| ALLÈGE, subst. fém. TECHNOL. Ce qui sert à alléger. A.− (Engin mobile desservant un autre engin). 1. MAR. Embarcation à fond plat, de dimensions variables, accompagnant les gros bâtiments pour les alléger, les décharger d'une partie de leur cargaison lorsqu'ils ne peuvent à pleine charge entrer dans un port ou une rade, ou bien approcher le quai. Rem. Attesté ds la plupart des dict. gén. du xixeet du xxes. − P. ext. ♦ Embarcation servant au chargement ou au déchargement des navires en différentes circonstances (chargement en l'absence de bassin ou de quai; transbordement de marchandises; déchargement du côté extérieur parallèlement au côté quai; allégement d'un navire en péril de naufrage ou échoué, etc.) : 1. Alors les esquifs (...) et les allèges où piaffaient les chevaux se détachèrent du ventre des nefs, comme les poussins de leur mère poule...
A. Arnoux, Abisag,1919, p. 24. 2. Les docks sont récents. Jusqu'au dix-huitième siècle, les navires débarquaient à quai, ou par allèges.
P. Morand, Londres,1933, p. 308. ♦ Chameau; machine servant au déséchouement des navires : 3. Les propriétaires accompagnés de leurs amis, vinrent ici munis d'allèges, de câbles, de pompes, qu'ils avoient empruntés de la ville : des plongeurs ayant attaché une des extrémités de ces câbles aux crampons dont on avoit eu soin de munir ces vaisseaux, et l'autre au cabestan de ces allèges, après bien des efforts et le secours de la marée, ils les élevèrent à fleur d'eau, ...
J. de Crèvecœur, Voyage dans la haute Pensylvanie et dans l'État de New-York,t. 3, 1801, p. 264. 2. P. anal., CH. DE FER. Tender, chariot d'approvisionnement portant l'eau et le charbon nécessaires à l'alimentation de la locomotive à vapeur à laquelle il est attelé. Rem. Attesté ds Lar. 19e-Lar. encyclop., Littré, Guérin 1892 et Quillet 1965. ♦ Allège postale. Wagon postal. Rem. Attesté ds Lar. encyclop. et Quillet 1965. 3. THÉÂTRE (machinerie). Allège. Contrepoids demi-pain (cf. G. Moynet, La Machinerie théâtrale, Trucs et décors, 1893, p. 49). B.− (Partie allégée d'un tout). − ARCHIT. Allège (d'une fenêtre). Partie en matériau léger d'un mur de façade, comprise sur sa largeur entre les jambages de la baie et sur sa hauteur entre le plancher et la partie inférieure de la baie, et servant de garde-fou et de mur d'appui : 4. Il y a des alléges qui n'arrivent pas à hauteur d'appui; on leur fait porter une balustrade ou un balcon à jour, établi en pierre, en fer forgé ou en fonte (...), on supprime l'allége quand la baie de fenêtre est close par une porte-croisée ouvrant sur un balcon saillant ou sur une terrasse accessible de plain-pied par l'appartement.
Chabat t. 1 1875. 5. Une petite fille pleure ici, près de la fenêtre à l'allège trop haute.
A. Arnoux, Le Chiffre,1926, p. 185. Rem. Mêmes attest. que pour A 2. Prononc. ET ORTH. − 1. Forme phon. : [alε:ʒ] ou [all-]. Passy 1914, Barbeau-Rodhe 1930, Pt Lar. 1968 transcrivent le mot avec [l] simple, Warn. 1968 avec [ll] double. Harrap's 1963 et Pt Rob. donnent seulement la possibilité d'une prononc. avec [ll]. Comme pour le verbe alléger* (cf. aussi allécher), Fouché Prononc. 1959, p. 306 préconise pour allège la prononc. avec [ll]. 2. Hist. − Aucun dict. de la fin du xviiieou du xixes. ne note [ll] double. La graph. è accent grave (conforme à la prononc. en [ε] ouvert) paraît déjà ds Fér. Crit. t. 1 1787 [avec la rem. : ,,L'Acad. met l'accent aigu, mais l'è est moy.`` (= [ε])], puis ds Ac. abr. 1832, mais régulièrement seulement à partir d'Ac. 1878; le reste des dict. ant. à Ac. 1878 conserve fidèlement la graph. é accent aigu, même s'ils reconnaissent une prononc. en [ε] ouvert (cf. en partic. la rem. de Littré). Étymol. ET HIST. − 1. 1463 mar. allége « embarcation servant au chargement et déchargement des bateaux » (Doc. relat. à l'hist. mar. du XVes. in R. Soc. Sav., éd. Marchegay, série VI, t. II, 1875 ds Jal t. 1 1970-); 1514 (Arch. dép. Gironde, 3 E 4472-9 nov.- ibid. : ... et si ledit maistre ne peult venir à planche sur le cay de la Rochelle Icelluy marchant luy baillera allieges pour descharger ladite marchandise); 2. 1690 maçonn. (Fur. : Allege est ce petit mur qui sert d'appuy dans les croisées et qui est moins epais que les pieds droits).
Déverbal de alléger* au sens propre, remplace allégement, attesté au sens 1 ds Gdf. (Peage de Sanz le roi, Arch. P. 1189 [xives.?]). STAT. − Fréq. abs. litt. : 15. BBG. − Bach.-Dez. 1882. − Barb.-Cad. 1963. − Boiss.8. − Bouillet 1859. − Canada 1930. − Chabat t. 1 1875. − Chesn. 1857. − Consultation permanente de l'O.V.F. Vie Lang. 1963, no141, p. 680. − Gruss 1952. − Jal 1848. − Jossier 1881. − Kemna 1901, p. 36. − Le Clère 1960. − Prév. 1755. − Soé-Dup. 1906. − Viollet 1875. |