| ALFA, subst. masc. A.− BOT. Nom arabe d'une graminée stipacée, qui croît en abondance sur les régions arides du Sud-Est de l'Espagne et de l'Afrique du Nord, et dont les feuilles jonciformes servent à des usages divers (ouvrages de sparterie, cordages, pâtes à papier) (cf. Botanique, 1960, p. 1273 [encyclopédie de la Pléiade]) : 1. L'alfa est une plante utile : il sert de nourriture aux chevaux; on en fait en Orient des ouvrages de sparterie, et, dans le Sahara, des nattes, des chapeaux, des gamelles, des pots à contenir le lait et l'eau, de larges plats pour servir les fruits, etc. Sur pied, il sert de retraite au gibier : lièvres, lapins, gangas.
E. Fromentin, Un Été dans le Sahara,1857, p. 52. 2. Dans l'Ouest algérien des déplacements de cent kilomètres en latitude sont courants; ils sont commandés par l'extension de la zone de l'alfa à laquelle les troupeaux restent fidèles.
M. Wolkowitsch, L'Élevage dans le monde,1966, p. 97. B.− P. ext., PAPET. Qualité de papier obtenu par le traitement de l'alfa, utilisé dans l'édition depuis 1900, ,,très apprécié à cause de ses qualités de légèreté, de finesse et son aptitude à prendre l'encre``. (Brun 1968) : 3. Je voulais vous charger de tous mes souvenirs pour William James et vous prier de lui remettre un exemplaire de la nouvelle édition de mon livre, sur papier d'alfa. Vous en aurez un aussi.
P. Bourget, Nos actes nous suivent,1926, p. 130. 4. Si je trouverais pas un moyen de repêcher notre « polycopie » la si neuve machine, notre fierté! Si belle, si indispensable... Et le petit fourneau « mirmidor »? Qui marchait à l'huile?... Et peut-être aussi en même temps trois ou quatre « grosses » de vieilles brochures?... Surtout les cosmogonies qu'étaient sur « alfa »! Auxquelles il tenait tant...
L.-F. Céline, Mort à crédit,1936, p. 560. ♦ Alfa-cellulose. ,,Pâte à papier de qualité supérieure constituée de cellulose presque pure.`` (La Civilisation écrite, 1939, p. 0606). ♦ Cire d'alfa. ,,Résidu de la fabrication de la pâte à papier d'alfa; substitut de la cire de Carnauba. = Cire de fibre, de Sparte.`` (Duval 1959). C.− Arg. (gén. empl. au fém.). Chevelure de « cheveux blancs » (cf. Ch.-L. Carabelli, [Langue populaire]) ou de « cheveux blonds » : 5. Alfa : Cheveux blonds (...) l'alfa (...) a absolument l'aspect d'un paquet de filasse (...). (Argot des voleurs) N[ouveau].
Ch. Virmaître, Dict. d'argot fin-de-siècle,1894, p. 7. ♦ ,,Il n'a plus d'alfa sur le ciboulo`` (Nouguier, Notes manuscrites interfoliées au dict. de Delesalle, 10 janv. 1900, p. 8) ,,il est chauve.`` (Nouguier, Notes manuscrites interfoliées au dict. de Delesalle, 10 janv. 1900, p. 8) : 6. On dit (...) du chauve (...) qu'il n'a plus d'Alfa sur le plateau.
Bruant1901, p. 101. Prononc. − 1. Forme phon. : [alfa]. 2. Homon. : alpha (lettre de l'alphabet). Étymol. ET HIST. − 1. 1680 brinne d'auffe « brin de jonc » (Dortière, Traité de mar., art. des Galères, chap. des voiles ds Jal 1848 : Toille estoupiere pour les mantelets... toille riette pour la bande de bolume [pour l'ourlet d'en bas] ... Brinnes d'auffe); 2. 1848 « graminée qui croît dans le nord de l'Afrique dont les brins servent à faire de la sparterie » (Daumas, Le Grand désert, 175 et passim ds Quem. t. 1 1959 : Les gens d'Ouargla ont remplacé la corde en poil de chameau ... par une corde en alfa); 1900 papier d'alfa (DG : Alfa); cf. 1926, P. Bourget, Nos actes nous suivent, p. 130.
Empr. à l'ar. ḥalfā
« plante de sparte » passé au sens 1 en prov. sous la forme elfa « espèce de corde en jonc de peu de valeur » (1376, Pansier, Hist. de la lang. prov. à Avignon, t. 3, p. 66 : 217 elfas a for de 5 florins lo sent), puis « le jonc lui-même » (1397, Id., ibid., sans attest.), devenu aufo, aufa d'où fr. auffe; 2 nouvel empr. par le canal des Colonies fr. d'Afrique du Nord. STAT. − Fréq. abs. litt. : 45. BBG. − Bél. 1957. − Brun 1968. − Cham. 1969. − Comte-Pern. 1963. − Delorme 1962. − Duval 1959. − Éd. 1913. − Esn. 1966. − Lar. comm. 1930. − Littré-Robin 1865. − Sandry-Carr. 1963. |