| ALANGUIR, verbe trans. A.− Emploi trans. − Vieilli, littér. Rendre languissant, enlever la vigueur : 1. Quand aucun encouragement ne vous vient des autres, quand le monde extérieur vous dégoûte, vous alanguit, vous corrompt, vous abrutit, les gens honnêtes et délicats sont forcés de chercher en eux-mêmes quelque part un lieu plus propre pour y vivre.
G. Flaubert, Correspondance,1852, p. 16. 2. Alors, Jésus-Christ, dans le besoin de godaille qui alanguissait le village, par ce dimanche de fête, vint passer devant chez Macqueron, en allongeant le cou ...
É. Zola, La Terre,1887, p. 60. − P. ext., littér. Rendre langoureux, emplir d'une langueur douce et tendre : 3. Cette senteur violente et douce, savoureuse comme une friandise, semble se mêler à nous, nous imprègne, nous enivre, nous alanguit, nous verse une torpeur somnolente et rêvante.
G. de Maupassant, Contes et nouvelles,t. 2, En voyage, 1883, p. 326. 4. Ah! La vie est ce soir trop vivante et trop belle,
Le désir alanguit l'épouse qui m'appelle...
Je suis faible, et ce soir de printemps m'a tenté.
Ch. Guérin, Le Cœur solitaire,Inquiétude, 1904, p. 161. B.− Emploi pronom. − Vieilli, littér. Devenir languissant, perdre sa vigueur : 5. Il [Christian] (...) entrait dans la chambre où la lampe en veilleuse s'alanguissait sous les dentelles.
A. Daudet, Les Rois en exil,1879, p. 313. 6. Oh! la fâcheuse contraction de mon système épigastrique! Ma circulation s'alanguit jusqu'à faire hésiter ma vie.
M. Barrès, Un Homme libre,1889, p. 45. − P. ext., littér. Se laisser envahir par une langueur tendre, s'abandonner : 7. Jeanne admirait l'uniforme de Cisterino, sa prestance, son visage martial dont l'expression s'alanguissait lorsqu'il posait les yeux sur elle.
E. Dabit, L'Hôtel du Nord,1929, p. 177. 8. Elle n'avait, en tout temps, pour lui, que des pensées maternelles; mais quand elle lui prenait le bras, elle se laissait aller à s'alanguir, à trébucher, pour lui mieux manifester sa confiance, son abandon, son amour.
G. Duhamel, Chronique des Pasquier,Le Désert de Bièvres, 1937, p. 125. − [En parlant de la manière d'un écrivain] Son style s'alanguit (Ac. 1878, Pt Littré). Rem. Besch. 1845, Nouv. Lar. ill., Lar. 20eenregistrent un emploi intrans. (arch.) : ,,Les phtisiques à leur déclin alanguissent de jour en jour.`` (Nouv. Lar. ill.). Prononc. − 1. Forme phon. : [alɑ
̃gi:ʀ]. Enq. : /alãgi, alãgis/. Conjug. agir. 2. Dér. et composés : alangui, alanguissant, alanguissement. Cf. languir. Étymol. ET HIST. − 1539 trans. part. passé adjectivé « rendre (qqn) languissant » (Cl. Gruget, Leçons de P. Messie, 603 [éd. 1610] ds Quem. t. 1 1959 : Les pauvres chrestiens qui estoient alanguis de soif, et leurs chevaux aussi, furent aisement desfaits); xvies. pronom. « (d'un inanimé) s'affaiblir » (Mont., 1, I, c. 28 ds Gdf. Compl. : Qui plus est en l'amour ce n'est qu'un desir forcené apres ce qui nous fuit : aussi tost qu'il entre aux termes de l'amitié, c'est a dire en la convenance des volontez, il s'esvanouist et s'alanguist).
Dér. de languir*; préf. a-1*. STAT. − Fréq. abs. litt. : 75. BBG. − Bar 1960. − Bél. 1957. |