| AFICIONADO, AFFICIONADO, subst. masc. 1. Amateur (spectateur, auditeur, lecteur) passionné. − [En parlant d'Espagnols] :
1. Est-il possible qu'il n'existe pas de collection de pièces de Lope de Vega, au moins en texte escogido? Dites donc à vos amis de l'Académie que nous sommes scandalisés et qu'ils se hâtent de faire une édition pour les aficionados.
P. Mérimée, Lettres à la comtesse de Montijo,t. 1, 1870, p. 128. − Plus gén. : 2. L'amusant ici [dans la salle de spectacle à Tunis], ce sont ces niches dans le mur, sorte de très incommodes couchettes, comme des nids d'hirondelles de mer, où l'on ne grimpe qu'à la force des bras et d'où l'on ne descend pas, d'où l'on tombe, qui ne se louent que pour tout le soir, à de jeunes afficionados. Ici je suis revenu bien des soirs; c'était presque toujours le même public, aux mêmes places, écoutant les mêmes pièces, et riant aux mêmes endroits − comme moi.
A. Gide, Journal,1895-1896, pp. 71-72. 3. À entendre parler les afficionados, chaque virtuose donnerait au son du piano une couleur caractéristique; un virtuose changerait de couleur suivant la pièce à exécuter.
H. Bouasse, Cordes et membranes,1926, p. 409. 2. Spéc. Amateur fervent de courses de taureaux : 4. Au même moment où le cheval est blessé, il y a l'acte par lequel le matador détourne le taureau du picador exposé, acte qui a ses règles techniques importantes, sans compter sa large valeur humaine. Aucun véritable aficionado, à ce moment, ne regardera autre chose que cela. Pour regarder alors le cheval blessé, il faut avoir une attirance malsaine.
H. de Montherlant, Les Bestiaires,1926, p. 445. 5. Dès que le taureau se trouve entre les deux portes, on ferme derrière lui la première, et devant lui la seconde après avoir laissé passer le dernier des cabestros qui le précédaient, lequel se faufile en douce et s'éloigne tout guilleret. Il arrive que le taureau refuse de suivre les cabestros; il arrive aussi qu'il ait le temps de passer la seconde porte avec les autres. Alors les aficionados l'applaudissent et les toreros hochent la tête : c'est un bon toro, intelligent et valeureux.
A. T'Serstevens, L'Itinéraire espagnol,1933, p. 155. 6. Ainsi en est-il de la peinture : il importe que l'artiste fasse mouche, faute de quoi il ne saurait que parodier la virtuosité, mais le geste par lequel il y arrive a le même prix que, pour un aficionado, celui de l'estocade finale.
R. Huyghe, Dialogue avec le visible,1955, p. 201. − Au fig. : 7. ... une des salles d'audience... va servir de plaza à nos aficionados et anti-aficionados parisiens. (Joinville).
Bruant1901, p. 414. Rem. Attesté dans tous les dict. gén. dep. Lar. 19e. Prononc. : [afisjɔnado]. Étymol. ET HIST. − 1843 (T. Gautier, Tra los montes, Voyage en Espagne, p. 84 : Les aficionados (dilettanti) disent que l'inventeur de ce coup est Joaquin Rodriguez, célèbre torero du siècle passé).
Mot esp., attesté dep. le xves. (ds Cuervo, Diccionario de Construcción y Regimen de la lengua castellana, 1886-93, I, 223-6), qui signifie « amateur, qui s'adonne à un art sans en faire son métier », spécialement « amateur de courses de taureaux », dér. d'aficionar, dér. d'afición, doublet semi-pop. d'afección, du lat. affectio (affection*). STAT. − Fréq. abs. litt. : 13. |