité.
G. Courteline, Le Gendarme est sans pitié,1899, 1, p. 154. Rem. Assoc. syntagm. et paradigm. fréq. l'aménité du caractère, aménité des manières, aménité des mœurs, aménité des propos; l'aménité et la douceur, aménité et la grâce, aménité et l'affabilité, aménité et le charme. − Par antiphrase (au plur.). Paroles déplaisantes, injures ou critiques. Échanger des aménités, se dire des aménités : 6. Dès qu'on touche au jansénisme proprement dit, on se dérobe difficilement à ces aménités polémiques.
Ch.-A. Sainte-Beuve, Port-Royal,t. 1, 1840, p. 296. 7. Ainsi ce sont « les partisans de Dreyfus » qui faisaient retentir le palais des cris de mort à Zola! à l'eau Leblois! mort aux juifs! et autres aménités de chrétienne mansuétude...
G. Clemenceau, L'Iniquité,1899, p. 295. Prononc. : [amenite]. Étymol. ET HIST. − 1. 1358 « (d'un lieu, d'un paysage) agrément, charme fait de douceur » (G. de Digulleville, Trois pelerinages, fo5bds Gdf. Compl. : L'amenité du paradis terrestre), qualifié de peu usité par Rob.; 2. 1740 (Ac. : On l'emploie aussi fig. Il a de l'aménité dans son style. Il n'a nulle amenité dans l'humeur). Au plur., iron., dep. le mil. du xixes. (supra et Lar. 19e), d'apr. l'expression (non iron.) les aménités du style (Rollin, Traité des études 1726-28, IV, II, 1 ds DG).
Empr. au lat. amoenitas attesté dep. Plaute, Capt. 774 ds TLL, s.v., 1961, 57 (amoenus dies); au sens « agrément d'un lieu » dep. Cicéron, Prov., 29, ibid., 1960, 53 : amoenitas eum ..., locorum, urbium pulchritudo retinet; au sens « agrément d'une personne » Plaute, Mil., 1172, ibid., 1961, 73 : formam amoenitatemque illius, faciem, pulchritudinem collaudato. STAT. − Fréq. abs. litt. : 157. BBG. − Bailly (R.) 1969 [1946]. − Bar 1960. − Bél. 1957. − Bénac 1956. − Boiss.8. − Daire 1759. − Duch. Beauté 1960, pp. 175-176. − Dup. 1961. − Gramm. t. 1 1789. − Laf. 1878. − Lav. Diffic. 1846. − Noter-Léc. 1912. − Prév. 1755 (s.v. amenité). |