| ALLERGIE, subst. fém. A.− MÉD. Sensibilisation pathologique et persistante d'un organisme à une substance avec laquelle il a déjà été en contact; état de celui qui, par réaction excessive à une substance, connaît une augmentation (anaphylaxie) ou diminution (immunisation) anormales de sa sensibilité. Allergies respiratoires et notamment allergie au pollen, allergies cutanées, digestives (cf. Lar. 3) : 1. Cette faculté de réaction précipitée ou d'allergie répond à un état d'hypersensibilité.
P.-J. Teissier ds(F. Widal, P.-J. Teissier, G.-H. Roger, Nouveau traité de médecine,fasc. 2, 1920-1924, p. 187). 2. L'existence de l'allergie respiratoire a été démontrée au cours d'une expérience célèbre, réalisée en 1914 à l'hôpital Cochin par Widal, Abrami et Étienne Brissaud; un berger asthmatique sensibilisé à la laine de mouton fut placé à son insu à proximité d'un ovidé : le déclenchement de la crise dyspnéique fut immédiat.
M. Bariéty, Ch. Coury, Hist. de la médecine,1963, p. 731. Rem. ,,Depuis quelques décennies ce terme tend à prévaloir sur celui d'anaphylaxie.`` (Husson 1964). B.− P. ext. 1. PSYCHOL., PSYCH. ,,Sensibilisation qui entraîne le déclenchement de troubles d'origine émotionnelle.`` (Piéron 1963) : 3. On a voulu voir une action allergisante de certains chocs émotifs violents ou de situations conflictuelles prolongées et expliquer la réapparition... de manifestations réactionnelles par le mécanisme de l'allergie ou de la sensibilisation émotive.
Porot1960. 2. PHILOS. et lang. cour. Sensibilisation très vive à quelque chose d'extérieur à l'individu, en particulier à l'action d'autrui (cf. allergique B 2) : 4. Comment donc l'action d'autrui, « l'allergie », pourrait-on dire, rentre-t-elle dans le mouvement de notre volonté personnelle? Comment obtenons-nous ce concours nécessaire? Et quel est le résultat ou la conséquence de cette coaction?
M. Blondel, L'Action,1893, p. 215. Prononc. − 1. Forme phon. : [alε
ʀ
ʒi]. Warn. 1968 transcrit le mot avec [ll] double. 2. Dér. et composés : allergène, allergique. Étymol. ET HIST. − 1. 1893 philos., supra ex. 4. 2. 1922 juill. méd. (Lar. mens. ill., no185, s.v. allergie. [...] Modification d'un organisme par un virus, telle qu'une réinoculation par ce même virus du même organisme donne lieu à des réactions différentes de celles que la première inoculation avait provoquées).
Empr. à l'all. Allergie, mot forgé par le pédiatre autrichien Clemens von Pirquet [1874-1929] (cf. anno 1907, C. Von Pirquet, Klin. Studien über Vakzination u. vakzinale Allergien) à partir du gr. α
́
λ
λ
ο
ς « autre » et ε
́
ρ
γ
ο
ν « action » sur le modèle de Energie (Der Grosse Duden, Herkunfts-Wörterbuch Etymologie, 1963, s.v.), le mot désignant à l'orig. la manière spéc. dont l'organisme infecté réagit à une nouvelle inoculation du même virus. Étant donnée la pénurie des attest. fr., il est difficile de préciser si le mot a été empr. par l'intermédiaire de l'angl. allergy, attesté dep. 1913 (Dorland, Med. Dict., éd. 7 ds NED Suppl.) [contrairement à l'indication de Dauzat 1968, allergie ne figure pas au Lar. mens. de 1920]. STAT. − Fréq. abs. litt. : 2. BBG. − Bél. 1957. − Biol. t. 1 1970. − Fromh.-King 1968. − Garnier-Del. 1961 [1958]. − Husson 1970. − Lafon 1963. − Lar. méd. 1970. − Lar. méd. Suppl. 1970. − Piéron 1963. − Porot 1960. − Psychol. 1969. |