| AMORTIR, verbe trans. I.− Emploi trans. Affaiblir graduellement, le cas échéant en la supprimant, une force, une charge pénible. A.− [Aspect non perf. : l'affaiblissement est une fin en soi et n'entraîne pas suppression] 1. [L'obj. désigne un inanimé concr.] Rendre moins violent, atténuer graduellement. a) [L'obj. désigne un mouvement à impact violent : choc, chute, coup, etc.] :
1. Le poisson-lune, par exemple, a sous sa peau une couche épaisse de deux ou trois travers de doigt d'une substance blanche, semblable à du lard, mais qui présente tous les caractères chimiques de l'albumine. L'usage de ces diverses substances placées sous la peau paroît être d'amortir les coups et les autres chocs venant du dehors, et de diminuer leur effet sur les chairs; ...
G. Cuvier, Leçons d'anatomie comparée,t. 2, 1805, p. 578. 2. Si Philippe reçut un coup de sabre qui lui coupa le front et une partie de la figure, il fendit obliquement la tête de Max par un terrible retour du moulinet qu'il opposa pour amortir le coup d'assommoir que Max lui destinait.
H. de Balzac, La Rabouilleuse,1842, p. 543. 3. Si les secousses paraissent fusionnées dans les cas normaux, cela tient sans doute à ce que les différents faisceaux de fibres d'un muscle ne sont pas tétanisés d'une façon synchrone; la somme de leurs oscillations, encore amorties par l'élasticité musculaire, donne alors une contraction globale régulièrement soutenue.
H. Camefort, A. Gama, Sciences naturelles,1960, p. 192. b) P. anal. [L'obj. désigne un phénomène naturel susceptible de produire un choc sur la sensibilité physique] − [Sur la vue, etc. : lumière, couleur] Diminuer l'éclat de, estomper : 4. Gervaise couvrit le feu de deux pelletées de cendre. Elle imagina en outre de tendre une paire de draps sur les fils de laiton du plafond, en manière de stores, afin d'amortir le soleil.
É. Zola, L'Assommoir,1877, p. 510. 5. Cependant, sous le ciel gris de perle, Venise amortit ses verts et éclaire ses roses.
J.-J. Toulet, Mon amie Nane,1905, p. 131. − [Sur l'ouïe : bruit] Assourdir : 6. Par le sentier un homme s'avance, c'est un pasteur vêtu d'un manteau blanc que fixe autour de sa tête un cercle d'airain; il porte un bâton recourbé et marche dans des sandales de peau de bouc qui amortissent le bruit de ses pas.
G. Flaubert, La Tentation de saint Antoine,1849, p. 380. − [Sur la sensibilité d'un obj. naturel, etc.] :
7. Dans notre Bretagne, où la propriété est morcelée, les champs sont fréquemment entourés de talus recouverts de végétation, qui gênent le ruissellement des eaux et amortissent les vents, protégeant ainsi le sol qui s'altère moins que dans beaucoup de régions de grande culture.
Ch. Maurain, La Météorologie et ses applications,1950, p. 234. c) [Aux sens phys. a et b, mais avec un obj. désignant un choc mécan.] − Dans le vocab. techn. gén. : 8. ... l'air alternativement refoulé et aspiré dans le cylindre modérateur amortit le mouvement de la soupape et l'empêche de battre sur son siège.
J.-N. Haton de La Goupillière, Cours d'exploitation des mines,1905, p. 548. 9. La bêche de crosse [dans l'affût à coulisse] supporte (...) directement la percussion du tir, amortie par des freins.
Capitaine Alvin, Leçons d'artillerie,Matériel, 1908, p. 118. 10. Quand on veut amortir plus complètement le bruit de l'échappement, on met deux pots d'échappement à la suite l'un de l'autre...
R. Champly, Nouvelle encyclopédie pratique,t. 18, 1927, p. 171. 11. Pour amortir les changements de régime [des alternateurs d'émission radiotélégraphique], on peut (...) compter sur les variations des couples moteur et résistant ainsi que sur le gros moment d'inertie des masses tournantes.
J. Mercier, Traité de radio-électricité,Oscillateurs à haute fréquence, t. 1, 1937, p. 78. 12. Les anneaux présentent sur les menottes utilisées dans le cas des wagons l'avantage de pouvoir s'incliner latéralement, ce qui donne plus de souplesse à l'articulation et permet à la suspension de mieux amortir les efforts transversaux ressentis par le véhicule.
M. Bailleul, Notions de matériel roulant des chemins de fer,1951, p. 102. − Dans certaines techn. partic. ♦ ART CULIN. [L'obj. désigne des herbes, des légumes] Rendre moins âcre (et accessoirement rendre plus souple) : 13. Après avoir été épluchée et lavée avec soin, on jette la chicorée dans l'eau bouillante, ou on la retourne jusqu'à ce qu'elle soit amortie et non cuite.
L.-E. Audot, La Cuisinière de la campagne et de la ville,1896, p. 642. Rem. ,,Dans cette acception, il s'emploie plus ordinairement comme neutre.`` (Ac. 1798-1878, Guérin 1892). Cf. infra II A 2 b. P. anal. [L'obj. désigne de la viande] Rendre plus tendre. Synon. plus usuel mortifier :14. Entrecôte au jus. Vous prenez la côte de bœuf qui se trouve sous le paleron; vous la parez (...) il faut la battre afin de l'amortir...
A. Viard, Le Cuisinier royal,1831, p. 86. ♦ DR. ANC. (cf. étymol.). ♦ IMPR. ANC. Amortir les cuirs. ,,Les faire tremper dans l'eau pour les rendre plus souples, afin de les monter plus facilement sur les balles.`` (Lar. 19e). ♦ MAR. Amortir une embardée, une abattée. Les atténuer (cf. Le Clère 1960). − Dans le domaine des B.-A., en partic. ♦ MUSIQUE : 15. ... dans les fanfares françaises (...) les saxotrombes remplacent avec avantage les cors, dont la sonorité a pour effet d'amortir l'éclat des trompettes et des cornets.
Gevaert, Traité d'instrumentation,1885, p. 294. ♦ PEINTURE : 16. Si l'on se prévaut de l'absence de touche de certains tableaux de grands maîtres, il ne faut pas oublier que le temps amortir la touche.
E. Delacroix, Journal 3,1863, p. 19. 2. Au fig. Diminuer progressivement quelque chose. a) [L'obj. est un inanimé abstr.] Amortir le(s) feu(x) de la jeunesse, amortir les passions (Ac. 1798-1932) : 17. Il [le syndicat] apaise les mécontentements, il amortit les plaintes, il sert la marche de l'entreprise.
Traité de sociologie,t. 1, 1967, p. 485. − Absolument : 18. Son rôle [de la morale] est de s'interposer, d'amortir, d'empêcher.
M. Aymé, Travelingue,1941, p. 160. b) Vieilli, rare. [L'obj. désigne une collectivité ou une pers. ou les qualités d'une collectivité ou d'une pers.] Diminuer l'originalité excessive de : 19. La France française a su attirer, absorber, identifier les Frances anglaise, allemande, espagnole, dont elle était environnée. Elle les a neutralisées l'une par l'autre, et converties toutes à sa substance. Elle a amorti la Bretagne par la Normandie, la Franche-Comté par la Bourgogne; ...
J. Michelet, Introduction à l'Histoire universelle,1831, pp. 446-447. − Péj. Diminuer l'éclat de quelqu'un ou d'une qualité de quelqu'un : 20. Ce théâtre n'a pas su non plus, ou n'a pas voulu conserver ou employer les comédiens de talent qu'il avait. Il a maladroitement ou à dessein amorti Madame Dorval, notre première tragédienne, et l'a complètement sacrifiée à Mademoiselle Georges.
A. de Musset, Revue des Deux Mondes,30 août 1832, p. 642. 21. ... il [Camille Jordan] ne se blasa jamais comme tant d'autres avec les années; l'expérience n'émoussa point sa vivacité et n'amortit point sa fraîcheur morale...
Ch.-A. Sainte-Beuve, Nouveaux lundis,t. 12, 1863-1869, p. 335. B.− [Aspect perf. : l'affaiblissement aboutit à la suppression de son obj.] 1. Diminuer le plus souvent graduellement (une force, une charge aux effets dangereux ou pénibles) jusqu'à suppression ou arrêt complet. a) MAR. Amortir un bateau, ,,l'échouer très haut par une grande marée, de manière (...) qu'il reste au sec pendant toute la morte-eau`` (Le Clère 1960); amortir l'erre (d'un navire), ,,freiner peu à peu la vitesse acquise d'un bateau jusqu'à le stopper complètement`` (Barber. 1969). b) P. anal., FIN. − [L'obj. désigne une dette, un emprunt, une rente, etc.] Éteindre une dette, une redevance, etc. en remboursant le capital par paiements successifs. Amortir la dette publique : 22. Pierre, par la même occasion, amortit et acquitte définitivement la pension de sa fille religieuse.
R. Brasillach, Pierre Corneille,1938, p. 481. ♦ Plus particulièrement. Amortir une action. Rembourser à l'actionnaire le montant nominal de cette action et la remplacer par une action de jouissance. − [L'obj. désigne une acquisition importante, une construction, etc.] Pour tel bien donné, reconstituer, principalement à l'aide de sommes provenant de son exploitation, le montant, revalorisé en pouvoir d'achat, du capital dépensé pour se procurer ce bien. Amortir une maison, un matériel : 23. Cette affaire lui laissa un bénéfice net d'environ cent soixante mille francs. Il gardait de plus entre les mains un outillage neuf, mieux adapté que l'ancien à la fabrication des chaussures militaires, outillage qui se trouvait déjà presque amorti, et qui allait lui permettre de travailler avec une marge de profit plus grande.
J. Romains, Les Hommes de bonne volonté,Verdun, 1938, p. 170. 24. Les routiers pourraient faire observer qu'en contrepartie le capital de la SNCF est amorti, que l'État prend en charge la reconstruction, la modernisation et l'équipement du chemin de fer alors qu'eux sont obligés d'amortir leur matériel avec leurs bénéfices d'exploitation.
C. Pineau, La S.N.C.F. et les transports français,1950, p. 40. Rem. 1. Ce sens apparaît pour la première fois ds Ac. t. 1 1932. 2. À ce sens se rattache le sens de amortir en comptab. ,,déterminer la perte subie sur les valeurs d'actifs amortissables et les imputer soit aux coûts de revient, soit aux résultats`` (Lar. encyclop.). c) [Autres domaines] − DR. ANC. (cf. étymol.). − HORLOGERIE : 25. [il se produit une] Extinction naturelle des vibrations pendulaires libres amorties à la fois par une résistance visqueuse et par un frottement constant.
J. Andrade, Horlogerie et chronométrie,1924, p. 50. − SP. (football). ,,Immobiliser le ballon pour s'en rendre maître.`` (Lar. encyclop.). − TECHNOL. Amortir la chaux vive. L'éteindre ,,en jetant de l'eau dessus, et en l'écrasant, en la corroyant pour la rendre propre à faire du mortier`` (Jossier 1881). 2. Au fig. ou par métaph., rare : 26. Grâce à la justice tardive des heures qui amortissent les rancunes, les étonnements et les mauvais vouloirs, et emportent lentement chaque obstacle dans la tombe, nous ne sommes plus au temps où le nom de M. Delacroix était un motif à signe de croix pour les arriéristes, et un symbole de ralliement pour toutes les oppositions, intelligentes ou non; ...
Ch. Baudelaire, Salon de 1845,1845, p. 8. 27. La mansuétude de l'âge avait calmé les plus vives colères. La vie avait repris son cours, fermant les blessures, réparant les désastres, amortissant les regrets, ou les apaisant sous des regrets plus récents.
E. Fromentin, Dominique,1863, p. 69. II.− Emplois pronom. et neutres A.− [Le suj. désigne une réalité phys.] 1. [Le suj. désigne un mouvement violent, un coup, un bruit, une couleur] Devenir plus faible, moins violent. S'amortir par degrés, insensiblement, vite : 28. La voiture avançait en égrenant un joli chapelet de détonations qui s'amortissaient dans l'étendue.
G. Duhamel, Chronique des Pasquier,Vue de la terre promise, 1934, p. 86. − Dans la lang. techn. gén. : 29. On peut montrer que l'opérateur de Boltzmann admet comme fonctions propres les fonctions sphériques, famille de fonctions à deux indices qui correspondant à des anisotropies d'autant plus fortes que les indices sont élevés. En partant d'une fonction de distribution arbitraire des électrons dans l'espace des vitesses, on montre alors que, par collisions avec les molécules supposées en équilibre thermique, les anisotropies initiales s'amortissent dans le temps : ...
Hist. générale des sciences,t. 3, vol. 2, 1964, p. 316. 2. [Le suj. désigne une chose à effet dangereux ou pénible] Être réduit progressivement jusqu'à l'arrêt complet, jusqu'au néant, etc. Venir s'amortir. a) Dans la lang. techn. gén. : 30. ... il est encore des natures flasques et cotonneuses où les idées d'autrui viennent mourir comme des boulets s'amortissent dans la terre molle des redoutes.
H. de Balzac, Le Père Goriot,1835, p. 114. 31. La vibration d'un excitateur s'amortit donc beaucoup plus vite que celle d'un résonateur.
H. Poincaré, La Théorie de Maxwell et les oscillations hertziennes,1899, p. 49. b) En partic. − ART CULIN. Devenir plus tendre. Faire amortir des herbes dans de l'eau bouillante, faire amortir du cerfeuil sur une pelle rouge (Ac. 1798-1878). − BEAUX-ARTS : 32. Dans la pratique le choc de seconde s'amortit ordinairement en la dissonance moins âpre de septième majeure ou mineure.
Gevaert, Traité d'harmonie,1885, p. 260. 33. La couleur conserve sur le tableau sa valeur entière; tout au plus peut-elle s'amortir avec la distance, se nuancer de reflets.
F.-Ch. Barlet, J. Lejay, L'Art de demain,1897, p. 30. − FINANCES : 34. Les rentes viagères s'amortissent par la mort du titulaire.
Lar. 19e, 1866. 35. Son atelier est garni maintenant de l'indispensable collection des machines nécessaires. Il a son « poste », ses meules, sa scie, ses sensitives, ses grosses perceuses, son étampeuse, ses cisailles, ses coupe-fer, ses poinçonneuses, ses grugeoirs, ses chignoles, que savons-nous encore? ... Mais, hélas! Tout cela ne travaille guère, fâcheux capital qui ne s'amortit pas, ...
F. Fillon, Le Serrurier,1942, p. 38. − MAR. Amortir, s'amortir. ♦ [En parlant de la mer] :
36. L'on dit que la mer amortit quand les marées, (...) diminuent de hauteur.
É.-T. Quinette de Rochemont, Cours de travaux maritimes,1900, p. 2. 37. Les marées s'amortissent lorsque leur coefficient diminue peu à peu et qu'elles perdent de l'amplitude jusqu'à arriver aux mortes-eaux.
Barber.1969. ♦ [En parlant d'un bâtiment] Rester échoué ou plus rarement attendre sur rade pendant les mortes-eaux avant de reprendre la mer ou de remonter une rivière, avec les fortes marées. 3. Région. (Anjou, Canada) : 38. Le feu va s'amortir, mets-y donc eine fournille.
Verr.-On. t. 1 1908, p. 34. 39. Lorsque la chaleur semblait diminuer, la mère Chapdelaine disait d'un ton inquiet :
− Ne laissez pas amortir le feu, les enfants!
Et Maria, Tit'Bé ou Télesphore ouvrait la petite porte du foyer, jetait un coup d'œil et s'en allait vers la pile de bois sans tarder.
L. Hémon, Maria Chapdelaine,1916, pp. 115-116. Rem. Dans l'ex. 39, la forme neutre remplace la forme pronom. derrière le semi-auxil. laisser; cf. aussi supra A 2 b art culinaire. B.− Au fig. [Le suj. désigne gén. un inanimé abstr.] 1. S'affaiblir : 40. J'avais dit cela parce qu'au contraire je savais que dans la fréquentation constante mon amour s'amortissait et que la séparation l'exaltait; ...
M. Proust, À la recherche du temps perdu,La Fugitive, 1922, p. 469. − Péj. Se dégrader : 41. ... [l'inactivité] fait dériver la force émotive, sans la réduire totalement, vers une action dégradée, de puissance ou de complication pauvres, une partie de l'énergie émotive ayant été employée à vaincre le freinage de l'inactivité : l'élan religieux s'amortit en religiosité ou en ferveur esthétique, l'orgueil en vanité, la haine en ressentiment et en calomnie verbale, ...
E. Mounier, Traité du caractère,1946, p. 245. − P. anal. : 42. Ainsi, peu à peu, tout l'argent avait disparu de ma caisse pour aller s'amortir dans des acquisitions peu productives ou des créances équivoques.
L. Reybaud, Jérôme Paturot,1842, p. 391. 2. [Avec une idée de mort, de fin, d'arrêt] S'éteindre, disparaître : 43. En Angleterre, la couronne laissait volontiers les pairies s'amortir; sous Anne (...) les extinctions depuis le douzième siècle avaient fini par faire un total de cinq cent soixante-cinq pairies abolies.
V. Hugo, L'Homme qui rit,t. 3, 1869, p. 124. − P. anal. : 44. Le Directoire crée pourtant un type de siège extrêmement confortable : la chaise gondole (...). Ce siège généralement assez bas est une savante combinaison du fauteuil en cabriolet et du fauteuil de bureau. Il possède un dossier arrondi et très enveloppant qui vient s'amortir en pente douce jusqu'à la ceinture du siège, formant ainsi les accotoirs.
J. Viaux, Le Meuble en France,1962, pp. 126-127. Prononc. : [amɔ
ʀti:ʀ], j'amortis [ʒamɔ
ʀti]. Enq. : /amoʀti, amoʀtis/. Conjug. agir. Étymol. ET HIST. − 1. Sens propre ca 1190 intrans. « mourir, être comme mort » (Rois, p. 101 Ler. de Lincy ds Gdf. : E sis quers li amortid cume pierre). − xvies. « rendre comme mort » (A. Paré, 23, 6 ds Hug. : Quelques fois on les trouve [les vipères] si surprises de froid qu'elles demeurent toutes amorties et immobiles); 2. emploi fig. a) fin du xiiies. (Roman du Chastelain de Coucy, éd. Crapelet, 7686 ds T.-L., s.v. : moult ot le cuer amorty); b) anc. dr. coutumier 1277 « concéder à titre de mainmorte, diminuer les droits d'un héritage » (Jarcy, Arch. S.-et-O., A 820 ds Gdf. : Requenut soy avoir amorti et en main morte quité a ...); xves. pronom. « donner un bien sous la condition qu'on sera nourri jusqu'à sa mort par le donataire » (Cout. de Reims, redig. par Christ. de Thou, Barth. Fay, et J. Viole, art. CCXXXVII, ibid. : Toute personne debile ou constituee en vieillesse ou maladie, se peut donner et amortir a tel qu'il luy plaira, en luy donnant entre vifs tous ses biens meubles, acquests et conquests immeubles... à la charge d'estre nourry, alimenté et subvenu à sa necessité par le donataire); 1680 fin. (Rich. t. 1 : Amortir. Eteindre. Amortir une rente); c) 1554 archit. admortir « terminer (un ouvrage) » (Baill. de Blois, Richel., Cab. généal, Bret de Villandry ds Gdf. : Frontispice admortie a grans fleurs de lis); d) av. 1680 « rendre moins violent (un choc, un coup) » (La Rochefoucauld, Mémoires ds Rich. t. 1 1680 : Son buste plié en deux amortit le coup de la bale).
Du lat. vulg. *admortire, *ammortire « tuer, mourir » (de mors, mortis « morts »), hyp. suggérée par l'existence des corresp. rom. (REW3, p. 186); cf. avec 2 b lat. médiév. jur. admortare, admortire « concéder à titre de mainmorte » (Charta ann. 1261 ex Chartul. S. Joan. invalle ds Du Cange s.v. : Concedo quod dicti religiosi dictas decimas teneant in manu mortua, et dictis religiosis admortifico seu Amorto). STAT. − Fréq. abs. litt. : 195. BBG. − Bailly (R.) 1969 [1946]. − Bar 1960. − Barber. 1969. − Bél. 1957. − Bénac 1956. − Boiss.8. − Caput 1969. − Dup. 1961. − Dupin-Lab. 1846. − Éd. 1967. − Fér. 1768. − Gautrat Ski 1969. − Gruss 1952. − Jal 1848. − Jossier 1881. − Kuhn 1931, p. 145. − Le Clère 1960. − Mots rares 1965. − Noter-Léc. 1912. − Prév. 1755. − Sandry-Carr. St. Ger. 1963. − Soé-Dup. 1906. − Will. 1831. |