| ALLÉGEMENT, subst. masc. A.− Peu fréq. Action ou fait d'alléger quelque chose ou quelqu'un, action ou fait de s'alléger : 1. L'allégement du fantassin était également une question pendante; la nécessité de voitures destinées à porter une partie de la charge du soldat, celle de remplacer dans le campement la tôle par l'aluminium étaient toujours discutées; ...
J. Joffre, Mémoires,t. 1, 1931, p. 50. − Emplois spéc. AÉRON. Diminution de la pesanteur : 2. − Sans invoquer l'autorité scientifique de M. Babinet, il suffit de dire qu'on doit procéder par allégements comparatifs conduisant à préciser expérimentalement le poids de la force motrice.
G. de La Landelle, Le Siècle,18 mai 1865, Variétés, p. 3. (Guilb. Aviat. 1965, p. 442). ♦ GÉOL. Diminution de la charge supportée par l'écorce terrestre notamment par suite de l'érosion, de la destruction d'un relief : 3. Les roches cristallines massives présentent parfois une structure en gros bancs parallèles à la surface (...) que l'on attribue à la détente des contraintes internes (...) consécutives à l'allégement qui accompagne le progrès de l'érosion superficielle.
Baulig1956. ♦ MAR. Allégement (d'un navire). Toute opération destinée à diminuer la charge du navire pour lui assurer une navigation plus rapide ou plus sûre, ou pour faciliter son déséchouement : 4. Il en profita pour commencer l'allégement, très urgent, de l'épave. Il avait passé une partie de la journée à trier les décombres. Il mit de côté, dans le compartiment solide où était la machine, tout ce qui pouvait servir, bois, fer, cordage, toile. Il jeta à la mer l'inutile.
V. Hugo, Les Travailleurs de la mer,1866, p. 264. ♦ TECHNOL. Trou d'allègement [sic]. Évidement pratiqué dans les éléments en bois ou en métal d'un appareil afin d'en diminuer le poids (cf. J. Guillemin, Précis de construction, calcul et essai des avions et hydravions, 1929, p. 99; cf. d'autre part allégi). B.− Au fig. Atténuation apportée par quelque chose ou quelqu'un à une douleur, à un fardeau physique ou moral : 5. La dévotion y était peinte avec ses délices et ses intimes sources de courage, donnant à la vie (...) la bénédiction et la couronne de toutes les affections de famille, de ménage, d'amitié, un allégement heureux, allègre, du travail, du métier, des peines, des inquiétudes, des amertumes de chacun; ...
E. et J. de Goncourt, Madame Gervaisais,1869, p. 160. 6. Durtal partit, réconforté, presque joyeux, de chez ce prêtre; il se sentait au moins l'allègement d'une situation tranchée, d'une résolution enfin prise.
J.-K. Huysmans, En route,t. 1, 1895, p. 252. 7. À la demande de la marine, qui voyait dans cette solution un allégement à sa tâche si lourde, et une diminution de risques, j'envisageai le transport des Serbes à travers le territoire grec.
J. Joffre, Mémoires,t. 2, 1931, p. 295. 8. Il calcule dans combien de temps l'ortédrine agira. Il guette l'effet de la drogue; généralement l'allègement commence par les jambes, puis comme un vent léger qui chasse les brumes matinales, monte en lui, se répand progressivement dans tout le corps, libère enfin les paupières, dissipe le rideau opaque qui pesait sur le front.
R. Vailland, Drôle de jeu,1945, p. 166. Rem. Syntagmes éprouver un sentiment, une sensation, une impression d'allégement; pousser un soupir d'allégement; sentir un allégement; un allégement à qqc. − Emplois spéc. BOURSE. Allégement de position. Dégagement partiel d'un contrat d'achat ou de vente souscrit antérieurement : 9. À l'approche de la liquidation de fin de mois qui aura lieu jeudi prochain, il a été procédé à des allègements et ajustements de position qui ont freiné le mouvement de reprise sur le marché à terme.
Marché des valeurs, Le Monde,19 janv. 1952, p. 11, col. 1. ♦ CRIT. LITTÉR. [En parlant d'un écrit] Diminution, suppression partielle ou totale de certains éléments d'un texte de manière à le rendre moins chargé de matière : 10. ... il s'en faut de bien peu que cette charmante histoire [Eugénie Grandet] ne soit un chef-d'œuvre (...) Il ne faudrait pour cela que des suppressions en lieu opportun, quelques allégements de descriptions...
Ch.-A. Sainte-Beuve, Portraits contemporains,t. 2, 1846-1869, p. 344. ♦ ÉCON. Allégement fiscal. Diminution, réduction de l'assiette ou du taux des impôts : 11. Majoration d'impôts cependant accompagnée de certains allègements en faveur de la productivité, ...
Le Programme gouvernemental, Le Monde,19 janv. 1952, p. 6, col. 2. ♦ GRAV. [En taille douce] Allégement (de la main). Action de la main qui se fait plus légère et appuie moins sur le burin de manière à tracer des traits ou hachures moins prononcés à cet endroit. Rem. Attesté ds Lar. 19e, Littré, Guérin 1892, Nouv. Lar. ill., DG et Quillet 1965. ♦ MUS. Allégement (des doigts). Action des doigts qui se font plus légers sur l'instrument afin de l'effleurer seulement : 12. Les doigts 2, 3 et 4 s'appliqueront sur la hausse [de l'archet] avec une [sic] allègement gradué en raison inverse de l'augmentation de leur chiffre. Ainsi le 4edoigt, par exemple, se bornera à l'effleurement. [Tout ceci pour la facilité de l'exécution du « spiccato »].
D. Alexanian, Traité théorique et pratique du violoncelle,1914, p. 204. Prononc. ET ORTH. − 1. Forme phon. : [alε
ʒmɑ
̃] ou [all-]. [l] simple ds Passy 1914, Barbeau-Rodhe 1930; possibilité de [l(l)] double ds Harrap's 1963 et Pt Rob., [ll] double ds Warn. 1968 (pour [ll], cf. allécher et alléguer). Passy 1914 et Barbeau-Rodhe 1930 notent une durée mi-longue pour la 2esyllabe du mot. − Rem. Au xixes. [ll] ds Land. 1834 et DG, [l] long ds Fél. 1851. Pour le remplacement de é par è prononcé [ε] ouvert devant une syllabe muette, cf. abréger et abrégement. 2. Forme graph. − Allégement est la graph. officielle d'Ac. et de la tradition lexicogr.; dans les textes, on trouve allègement dep. la fin du xixes. (cf. supra). Étymol. ET HIST. − 1. a) 1177 fig. « soulagement » (Chrét. de Troyes, Chev. de la charrete, éd. M. Roques, 6626 : Or est a grant alegemant, or a grant joie, ce sachiez); b) 1271 fin. « diminution (de redevance) » (Étienne Boileau, Livre des métiers, éd. G. B. Depping, 230 ds T.-L. : lesquex trois deniers li mestre... doivent avoir et recueillir... en alegement des trente et deus sous... que il doivent touz les anz au roy); 2. id. mar. « action de diminuer la charge d'un navire » (Id., ibid., 287 ds Littré : Nus ne doit noient de l'alegement de sa nef, ne par grant iaue, ne par petite).
Dér. de alléger*, au sens propre et fig.; suff. -ement (-ment1*). BBG. − Baudhuin 1968. − Baulig 1956. − Bél. 1957. − Bénac 1956. − Gautrat Ski 1969. − Guilb. Aviat. 1965. − Hanse 1949. − Laf. 1878. − Le Clère 1960. − Lew. 1960, p. 70. − Thomas 1956. |