| AMNÉSIE, subst. fém. Perte partielle ou totale de la mémoire. A.− Emploi abs., gén. au sing. L'amnésie en tant que maladie : 1. « ... Ici encore, chaque impression sensible est affectée d'un « vecteur de sens », mais ces vecteurs n'ont plus de direction commune, ne s'orientent plus vers des centres principaux déterminés, ils divergent beaucoup plus que chez le normal ». Tel est le trouble de la « pensée » que l'on découvre au fond de l'amnésie; on voit qu'il concerne moins le jugement que le milieu d'expérience où le jugement prend naissance, moins la spontanéité que les prises de cette spontanéité sur le monde sensible et notre pouvoir de figurer en lui une intention quelconque.
M. Merleau-Ponty, Phénoménologie de la perception,1945, p. 224. 2. Ramassé sans aucun papier, − on ignorait s'il [Lulu] les avait perdus ou volontairement détruits − il avait quelque temps simulé l'amnésie.
M. Druon, Les Grandes familles,t. 2, 1948, p. 248. 3. Outre l'amnésie qui frappe tout ce qui est rejeté dans l'inconscient, il y a une grande différence énergétique entre un souvenir refoulé et un souvenir ordinaire qui dort dans la mémoire.
M. Choisy, Qu'est-ce que la psychanalyse?1950, p. 142. − Au sing. et au plur., littér. Cas de perte de la mémoire, oubli : 4. Et ce ne sera pas parmi leurs amnésies Que nous rechercherons la plus haute mémoire.
Ch. Péguy, Ève,1913, p. 898. 5. L'épreuve de 1914-1918 ne leur avait servi en rien. D'un côté et de l'autre de la Manche, amnésie complète.
L. Daudet, Ciel de feu,1934, p. 128. B.− [Avec un compl. déterminatif prép. de] 1. [Indiquant ce sur quoi porte l'amnésie] :
6. Soit par exemple l'amnésie des noms de couleur. On montre, par les épreuves d'assortiment, que l'amnésique a perdu le pouvoir général de subsumer les couleurs sous une catégorie, et l'on rapporte le déficit verbal à cette même cause.
M. Merleau-Ponty, Phénoménologie de la perception,1945, p. 222. 2. [Indiquant le moment ou l'origine de l'amnésie] :
7. ... à force de volonté on peut rapprendre ce que l'amnésie du sommeil ou d'une attaque a fait oublier et qui renaît peu à peu au fur et à mesure que les yeux s'ouvrent ou que la paralysie disparaît.
M. Proust, À la recherche du temps perdu,La Prisonnière, 1922, p. 121. Prononc. : [amnezi]. Étymol. ET HIST. − 1771 méd. (N. Nicolas, Nosologie méthodique, trad. du lat. de F. Boissier de Sauvages, t. 2, p. 752 : Amnésie, oubli [...] Cette maladie ôte la faculté de reconnoître les idées reproduites dans l'esprit; ou bien c'est une abolition ou diminution de la mémoire).
Empr. au gr. α
̓
μ
ν
η
σ
ι
́
α (de α
̓- privatif et du rad. -μ
ν
η-, cf.
μ
ε
́
μ
ν
η
μ
α
ι « je me souviens »), « oubli » (Les Septante, Sap., 14-15 ds Bailly), par l'intermédiaire du lat. méd. amnesia attesté en 1763 (Boissier de Sauvages, Nosologia methodica). STAT. − Fréq. abs. litt. : 27. BBG. − Bouillet 1859. − Foulq.-St-Jean 1962. − Garnier-Del. 1961 [1958]. − Goblot 1920. − Julia 1964. − Lafon 1963. − Lal. 1968. − Lar. méd. 1970. − Lapl.-Pont. 1967. − Littré-Robin 1865. − Miq. 1967. − Moor 1966. − Nysten 1814-29. − Piéron 1963. − Porot 1960. − Privat-Foc. 1870. − Psychol. 1969. − Sill. 1965. |