| AMEN, interj. et subst. masc. A.− RELIG. CHRÉT. Mot le plus fréquemment employé pour exprimer une adhésion ou un souhait à la fin d'une prière, et qui se traduit ordinairement par la formule française ainsi soit-il : 1. ... et il [l'évêque] se lève pour bénir celui qui va devenir son auxiliaire : « Que la bénédiction de Dieu tout-puissant, Père, Fils et Saint-Esprit, descende en toi afin que tu sois béni dans l'ordre sacerdotal et que tu offres pour les péchés et les offrandes du peuple des hosties d'expiation au Dieu tout-puissant à qui appartient l'honneur et la gloire dans les siècles des siècles. Amen! »
A. Billy, Introïbo,1939, p. 155. − P. ext., fam. Exprime l'adhésion, le consentement. Dire amen à qqc. : 2. ... ce mariage était une chance unique et inespérée de me satisfaire, et j'ai dit amen à tout ce qu'on a voulu ...
É. Augier, Lions et renards,1870, VI, p. 187. − P. plaisant. Signifie la fin d'un discours, d'un récit, d'une histoire, d'une controverse... : 3. − S'il vous échappe une indiscrétion, messieurs, dit-il [Maxime de Trailles] j'aurai votre sang ou vous aurez le mien. − Amen, lui répondit Gobseck (...) Pour jouer son sang, faut en avoir, mon petit ...
H. de Balzac, Gobseck,1830, p. 415. 4. Au reste, n'avoir, − car je n'en ai, presque, aucun ressentiment contre lui, − c'est impliquer qu'on le considère dorénavant comme un être sans vraie valeur personnelle, sans personnalité et quasi irresponsable, ou ne m'intéressant que peu, ou agissant selon des mobiles que je ne puis pas approuver. Amen et ainsi soit-il et tant pis.
A. Gide, P. Valéry, Correspondance,lettre de A. G. à P. V., mars 1895, p. 235. Rem. Expr. proverbiales. Jusqu'à amen, jusqu'à la fin. Depuis Pater jusqu'à amen, du début jusqu'à la fin. B.− Employé substantivement. Un, des amen : 5. J'ai retrouvé ces beaux amen, accents de la Jérusalem céleste, ou plutôt des âmes militantes, gémissantes et confiantes.
F.-A.-P. Dupanloup, Journal intime,1854, p. 174. − Pop. De l'amen. ,,Des espèces sonnantes, de l'argent monnoyé.`` (J.-F. Rolland, Dict. du mauvais langage, 1813, p. 8). Prononc. : [amεn] ou [ɑ-]. En plus de la prononc. avec [a] ant., Passy 1914 signale la possibilité d'une prononc. avec [ɑ
ˑ] post. mi-long (cf. aussi Barbeau-Rodhe 1930) et avec [ɑ:] post. long. Harrap's 1963 accepte également une prononc. avec [ɑ] post. Dub., Pt Rob., Pt Lar. 1968 et Warn. 1968 transcrivent le mot avec [a] (cf. aussi Littré et DG). D'apr. Mart. Comment prononce 1913, p. 38, le mot se prononce avec [ɑ] : ,,Le souvenir de la quantité latine fera fermer correctement l'a dans stabat, amen, frater, alma mater, et dans ab irato, casus belli, de plane, sine qua non ...`` (cf. aussi Kamm. 1964, p. 97). Étymol. ET HIST. − 1. 1138 « formule qui termine les prières » (Gaimar, L'estorie des Engles, 6533 ds Quem. t. 1 1959); 1130-40 « id. » (Wace, Vie de Ste Marguerite, éd. Francis, 743 ds H.-E. Keller, Étude descriptive sur le vocab. de Wace, Paris, 1953, 185a); xiies. « id. » (Vie de St Gilles, 3794 ds Gdf. Compl. : Amen dites tot environ); 2. p. ext. 1587 jusques à ... amen « jusqu'à la fin » (Cholières, 2eAp. Disnee, p. 78 ds Hug. : Ne dites mot jusques a ce que vous oyez amen).
Lat. amen attest. dep. Tertullien, Spect. 25 ds TLL s.v., 1879, 51, mot empr. à l'hébr. āmēn « vraiment, assurément! » formule d'assentiment prononcée à la suite d'un discours général, d'une prière; Lok., 6a. STAT. − Fréq. abs. litt. : 235. Fréq. rel. litt. : xixes. : a) 174, b) 396; xxes. : a) 607, b) 272. BBG. − Allmen 1956. − Bach.-Dez. 1882. − Bar 1960. − Bél. 1957. − Bible 1912. − Boiss.8. − Bouillet 1859. − Dem. 1802. − Dheilly 1964. − Gottsch. Redens. 1930, p. 350-352. − Hanse 1949. − Le Roux 1752. − Marcel 1938. − Prév. 1755. − Théol. bibl. 1970. |