| AMORALITÉ, subst. fém. A.− Vieilli. (Quasi-)synon. immoralité : 1. Du même train que les salaires ou les profits, l'amoralité croissait. Partout, la ruée vers le plaisir, dans les classes bourgeoises comme dans le peuple. Une salacité sournoise, montait, flattait les bas instincts, aussi bien dans le roman que dans le journal, dans les spectacles que dans la publicité.
M. Van der Meersch, Invasion 14,1935, p. 470. Rem. Attesté ds Rob., Lar. encyclop., Quillet 1965, Lar. Lang. fr. B.− Caractère de ce qui est amoral, au-delà de toute distinction entre le bien et le mal : 2. ... il était nécessaire qu'un groupe secondaire, d'un genre nouveau, se formât. C'est ainsi que la corporation prit naissance : elle se substitua à la famille dans l'exercice d'une fonction qui avait d'abord été domestique, mais qui ne pouvait plus garder ce caractère. Une telle origine ne permet pas de lui attribuer cette espèce d'amoralité constitutionnelle qu'on lui prête gratuitement.
É. Durkheim, De la Division du travail social,1893, p. XX. 3. M. Godeau avait lu les privilèges des ducs et pairs dans Saint-Simon sur les genoux de Bouche d'ivoire et surtout chez le même auteur, à propos du cardinal de Bouillon, les prétentions des « princes ». Cet « au delà des lois » ne signifiait encore pour personne « amoralité ». Ceux qui sont obligés, comme les juristes, de traiter la légalité avec respect, essaient d'entretenir une sorte de confusion entre elle et la morale. Ceux qui ont intérêt − comme les bandits et les artistes, − à se passer de la morale, essaient d'entretenir une sorte de confusion entre la légalité et le formalisme, pour rapprocher la morale du formalisme...
M. Jouhandeau, Monsieur Godeau intime,1926, p. 124. 4. Un chrétien déclaré ne saurait aider à répandre ce qui lui fait horreur; car pour lui, il ne s'agissait plus ici d'immoralité au sens courant du mot, ni d'amoralité; dans la lumière de la Foi, c'est le Mal absolu qui se démasquait tout à coup; je serais presque enclin à écrire, le Mal qui est Esprit, le Mal qui est quelqu'un.
F. Mauriac, Le Nouveau Bloc-notes,1961, p. 403. Prononc. : [amɔ
ʀalite]. Étymol. ET HIST. − 1885 philos. (Guyau, Esquisse d'une morale sans obligation ni sanction, p. 102 ds Lal. 1968, s.v. amoral, notes : Absence de fin, amoralité complète de la nature, neutralité du mécanisme infini).
Dér. de amoral*; suff. -ité*. STAT. − Fréq. abs. litt. : 5. |