| ALCHIMISTE, subst. et adj. I.− Emploi subst. A.− Celui qui pratique l'alchimie : 1. Les alchimistes passaient leur vie à chercher ce qu'ils appelaient la Pierre philosophale ou le Grand œuvre, c'est-à-dire un moyen d'opérer la transmutation des métaux.
Ac.1835-1932. 2. ... de son temps, il y avait encore des alchimistes, des devins et des sorciers; on méconnoissoit assez la religion dans la plus grande partie de l'Europe pour croire qu'elle interdisoit une vérité quelconque, elle qui conduit à toutes. Bacon fut frappé de ces erreurs, son siècle penchoit vers la superstition comme le nôtre vers l'incrédulité : ...
G. de Staël, De l'Allemagne,t. 4, 1810, p. 23. 3. ... Werner, archevêque de Cologne, loge et entretient de 1380 à 1418 des alchimistes qui ne font pas d'or, mais qui trouvent, en cheminant vers la pierre philosophale, plusieurs des grandes lois de la chimie.
V. Hugo, Le Rhin,1842, p. 118. 4. ... à mesure que ses liaisons avec le monde des alchimistes et des sorciers se resserrent, il se jette dans l'occulte...
J.-K. Huysmans, Là-bas,t. 1, 1891, p. 83. 5. ... il tentait d'obtenir l'appui de Papa. Il lui apporta un jour un petit lingot d'or qu'un alchimiste avait tiré sous ses yeux d'un morceau de plomb : ce secret devait nous rendre tous millionnaires, si seulement nous consentions une avance à l'inventeur.
S. de Beauvoir, Mémoires d'une jeune fille rangée,1958, p. 65. B.− Au fig. [Fréquemment avec un compl. déterminatif prép. de, pour indiquer le domaine de la recherche] 1. Celui qui recherche quelque chose d'exceptionnel, d'utopique : 6. Qu'ils cherchent, qu'ils cherchent encore, qu'ils reculent sans cesse les limites de leur bonheur, ces alchimistes de l'horticulture! Qu'ils proposent des prix de soixante et de cent mille florins pour qui résoudra leurs ambitieux problèmes! Moi, j'ai trouvé ma tulipe noire et mon dahlia bleu! Fleur incomparable, tulipe retrouvée, allégorique dahlia, ...
Ch. Baudelaire, Petits poèmes en prose,L'Invitation au voyage, 1867, pp. 89-90. 2. Domaine de la pensée ou de la création artistique.Celui qui veut ou sait obtenir de mystérieuses transformations : 7. Il y a une religion universelle faite pour les alchimistes de la pensée, une religion qui se dégage de l'homme, considéré comme memento divin.
Ch. Baudelaire, Mon cœur mis à nu,1867, p. 658. 8. C'est [Rembrandt] un génie romantique dans toute la force du mot, un alchimiste de la couleur, un magicien de la lumière.
T. Gautier, Guide de l'amateur au musée du Louvre,1872, p. 55. 9. [Debussy] Tout objet lui est sentiment et sa musique est une peinture de l'émotion par l'émotion; la subtile magie des accords en est l'instrument : et la nuance, le moyen dont il possède tous les secrets en tout-puissant alchimiste.
A. Suarès, Debussy,1936, p. 19. C.− P. anal., ENTOMOL. ,,Nom donné par Geoffroy à une espèce de lépidoptères nocturnes.`` (Besch. 1845). II.− Emploi adj., rare. Qui est propre aux alchimistes : 10. ... la France a été providentiellement créée pour la recherche du Vrai préférablement au Beau... le caractère utopique, communiste, alchimiste de tous les cerveaux ne lui permet qu'une passion exclusive, celle des formules sociales.
Ch. Baudelaire, L'Art romantique,1867, p. 478. Prononc. ET ORTH. − 1. Forme phon. : [alʃimist]. 2. Forme graph. − Fér. 1768 écrit alchymiste. Ac. Compl. 1842 a la forme concurrente alchémiste. Étymol. ET HIST. − Ca 1370 alkemiste (La Grande chirurgie de G. de Chauliac d'apr. Fr. mod. 1965, p. 201); 1442 « celui qui s'occupe d'alchimie » (Le Franc, Champ. des Dam., fo65 vods Gdf. Compl. : Archemiste); 1532 alchymiste « id. » (Rab., Gargantua, XXIV, éd. A. Lefranc, p. 238 : ou alloient veoir les lapidaires orfèvres et tailleurs de pierreries, ou les alchymistes et monoyeurs).
Empr. au lat. médiév. alchimista, de même sens, attesté dep. ca 1200, Alfredus Anglicus ds Mittellat. W. s.v., 437, 9; cf. Albert Le Grand, Miner., 3, 1, 3, p. 62 b, 48, ibid., 437, 13 : imperiti... alchimistarum. STAT. − Fréq. abs. litt. : 104. BBG. − Bél. 1957. − Nelli 1968. − Nysten 1814-20. − St-Edme t. 1 1824. |