| AMONCELLEMENT, subst. masc. A.− [Gén. suivi d'un compl. prép. de, au plur. ou au sing. coll.] Action d'amonceler. Amoncellement de débris; l'amoncellement des capitaux dans les mêmes mains est nuisible à la prospérité publique (Ac.1835-1878). − Au fig. : 1. ... si la substance et son développement qu'on expose n'exprimaient pas le panthéisme et le fatalisme, dont j'ai montré la faiblesse scientifique, et si la dialectique appelée à reproduire la série des mouvements de l'idée avait pu se constituer autrement que par un amoncellement d'abstractions impossibles et de déductions illusoires, je n'aurais sans doute qu'à acclamer Hegel, révélateur de l'absolu.
Ch. Renouvier, Essais de critique générale,3eessai, 1864, p. 13. 2. À droite, à gauche, en haut, en bas, on devine, sous ce catafalque d'obscurité et de lumière, une gigantesque file bossuée d'entrepôts et de fabriques noircies. Tant de pierres et de briques, tant de bâtisses et d'inventions, un tel amoncellement de calculs et de labeurs heurtés les uns contre les autres, infatigablement exhaussés et surexhaussés, sans que jamais trêve ou détente puisse adoucir ou suspendre l'acharnement de leur conflit!
H. Taine, Notes sur Paris,Vie et opinions de Monsieur Frédéric-Thomas Graindorge, 1867, p. 286. 3. La mémoire, comme nous avons essayé de le prouver, n'est pas une faculté de classer des souvenirs dans un tiroir ou de les inscrire sur un registre. Il n'y a pas de registre, pas de tiroir, il n'y a même pas ici, à proprement parler, une faculté, car une faculté s'exerce par intermittences, quand elle veut ou quand elle peut, tandis que l'amoncellement du passé sur le passé se poursuit sans trêve.
H. Bergson, L'Évolution créatrice,1907, p. 5. B.− Résultat de cette action : 4. On commençait à s'inquiéter, car on devait déjeuner à Tôtes et l'on désespérait maintenant d'y parvenir avant la nuit. Chacun guettait pour apercevoir un cabaret sur la route, quand la diligence sombra dans un amoncellement de neige, et il fallut deux heures pour la dégager.
G. de Maupassant, Contes et nouvelles,t. 2, Boule de suif, 1880, p. 124. 5. La nuit nous réunissait tous les cinq autour des amoncellements fastueux de gibier doré, nous aimions ces repas du soir où régnait autour de la table une cordialité bruyante...
J. Gracq, Le Rivage des Syrtes,1951, p. 28. − Au fig. : 6. L'orgie des avares et des sanguinaires enveloppa la montagne de son sourcilleux esprit comme d'un tourbillon de tempête, et ce fut la solitude la plus inouïe sur cet amoncellement de douleurs!
L. Bloy, Journal,1904, p. 167. Prononc. : [amɔ
̃sεlmɑ
̃]. Passy 1914 note une durée mi-longue pour la 2esyllabe du mot. Étymol. ET HIST. − Fin xiies. fig. « action de mettre en tas ou monceau; état de ce qui est amoncelé » (Li Epistle S. Bernard a Mont Deu, ms. Verdun 72, fo108 rods Gdf. Compl. : Uns granz amuncelemanz et une dure substance de necessiteit); av. 1250? propre (Déliv. du peuple d'Isr., ms. Le Mans 173, fo29 ro, ibid. : Amoncellement de pierres); de faible vitalité en m. fr., qualifié de vieux par Trév. 1704-1771; reparaît dep. Boiste 1823, au sens propre.
Dér. de amonceler*, au propre et au fig.; suff. -ment1*. STAT. − Fréq. abs. litt. : 164. BBG. − Bailly (R.) 1969 [1946]. − Bar 1960. − Bél. 1957. − Bénac 1956. − Jossier 1881. |