| AMNISTIE, subst. fém. A.− DR. ,,Mesure générale faisant remise à tous les inculpés d'une même catégorie de crimes, de délits ou de contraventions, aussi bien des poursuites à exercer que des condamnations prononcées.`` (Nouveau répertoire de droit, Paris, Dalloz, t. 1, 1962, § 1). Loi d'amnistie : 1. ... il n'y a qu'un apaisement, c'est l'oubli. Messieurs, dans la langue politique, l'oubli s'appelle amnistie.
V. Hugo, Actes et paroles,3, 1876, p. 390. 2. ... je suis indigné de l'amnistie, mesure que je trouve inepte et injuste. La logique veut qu'on gracie aussi le prince impérial. Pourquoi ne pas le faire revenir? Il est moins coupable que les assassins de la Commune.
G. Flaubert, Correspondance,1879, p. 169. 3. Je vote pour Cyvoct, candidat de l'amnistie. (...) Je vote pour Cyvoct parce qu'il se présente comme l'homme d'une idée, et que cette idée est grande et généreuse : l'oubli des dissensions passées, pour ramener la paix dans les cœurs, et tâcher de fonder l'ordre de justice sur le consentement de la raison, au lieu de ne connaître entre les hommes d'autre arbitre que la violence.
G. Clemenceau, L'Iniquité,1899, p. 336. Rem. Dans le lang. pop., confusion fréq. avec armistice (cf. Esn. Poilu 1919, p. 360). − Spéc., DIPLOMATIQUE. Lettres* d'amnistie. − P. compar. : 4. Enfin, M. Rezeau eut l'idée que j'attendais de lui, (...) :
− Dans trois jours, dit-il, nous arrivons au premier mai. À l'occasion de la Saint-Jacques, je lèverai toutes les punitions. Je le quittai, satisfait, mais rien ne m'empêchera de penser que l'amnistie est l'expédient des gouvernements faibles.
H. Bazin, Vipère au poing,1948, p. 176. B.− P. ext., littér. Pardon général, oubli : 5. Nous ne savions ni jouer à la balle, ni courir, ni monter sur les échasses. Aux jours d'amnistie, ou quand par hasard nous obtenions un instant de liberté, nous ne partagions aucun des plaisirs à la mode dans le Collége. Étrangers aux jouissances de nos camarades, nous restions seuls, mélancoliquement assis sous quelque arbre de la cour.
H. de Balzac, Louis Lambert,1832, p. 60. 6. Il [le mari] pleure, et quand il pleure, [Madeleine lui dit] d'un petit ton goguenard : « Va, va, pleure, ça te fait du bien. Ça passera. » Et à toutes les amnisties du mari : « Tu es bon, toi, mais ce n'est pas ta faute; tu es bon parce que tu es faible. »
E. et J. de Goncourt, Journal,août 1858, p. 501. Prononc. ET ORTH. − 1. Forme phon. : [amnisti]. 2. Hist. − Fér. 1768 précise : ,,Prononcez ame-nis-ti-e, en 4 syllabes ne faisant point sentir l'e ajouté à l'm`` (cf. aussi Fér. Crit. t. 1 1787). Fér. 1768 dit également que ,,quelques-uns écrivent mal à propos amnestie`` (cf. aussi Fér. Crit. t. 1 1787 et Ac. Compl. 1842, s.v. amnestie). Ac. 1798 précise que l'on prononce l'm et l's. Étymol. ET HIST. − 1. 1546 « pardon collectif accordé par le souverain » (Rabelais, Le Tiers Livre, éd. M. A. Screech, 1, 25 : pardonnant tout le passé, avecques oubliance sempiternelle de toutes offenses praecedentes, comme estoit la Amnestie des Atheniens); 2. 1548 p. ext. « oubli en général » (Du Fail, Eutrap., IV ds Gdf. Compl. : Jettoit tout inconvenient sur l'amnestie des temps, ou les disciplines auroient esté dissipees et perdues).
Empr. au gr. α
̓
μ
ν
η
σ
τ
ι
́
α (de α
́
μ
ν
η
σ
τ
ο
ς « oublié ») au sens 1, Plutarque, Cic., 42 ds Bailly; au sens 2, sens primitif du gr., Diogene Laerce, 9, 14, ibid. La forme amnestie reproduisant l'orth. gr., est supplantée dep. le xviies. par la forme amnistie (cf. Rich. 1680 : La raison est pour amnestie, mais l'usage est pour amnistie), reproduisant la prononc. gr., l'η ayant pris en gr. byz. et conservé depuis, le son [i]. STAT. − Fréq. abs. litt. : 120. BBG. − Aquist. 1966. − Bach.-Dez. 1882. − Bailly (R.) 1969 [1946]. − Bar 1960. − Barr. 1967. − Bél. 1957. − Bénac 1956. − Blanche 1857. − Bouillet 1859. − Boiss.8. − Bruant 1901. − Cap. 1936. − Dup. 1961. − Fér. 1768. − Hanse 1949. − Lar. comm. 1930. − Lav. Diffic. 1846. − Lavedan 1964. − Lemeurier 1969. − Lep. 1948. − Noter-Léc. 1912. − Pol. 1969. − Prév. 1755. − Réau-Rond. 1951. − Réau-Rond. Suppl. 1962. − St-Edme t. 1 1824. − Spr. 1967. − Thomas 1956. |