| AGOGIQUE, subst. fém. et adj. MUSIQUE I.− Subst. fém. Légères modifications de rythme dans l'interprétation d'un morceau de musique, par opposition à une exécution exacte et mécanique : 1. On appelle plus particulièrement : Agogique, le procédé expressif du Rythme...
V. d'Indy, Cours de composition musicale,1897-1900, p. 124. 2. On appelle agogique les modifications apportées au mouvement rythmique : la précipitation, le ralentissement, les interruptions régulières ou irrégulières.
G. Dumas, Traité de psychologie,t. 1, 1923, p. 305. − P. anal. Dans d'autres formes d'art, en particulier au cinéma : 3. J'emploie ici le mot usuel mais fautif ou vague de rythme. Le terme technique des esthéticiens est celui d'agogique. L'agogique, c'est cette rapidité apparente des événements (...) laquelle est bien distincte, d'une part, du rythme proprement dit (organisation morphologique de la durée), d'autre part, de la succession réellement plus ou moins rapide des données de l'action.
E. Souriau, Nature et limite des contributions positives de l'Esthétique à la Filmologie, Revue internationale de filmologie,no1, juill.-août 1947, p. 53. II.− Adj. Qui modifie passagèrement le temps, soit en l'accélérant, soit en le ralentissant : 4. ... au début de l'Allegro [de la Sonate III] (...) les deux violons (...) prolongent leurs traits en créant (...) une atmosphère tout animée de poussées agogiques.
L. de La Laurencie, L'École française de violon,1922, p. 33. 5. ... le léger rallentendo qui l'atteint [le temps composé de l'exemple] est de nature purement agogique.
A. Mocquereau, Le Nombre musical grégorien,t. 2, 1927, p. 447. − Au fig., rare. Trompeur (p. all. aux modifications de rythme en cours d'exécution) : 6. Tout se passe comme si l'homme moderne découvrait le machiavélisme latent du platonisme : il retient pour lui-même la réfutation de l'hédonisme, mais il la cache aux autres, il refuse aux autres une vérité qu'il se réserve. Il mesure d'abord l'amphibolie dialectique d'une apparence qui à la fois guide et induit en erreur, qui est agogique et qui fourvoie; il a ensuite appris à connaître ce dont l'optimisme intellectualiste s'était pudiquement détourné : la crédulité lamentable, l'incurable naïveté, la frivolité incorrigible de la créature.
V. Jankélévitch, Le Je-ne-sais-quoi et le presque-rien,1957, p. 13. Étymol. ET HIST. − 1. 1897-1900 subst. fém. mus. agogique, V. d'Indy, Livre I, p. 124, supra; 1908 id. (P. Lalo, Esquisse d'une esthétique musicale sc., p. 300 : L'« agogique », fondée sur les nuances de l'intensité relative, ne peut guère s'étudier que dans les œuvres modernes); 2. 1897-1900 adj. mus. id. « qui a rapport à l'agogie » (V. d'Indy, Cours de composition musicale, Livre I, p. 168 : C'est une pièce [le motet ,,Hodie Christus natus est``] présentant de nombreux contours agogiques).
1 empr. à l'all. mod. Agogik « légères modifications de rythme dans l'interprétation d'un morceau de musique par opposition à une exécution exacte et mécanique », 1884 (E. Thiel, Sachwörterbuch der Musik, Kröners Taschenausgabe Bd 210, 1962 : Riemann, Musikal. Dynamik u. A[gogik]). Le concept a été créé en 1884 par le musicologue all. Hugo Riemann qui a formé ce mot à partir du lat. agogē
(du gr. α
̓
γ
ω
γ
η
́ « mouvement musical »), attesté au sens de « suite de sons » dep. le ive-ves. apr. J.-C. (Martianus Capella, 9, 958 ds TLL s.v., 1410, 80 : nunc maxime diatono utimur. Sed horum alia modulamur per agogen, alia per plocen. Per agogen est cum per ordinem sonus sequitur, ploce autem dicitur cum diversa sociamus). À rapprocher de ce sens celui du fr. agogé 1838 (Ac. Compl. 1842 : Agogé s. f. [...] Mot emprunté du grec, par lequel les anciens indiquaient la forme mélodique, relativement à la succession des sons ascendants et descendants); 2 est le fr. 1 senti et empl. comme adj. Il existe un rapp. analogue entre l'adj. fr. esthétique* et le subst. fr. esthétique*, lui-même empr. à l'all. STAT. − Fréq. abs. litt. : 1. BBG. − Thiel (E.). Sachwörterbuch der Musik. Stuttgart, 1962, p. 6 (Kröners Taschenausgabe. 210.). |