| AMICAL, ALE, AUX, adj. et subst. fém. I.− Adj. Qui présente le caractère de l'amitié, qui témoigne ou manifeste de l'amitié : 1. Je ne prononce jamais légèrement le mot amitié. J'ai une sorte de religion pour ce sentiment... L'amitié est pour moi un sentiment si puissant que l'expression ordinaire me paraît insuffisante, et que je dis souvent : j'ai l'amour de l'amitié comme on a l'amour filial, maternel; pourquoi ne pas avoir l'amour amical?
P. Loti, Journal intime,t. 1, 1878-1881, p. 238. 2. Et tout s'est à jamais faussé dans ta vie : faussée l'amour filiale et faussée l'amour fraternelle; (...) l'amitié, le premier des biens; après les biens de Dieu; dans les biens de Dieu; faussées tes amours familiales; faussées tes amours amicales, faussées tes amitiés; faussés tous tes sentiments : ta vie tout entière est menteuse et fausse.
Ch. Péguy, Le Mystère de la charité de Jeanne d'Arc,1910, p. 60. − Loc. À titre amical. À titre d'ami : 3. Les assistants formaient la haie, se pressant pour voir défiler, derrière le fils Thibault, le sous-préfet, le maire de Compiègne, (...) et, parmi d'autres célébrités dont on se chuchotait les noms, quelques membres des Sciences morales, venus à titre amical honorer la dépouille de leur confrère.
R. Martin du Gard, Les Thibault,La Mort du père, 1929, p. 1356. A.− [En parlant d'une pers., de son comportement, de ses qualités] 1. [En parlant d'une pers. dans sa manière d'être gén.] :
4. Il y avait dans l'empressement même de Lorrain quelque chose qui voulait dire qu'il était domestique par amitié et portier par dévouement. (...) Vingt fois Robert eut envie de chasser Lorrain. Mais pourquoi? Sous quel prétexte? Lorrain était excellent concierge, il n'était que familier et amical, et, d'ailleurs, on ne pouvait mettre un pays, un ancien camarade sur le pavé.
A. Karr, Sous les tilleuls,1832, pp. 232-233. 5. ... la connaissance fut bientôt faite avec Félicité. Cet air d'amis que nous eûmes d'abord surprit tout le monde, ceux qui ne savaient pas que nous nous connaissions déjà de cœur. Je trouve notre cousine bonne, simple, amicale, t'aimant beaucoup, ce qui fait que je ne l'aime pas peu.
E. de Guérin, Lettres,1836, pp. 111-112. 6. J'ai cependant beaucoup pensé, depuis mon retour, à tous mes amis d'Angleterre et particulièrement à vous qui êtes le plus ancien et assurément l'un des meilleurs et j'ai toujours pensé avec un sentiment d'affection et de reconnaissance. On m'a véritablement comblé de témoignages d'amitié et de considération dans votre pays et je serais bien ingrat si j'en perdais jamais le souvenir. Nul parmi vos compatriotes n'a été plus véritablement amical que vous et les vôtres...
A. de Tocqueville, Correspondance avec Henry Reeve,1857, pp. 228-229. 7. Elle se fit l'illusion qu'elle pouvait peut-être le consoler d'elle. Amicale et confiante, elle vint s'asseoir près de lui.
A. France, Le Lys rouge,1894, p. 238. 8. ... je sais à présent pourquoi, m'étant venu chercher tu es devenu tour à tour moins amical, puis agressif et aujourd'hui mon ennemi, ...
É. Estaunié, L'Ascension de Monsieur Baslèvre,1919, p. 290. 9. Belle et vêtue de couleurs sobres, élégante et distante ou amicale et rieuse, la jeune fille qui m'apparaissait ne s'enveloppait dans son aspect de passante que pour me séparer éternellement de moi-même.
J. Bousquet, Traduit du silence,1935-1936, p. 81. 10. Il est avec moi presque aimable et même presque amical.
G. Duhamel, Chronique des Pasquier,Les Maîtres, 1937, p. 88. 11. De toute sa vie, Sigismond n'a eu qu'un seul allié sûr, le marquis d'Este, − et on voudrait que le marquis lui fût resté toujours amical et fidèle, après que Sigismond eut étranglé sa fille!
H. de Montherlant, Malatesta,1946, III, 5, p. 503. − Except. [En parlant d'une collectivité hum.] :
12. Elle y passait ensuite les heures tièdes de l'après-dînée, (...) quelquefois en promenades avec nous et en visites à pied dans le voisinage. Ce voisinage était animé, amical, presque une parenté générale entre tous ceux qui l'habitaient. On eût dit qu'elle avait répandu de son âme la simplicité, la candeur, l'affection sur toute la contrée.
A. de Lamartine, Nouvelles Confidences,1851, p. 110. 13. Sa collection de vieux généraux, de vieux amiraux, de vieux ambassadeurs, était dépareillée par la mort. Beaucoup de beaux spécimens manquaient tout à fait, n'ayant pas été remplacés dans leurs cadres. Elle-même s'endormait quelquefois dans un fauteuil, au milieu d'un cercle amical et ironique.
A. Maurois, Climats,1928, p. 231. 14. Cependant, nous tenions pour nécessaire que reparaisse une Pologne maîtresse de ses destinées, pourvu qu'elle soit amicale envers la France et envers la Russie.
Ch. de Gaulle, Mémoires de guerre,Le Salut, 1959, p. 65. 2. [En parlant d'une partie de la pers. ou d'un aspect du comportement hum.] Accueil amical : 15. Tout entier à l'admiration des charmes que surprenait son regard avide, Julien ne songeait nullement à l'accueil amical qu'il s'attendait à recevoir. Il fut d'autant plus étonné de la froideur glaciale qu'on cherchait à lui montrer, et à travers laquelle il crut même distinguer l'intention de le remettre à sa place.
Stendhal, Le Rouge et le Noir,1830, p. 69. 16. Son tempérament volontaire, toujours disposé à exiger sans jamais vouloir se plier à aucune concession, écartait de lui tout mouvement amical, toute démonstration sympathique.
A. Dumas père, Le Comte de Monte-Cristo,t. 1, 1846, pp. 434-435. 17. ... les défauts d'une simple connaissance, et même d'un ami, sont pour nous de vrais poisons, contre lesquels nous sommes heureusement « mithridatés ». Mais, sans apporter le moindre appareil de comparaison scientifique et parler d'anaphylaxie, disons qu'au sein de nos relations amicales ou purement mondaines, il y a une hostilité momentanément guérie, mais récurrente par accès.
M. Proust, À la recherche du temps perdu,Sodome et Gomorrhe, 1922, p. 660. 18. Mais un Disraëli ne pouvait rêver combinaison plus favorable à ses idées. Ce regret du passé qu'éprouvaient les malheureux, cette tristesse d'avoir vu substituer une charité administrative et dure aux secours amicaux de la paroisse et du château, c'était, transformé en sentiment naïf, le conservatisme populaire qu'il avait toujours prêché.
A. Maurois, La Vie de Disraëli,1927, pp. 140-141. a) Domaine de l'expr. physique.Tape amicale : 19. Elle alla d'un air tragique jusqu'à Montès, elle lui donna sur la tête une petite tape amicale, elle le regarda pendant un instant en laissant voir sur sa figure une admiration comique, et hocha la tête.
H. de Balzac, La Cousine Bette,1846, p. 376. 20. Sur quoi, le bleu : − Mais, mon lieutenant...
Alors l'adjudant Flick souriait, et, avec un geste de la main, bienveillant et amical :
− Allons, voyons, ne répliquez pas! c'est curieux que lorsqu'ils arrivent, ils ont tous cette habitude!
G. Courteline, Le Train de 8 h 47,1888, 1repart., 2, p. 22. 21. Et il partit, après avoir de nouveau baisé ses cheveux blancs. Elle se remit à son travail, avec son sourire amical, plein d'indulgence. N'était-elle pas seulement une amie qui se donnait!
É. Zola, L'Argent,1891, p. 243. 22. Elle fut offensée qu'il se permît de l'interroger, et plus encore par son regard amical. Elle répondit d'un ton sec :
− « Non, je ne vais dans aucune école; je travaille avec une institutrice ». Il eut un mot malencontreux :
− « Oui, pour une fille, ça n'a pas d'importance ». Elle se rebiffa :
− « Ce n'est pas l'avis de maman. Ni de Daniel ». Elle le dévisageait avec des yeux franchement hostiles.
R. Martin du Gard, Les Thibault,Le Pénitencier, 1922, p. 800. 23. Celui-ci avait pris le jeune homme par le bras : « Où c'est que tu vas, mon pote? » Il y avait de la menace dans ce ton bonhomme, et la poigne était solide. « Travailler », dit Armand, les yeux luisants, avec tout l'orgueil de ce mot. Aussitôt il y eut un rassemblement autour de lui : « un jaune! un jaune! » Ce n'étaient plus des faces amicales, mais des gueules d'adversaires.
L. Aragon, Les Beaux quartiers,1936, p. 496. Rem. Autres syntagmes air, épaule, manières, œil, salut, signe de tête, visite amical(e)(s). b) Domaine de l'expr. verbale.Conseil amical, conversation amicale : 24. Votre aimable lettre ne m'est arrivée qu'hier 23; j'espère que celle-ci n'éprouvera pas un retard aussi considérable. J'accepte avec reconnaissance l'offre amicale que vous me faites; Élie y est également sensible, mais, ne pouvant quitter La Chênaie pendant l'absence de M. Gerbet, il se voit privé, à grand regret, du plaisir de se rendre à votre invitation.
M. de Guérin, Correspondance,1833, pp. 96-97. 25. Qu'on lise les lettres de Marie Leczinska à la duchesse de Luynes et de Marie-Antoinette à Mmede Lamballe, à Mmede Polignac, on sera étonné du ton familièrement amical de ces lettres, de leur caresse intime, d'égale à égale, cœur à cœur.
E. et J. de Goncourt, Journal,mars 1863, p. 1246. 26. ... il me semble que mes lettres ont dû vous parvenir, puisque je crois avoir reçu des réponses. Ces réponses, ce sont de cordiales et amicales paroles que m'apporte le Charivari. Aujourd'hui, je lis une noble page de vous sur les Travailleurs de la mer.
V. Hugo, Correspondance,1866, p. 537. 27. − Montez et venez causer un instant, de bonne amitié, avec moi. Puis vous resterez à dîner. Est-ce bien ainsi? Elle avait un accent presque suppliant et si affectueux, si amical, que l'idée de me dérober encore ne me parut plus admissible.
J.-A. de Gobineau, Les Pléiades,1874, p. 56. 28. ... Rarahu qui suivait avec moi une des avenues ombragées de Papeete, adressa un bonjour moitié amical, moitié railleur, − un peu terrifié aussi, − à une créature baroque qui passait. La grande femme sèche, qui n'avait de la Tahitienne que le costume, y répondit avec une raideur pleine de dignité, et se retourna pour nous regarder.
P. Loti, Le Mariage de Loti,1882, p. 61. 29. Je ne pus même pas trouver un après-midi pour aller à Doncières voir Saint-Loup, comme je le lui avais promis. Les réunions mondaines, les conversations sérieuses, voire une amicale causerie, si elles avaient pris la place de mes sorties avec ces jeunes filles, m'eussent fait le même effet que si à l'heure du déjeuner on nous emmenait non pas manger, mais regarder un album.
M. Proust, À la recherche du temps perdu,À l'ombre des jeunes filles en fleurs, 1918, p. 892. 30. Un journaliste américain affirme qu'à Paris des affiches apposées par les autorités allemandes ont été arrachées jusqu'à la dernière. Ces affiches étaient cependant rédigées dans un style amical, protecteur. Se peut-il que Paris ne soit pas mort?
J. Green, Journal,1940, p. 6. 31. Elle disait à mi-voix des choses très amicales, très tendres, et il s'abandonnait, sur le point de pleurer.
G. Duhamel, Chronique des Pasquier,Suzanne et les jeunes hommes, 1941, p. 256. 32. Sa voix courtoise et amicale gardait un accent de froideur, et je sentis qu'il hésitait à parler.
J. Gracq, Le Rivage des Syrtes,1951, p. 310. Rem. Autres syntagmes article, bonsoir, exhortation, lettre, plaisanterie, protestations amical(e)(s). − En partic. [Dans des formules de politesse] Amical souvenir : 33. Aussi est-ce moins dans ce but que je vous écris que dans l'intention de me rappeler à votre amical souvenir. Les journaux vous auront appris la faveur dont sa majesté m'honore. Je vous remercie d'avance du plaisir que vous aurez éprouvé de cette nouvelle. Vous voyez que je me crois sûr de votre amitié comme vous l'êtes de la mienne. Personne n'a pour vous une plus haute estime que votre bien dévoué Victor Hugo.
V. Hugo, Correspondance,1825, p. 401. 34. Merci, mon cher ami, de ton bon et amical souvenir.
A. de Lamartine, Correspondance,1836, p. 227. 35. Agréez, mon cher président, l'hommage de ma sincère et amicale admiration.
H. de Balzac, Correspondance,1840, p. 136. 3. [En parlant d'une qualité hum.] Confiance amicale : 36. La douce et voluptueuse montée vers le ciel, l'aide amicale, amoureuse, que se prêtent les âmes, sont peintes avec un détail charmant, dans l'esquisse toute rose (numéro 325, cabinet XII), qui visiblement fut peinte pour charmer une femme.
J. Michelet, Journal,juill. 1842, p. 443. 37. ... restons-en du moins à la bienveillance affectueuse, et à la politesse amicale. À défaut d'intimité, de confiance et d'abandon, on peut s'établir dans la camaraderie sans rancune, sans prétention ni curiosité.
H.-F. Amiel, Journal intime,août 1866, p. 418. 38. ... « Parler intimement des autres de son vivant, même avec un sentiment sympathique ou amical, sans les blesser, les peiner, les chagriner, ça me paraît impossible et dans ce dernier volume, je ne veux plus parler que de moi. »
E. et J. de Goncourt, Journal,juin 1894, p. 594. 39. Qu'est-ce qu'il pense? Que j'ai cru à de la tendresse amicale? Il ne faudrait pas penser différemment, cela serait dérangeant et très mal à moi, puisqu'il n'est pas seul... En réalité, je ne sais trop que penser : est-ce un effet de la tendresse amicale, un peu émue, ou une manière d'être avec les femmes? Il y a des hommes qui ne peuvent pas rester seul avec une femme sans avancer la main.
E. Triolet, Le Premier accroc coûte deux cents francs,1945, p. 351. Rem. gén. 1. Assoc. paradigm. a) (Quasi-)synon. affable, affectueux, aimable, bienveillant, bon, charmant, confiant, consolant, cordial, courtois, doux, familier, fidèle, fraternel, gracieux, hospitalier, sympathique, tendre. b) Anton. inamical, acerbe, agressif, aigre, antipathique, cruel, distant, dur, froid, glacial, hostile, indifférent, ironique, malveillant, menaçant, moqueur, neutre, railleur, sec. Rem. 2. Comme le montre l'ex. 10, amical est plus fort et exprime une plus grande chaleur humaine que aimable; il s'oppose nettement à mondain (ex. 17). Rem. 3. Il se construit le plus souvent sans compl., rarement avec un compl. introd. par la prép. avec (ex. 10) ou envers (ex. 14), à (ex. 50) ou très except. avec un pron. pers. indir. (ex. 11); il n'est que rarement antéposé au subst. et alors avec une valeur nettement expr. (ex. 26, 29, 33, 35). Rem. 4. Amical se construit parfois, pour l'atténuer, avec un subst. de valeur légèrement iron. ou péj. : 40. À M. le Comte de Schulembourg. Saint-Pétersbourg, 26 septembre 1811. Je n'aime pas trop, mon très cher et aimable Comte, ce qu'on appelle le commercium epistolicum; rarement on a de part et d'autre le temps de s'y livrer : cette régularité, d'ailleurs, peut fatiguer, et de mauvais plaisants seraient capables de l'appeler le devoir amical.
J. de Maistre, Correspondance,1796-1821, p. 61. 41. Rentré chez lui, il trouva dans son cabinet une lettre de huit pages sur papier à glaçure bleue et initiales R. A. Cela commençait par des reproches amicaux : « Que devenez-vous, mon cher? Je m'ennuie ».
G. Flaubert, L'Éducation sentimentale,t. 1, 1869, p. 255. 42. Je parle du prêtre médiocre, car sitôt évadés, rendus libres, ce ne sont, entre nous, que des bonshommes ennuyeux. Témoin ce Loisy, que j'ai tant aimé, devenu un pédant rageur et qui m'assomme... Mais Ludovic!
− MgrEspelette m'a donné ce conseil, en effet, avoua Pernichon. Il a toujours été très bon, très bienveillant...
− La bienveillance même! cria M. Guérou d'une voix aiguë. N'allez pas prendre au tragique une plaisanterie amicale!
G. Bernanos, L'Imposture,1927, p. 430. Rem. 5. Amical prend la forme d'un masc. sing. inv. avec une valeur de neutre dans les constr. du type (tout) ce qu'il y a d'amical, rien d'amical, etc. : 43. Laure est un nom chéri pour moi, c'est un nom qui s'est offert à moi jusqu'à présent comme la réunion dans le plus petit espace possible, de tout ce qu'il y a de gracieux, de charmant, d'amical, de fraternel, de vertueux; ...
H. de Balzac, Correspondance,1822, p. 153. 44. Je lui parlai aussi de prochaines promenades que nous pourrions faire. Elle fut peut-être sensible à ce que je mettais maintenant de léger, de simplement amical dans mes propos.
J. Romains, Les Hommes de bonne volonté,La Douceur de la vie, 1939, p. 146. 45. Je ne vous demande même pas votre amitié. Je vous demande de me donner quelquefois votre présence − (...). Votre présence. Fermer les yeux, les cacher avec mes mains, mais savoir que vous n'êtes pas éloignée de moi. J'ai cinquante-huit ans, je n'ai jamais demandé cela à personne. Je vous offre mon amitié, quand il n'y a rien pour vous d'amical sur la terre.
H. de Montherlant, Celles qu'on prend dans ses bras,1950, I, 1, p. 772. Rem. 6. Noter chez Colette l'expr. faire amical, où amical prend une valeur adv. ou plus exactement d'adj. neutre qualifiant un subst. implicite désignant une atmosphère, un climat affectif ou moral : 46. Qu'il fait doux, qu'il fait amical, loin de l'esprit de rivalité, aigre levain qui trouble l'atmosphère du théâtre!
Colette, La Jumelle noire,1938, p. 147. B.− P. anal. [En parlant d'un animal, d'un élément naturel ou d'une chose plus ou moins personnifié(e), ou de ses qualités, de son comportement ou de ses rapports avec l'homme] 1. [En parlant d'un animal] :
47. ... l'épagneul se précipita dans ma chambre, joyeux, brillant, amical. C'était un animal magnifique. Outre sa beauté et l'extrême propreté de son poil soyeux, ses allures, son air et jusqu'à ses manières, avaient quelque chose d'élégant et d'aimable; ...
R. Tœpffer, Nouvelles genevoises,1839, p. 106. 48. Dans l'ombre plus épaisse ils se hâtaient en silence. Lui flattait le garot de la bourrique et même, s'étant penché, il l'embrassa. La bête approuvait de ses longues oreilles amicales...
M. Barrès, Sous l'œil des Barbares,1888, p. 83. 2. [En parlant d'un élément naturel] :
49. La journée était singulièrement chaude [à Rotterdam] (...) et la foule n'était pas trop fâchée de se trouver de temps en temps aspergée d'une ondée amicale de quelques minutes...
Ch. Baudelaire, Histoires extraordinaires,trad. de E. Poë, 1856, p. 143. 50. Nous marchions comme des fiancés
Seuls, dans la nuit verte des prairies;
Nous partagions ce fruit de féeries
La lune amicale aux insensés ...
P. Valéry, Album de vers anciens,Le Bois amical, 1900, p. 80. 51. Le parfum amical du nectar a fait place à l'âcre odeur du venin dont les mille gouttelettes scintillent au bout des aiguillons et propagent la rancune et la haine.
M. Maeterlinck, La Vie des abeilles,1902, p. 250. 52. ... et peut-être ne serais-je plus retourné à Théotime, si j'en avais quitté la terre amicale et puissante, pour vagabonder à travers ces ravins et ces bois, où je n'étais plus le maître du sol.
H. Bosco, Le Mas Théotime,1945, p. 266. 3. [En parlant d'une chose] :
53. Le jour monte doux, solennel, mélancolique, ouaté de silence. Rosée épaisse. Les verts très verts. La route est un velours noir amical.
J.-R. Bloch, Destin du Siècle,1931, p. 44. 54. Il poussa les battants et entra dans sa pièce. Que tout y était beau et amical! Comme ce lieu, plein d'intentions précieuses, vous attendait avec fidélité!
J. Romains, Les Hommes de bonne volonté,Le 6 octobre, 1932, p. 277. 55. Une certaine mollesse lui restait, qui rendait le lit savoureux. Les draps entretenaient avec les courbes de son corps un contact amical, minutieux et discret, semblable à un repos entre ciel et terre, dans des nuées mythologiques, sur de l'air épaissi et portant.
J. Malègue, Augustin ou le Maître est là,t. 1, 1933, pp. 119-120. 56. Et elle n'éprouva jamais joie plus bouleversante que d'entendre, dans l'air calme du matin, encore bien faible, mais si consolant pourtant, si amical, le sifflet répété d'une locomotive qui manœuvrait en gare.
Daniel-Rops, Mort, où est ta victoire?1934, p. 48. − Spéc., domaine artistique : 57. J'ai cette mélodie-vedette en horreur et le sens des plus contraires à l'esthétique de Chopin. Exception faite de quelques cantabile à la Bellini, je tiens que, du haut en bas du clavier, tout doit être d'une homogénéité parfaite, de sorte que la partie mélodique demeure profondément engagée dans l'atmosphère amicale créée par les autres voix, qui suscitent un constamment frémissant paysage immatériel.
A. Gide, Journal,1928, p. 893. II.− Adj. et subst. fém. Association amicale ou, par ell., amicale. Groupement généralement local de personnes qui partagent les mêmes goûts, défendent les mêmes intérêts. Association amicale des anciens élèves, amicale des locataires : 58. Conférence à l'amicale des institutrices et instituteurs nivernais, sur le théâtre. Très bien. Première partie : applaudi à chaque instant. Le milieu les intéresse. La fin les frappe.
J. Renard, Journal,1904, pp. 928-929. 59. Quand un pauvre vole un pain, les spectateurs conspuent la boulangère et font une collecte. Grâce aux associations amicales règne la liberté, presque partout l'amitié; la France est le pays des amis, le vin, le doux climat les encouragent...
J. Giraudoux, Simon le Pathétique,1926, p. 14. 60. Wasselin pensait sérieusement à réunir en assemblée générale notre amicale des locataires pour élaborer des statuts. En définitive, il se contenta de nous faire verser à tous un surcroît de provision : dix francs. En sorte que chacun des membres avait déjà versé trente francs.
G. Duhamel, Chronique des Pasquier,Le Notaire du Havre, 1933, p. 165. 61. « Jouxtebouville. Groupe amical des trompettes de Jouxtebouville. Aujourd'hui répétition générale, remise des cartes pour le concert annuel. »
J.-P. Sartre, La Nausée,1938, p. 204. 62. En cherchant à se rassembler, à échanger des nouvelles locales, à parler entre eux le dialecte ou le patois originel, les Bretons, les Béarnais ou les Corses ne souhaitaient rien d'autre que leur plaisir, à peine si quelques-uns d'entre eux caressaient la vanité naïve d'une présidence. C'est pourquoi les hommes de Vichy parvinrent si mal à mordre sur ces groupements et à s'en servir comme de véhicules pour leur propagande; les amicales régionales participaient d'un instinct trop profond pour se laisser domestiquer.
F. Ambrière, Les Grandes vacances,1946, p. 160. 63. Les désirs des plus jeunes sont violents et brefs, tandis que les vices des plus âgés ne dépassent pas les associations de boulomanes, les banquets des amicales et les cercles où l'on joue gros jeu sur le hasard des cartes.
A. Camus, La Peste,1947, p. 1218. Prononc. ET ORTH. : [amikal], masc. plur. [amiko]. La voyelle de la syllabe finale de amical est qualifiée par Rouss.-Lacl. 1927, p. 123 de ,,moyenne``. Ac. 1798, contredit expressément par Littré, proscrit le plur. masc. Étymol. ET HIST. − 1735-1736 « (ici : d'un inanimé) qui témoigne de l'amitié » (Marivaux, Paysan parvenu, 2 ds DG : Un ton amical et familier); 1752 (Trév. : Amical [...] Ce mot est nouveau et n'a rien qui le puisse faire rejeter).
Empr. au lat. amicalis, attesté au même sens dep. Apulée pour qualifier Jupiter (Apulée, Mund., 37 ds TLL s.v., 1890, 12 : Iovem plures ... frugiferum vocant, multi urbis custodem, alii hospitalem, amicalem); dep. Ulpien pour qualifier un inanimé (Dig., 17, 1, 10, 7 ibid. 1890, 14 : non animo procuratoris intervenit, sed affectionem amicalem promisit). Cf. mot demi-savant a. fr. amial, 1174, Garnier, St. Thomas, Bibl. nat. 13513, fo55 rods Gdf. : El lieu des saluz ont paroles amials. STAT. − Fréq. abs. litt. : 931. Fréq. rel. litt. : xixes. : a) 821, b) 1 301; xxes. : a) 1 385, b) 1 726. BBG. − Bar 1960. − Bél. 1957. − Bénac 1956. − Boiss.8. − Bruant 1901. − Fér. 1768. − Goug. Lang. pop. 1929, p. 106. − Laf. 1878. − Lav. Diffic. 1846. − Lévy-Pinet 1894. − Rey-Cottez 1968, t. 36, p. 332. − Romeuf t. 1 1956. |