| ALTRUISTE, adj. et subst. A.− Emploi adj. [En parlant de sentiments ou d'activités hum.] Qui se réfère à l'altruisme. Anton. égocentrique, égoïste : 1. ... j'éprouve toujours le même embarras à concevoir l'abnégation habituelle des instincts les plus énergiques.
le prêtre. − Cette difficulté sera, ma fille, aisément dissipée quand vous remarquerez que l'unité altruiste n'exige point, comme l'unité égoïste, l'entier sacrifice des penchants contraires à son principe, mais seulement leur sage subordination à l'affection prépondérante. En condensant toute la saine morale dans la loi vivre pour autrui, le positivisme consacre la juste satisfaction permanente des divers instincts personnels, en tant qu'indispensable à notre existence matérielle, sur laquelle reposent toujours nos attributs supérieurs.
A. Comte, Catéchisme positiviste,1852, pp. 49-50. 2. Il n'est pas possible de déterminer autrement la nature de ces sentiments, de les définir en fonction de leurs objets particuliers; car ces objets ont infiniment varié et peuvent varier encore. Aujourd'hui, ce sont les sentiments altruistes qui présentent ce caractère de la manière la plus marquée; mais il fut un temps, très voisin de nous, où les sentiments religieux, domestiques, et mille autres sentiments traditionnels avaient exactement les mêmes effets.
É. Durkheim, De la Division du travail social,1893, p. 39. 3. Les sociétés protestantes cherchent peut-être un substitut de la confession et de ses défoulements libérateurs dans leurs débordantes activités utilitaires et altruistes.
E. Mounier, Traité du caractère,1946, p. 748. 4. Conseil pratique et altruiste : n'emportez qu'un échantillon typique ou deux de chaque espèce; laissez les autres pour les camarades...
Ch. Combaluzier, Introduction à la géologie,1961, p. 113. 5. Puis vint Rousseau qui, sans répudier la raison, réclama la primauté pour le sentiment; par l'amour de ses semblables, l'homme « sensible » s'élève à la véritable morale qui est altruiste; la conscience, « immortelle et céleste voix », lui révèle, au delà du monde des phénomènes, les vérités les plus importantes, celles qui éclairent sa destinée.
G. Lefebvre, La Révolution française,1963, p. 72. B.− Emploi subst. Celui, celle qui recherche l'intérêt d'autrui : 6. Le paroissial donné par mon bienfaiteur était dans ma poche. Je me pris à le feuilleter pour trouver ces passages soulignés, auxquels il attachait tant d'importance. Je tombai sur ces lignes d'une épître de saint Paul : « Mes frères, si quelqu'un vient à choir par surprise dans quelque péché, relevez-le dans un esprit de douceur... Portez les fardeaux les uns des autres. » Cette charité, le vicaire de Notre-Dame-de-la-Croix l'avait pratiquée à mon égard. Mais tout altruiste n'aurait-il pas agi de même dans une circonstance pareille?
P. Bourget, Nos actes nous suivent,1926, pp. 21-22. Prononc. − 1. Forme phon. : [altʀ
ɥist]. 2. Dér. − Altr- : altruisme. Étymol. ET HIST. − 1852 adj. (A. Comte, Catéchisme positiviste, p. 48 : Il faut d'abord comparer les deux modes opposés que semble naturellement comporter l'unité morale, suivant que sa base inférieure serait égoïste ou altruiste).
Dér. du rad. de altruisme*; suff. -iste*. STAT. Fréq. abs. litt. : 42. BBG. − Bél. 1957. − Littré-Robin 1865. |