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AJUSTEUR, subst. masc.
A.− [Sens dérivés de l'emploi techn. et technol. du verbe ajuster* A 1 a] Ouvrier qui ajuste.
1. MÉTROL. Balancier-ajusteur. ,,Celui qui fabrique les poids et mesures, conformément aux étalons établis par la loi.`` (Besch. 1845); Synon. ajusteur-balancier (Mét. 1955).
2. MONNAIES
a) Vieilli. Ouvrier qui ajuste les monnaies :
1. L'ajusteur, dans l'art du monnayage, est chargé de donner aux flans des monnaies le poids légal. Besch.1845.
b) ,,Ouvrier qui met les lames à découper à l'épaisseur voulue.`` (Lar. encyclop.).
3. TECHNOLOGIE
a) Vieilli. Ouvrier assemblant les différentes pièces d'une machine, qui sont exécutées par d'autres ouvriers et qu'il met en état de fonctionner simultanément :
2. Dans l'horlogerie, l'ajusteur est plus ordinairement appelé finisseur; mais dans les grandes mécaniques, le mot ajusteur lui est consacré. Cependant on l'appelle assez souvent monteur. Besch.1845.
b) Ouvrier qui trace et façonne des métaux à la main, dans la plupart des cas, et à l'aide d'outils appropriés, d'après un plan, pour en faire des pièces mécaniques :
3. ... je dois compter les creuseurs de puits, l'atroce vie des mineurs, et les forgerons et les chaudronniers; et les limeurs, tourneurs et ajusteurs, empoisonnés de poussière, et le travail même des tisseurs et des menuisiers, qui serait propre et gai, s'il n'était gâté par la hâte. Alain, Propos,1934, p. 1195.
4. Chez les Favre, le père, géant antique aux longues moustaches rousses, le buste protégé par le traditionnel tablier fait d'une peau de veau en cuir brut et le fils aîné en bleu de mécanicien, affairé au réglage de ses moteurs, vif et intelligent comme un ouvrier ajusteur, régnaient côte à côte. R. Vailland, Drôle de jeu,1945, p. 139.
5. Constructeur machines-outils recherche fraiseurs-aléseurs P 3; ajusteurs-perceurs P 1, P 2, P 3; rectifieurs qualifiés en cylindrique P 2, P 3. Petites annonces classées nationales, Est républicain,17 mai 1970.
Rem. 1. Ajusteur est associé à des noms de métiers indiquant une spécialisation : limeurs, tourneurs (ex. 3), fraiseurs, aléseurs, etc. (ex. 5). 2. Syntagmes fréq. ouvrier-ajusteur (déjà présent ds DG), ajusteur mécanicien, ajusteur-outilleur, ajusteur de précision (Lar. 3), ajusteur électricien (Offres d'emploi, L'Œuvre, 3 mars 1941).
− Par métaph. :
6. Idées d'avare : la justice est une idée d'avare. De même que l'ajusteur adapte le tourillon à l'axe, justement comme il faut, ne laissant ni trop d'espace, ni trop peu, de même l'avare est un ajusteur de travaux, de salaires, et de prix; toujours au plus près; assez est assez. Alain, Propos,1932, p. 1083.
− Argot. Ajusteur de coins de rue. ,,Souteneur.`` (Esn. 1966).
B.− [Sens dérivé des emplois A 1 ou A 2 b du verbe ajuster*] :
7. Mais comme tu dis, ou bien il faut être poète et se dissoudre en toutes choses et s'éparpiller sans mémoire, ou bien il faut être Claudel et « sentir l'ordre de la confusion » (admirablement juste ceci). Or, je ne suis ni poète, ni Claudel. Donc... Donc il ne me reste que ma petite tâche d'arrangeur, d'ajusteur, de constructeur logique. J. Rivière, Alain-Fournier, Correspondance,lettre de J. R. à A.-F., nov. 1906, p. 341.
Rem. Les emplois métaph. ou fig. se réfèrent à la précision manuelle du travail de l'ajusteur.
Prononc. : [aʒystœ:ʀ].
Étymol. ET HIST. − xvies. « celui qui ajuste les monnaies, les mesures » (La Thaumassiere, p. 340, Coutumes du Berry ds Du Cange s.v. adjoustare : Item se les mesures sont trop petites, et elles soient signées aux armes du Roy et de l'Adjusteur). Dér. de ajuster*; suff. -eur2*.
STAT. − Fréq. abs. litt. : 20.
BBG. − Bél. 1957. − Boiss.8. − Bouillet 1859. − Chabat t. 1 1875. − Chesn. 1857. − Esn. 1966. − Fér. 1768. − Mét. 1955.