| AFFUBLEMENT, subst. masc. A.− Au propre 1. Péj., littér., rare. Habillement qui par sa bizarrerie s'écarte de la norme ou qui ne convient pas à celui qui le porte. Synon. plus usité : accoutrement. a) Habillement anachronique : 1. Nos yeux en Europe sont accoutumés à associer ces différences tranchées de costumes et d'affublements à des régions exceptionnellement restées à l'écart, vivant de leur vie propre. Il s'en trouve encore de telles, bien que plus rares chaque jour, dans nos montagnes d'Europe, autour de la Méditerranée, et sporadiquement dans les Alpes et les Carpathes.
P. Vidal de La Blache, Principes de géographie humaine,1921, p. 129. b) Habillement de mauvais goût : 2. ... encore une fois fichue comme l'as de pique! Non, quelle dégaine! un vrai carnaval! Et Antoinette, insolente, triomphante, étalait sa robe violine et sa chevelure invraisemblablement échafaudée en coques monstreuses. Et, comique, ridicule presque, elle restait tout de même invinciblement charmante, par tout ce qu'on sentait en elle de spontané, de sincère et de naïvement pur, derrière cet effarant affublement.
M. Van der Meersch, Invasion 14,1935, p. 85. Rem. Ac. 1835, 1878 note ,,peu us.``; Besch. 1845 : ,,iron. et fam.`` 2. Déguisement : 3. Sous l'affublement des grands mots, des panaches, des parades de théâtre avec des épées de fer-blanc et des casques en carton, on retrouvait toujours l'incurable futilité d'un Sardou, l'intrépide vaudevilliste, qui jouait guignol avec l'histoire.
R. Rolland, Jean-Christophe,La Foire sur la place, 1908, p. 713. Rem. Cet ex. allie le sens propre et le sens fig. (infra C). B.− P. anal., iron. [En parlant d'une pers. comparée à un vêtement] Compagnonnage : 4. Peu d'années après avoir quitté les dehors de l'amant d'Hélène, il a suivi les modes courantes avec tout aussi peu de tact, et enfin pendant mon voyage en Italie il a fini par épouser Mlle Simon Candeille, qui a quelque quinze ans au moins de plus que lui, et qui peut certainement passer pour un affublement plus ridicule encore pour un homme que le costume phrygien ou les habits carrés et les grosses cravates du temps du Directoire.
É.-J. Delécluze, Journal,1824, p. 60. C.− Au fig. Ce qui cache ou déforme la réalité, déguisement : 5. L'idée française, épurée, délivrée de son affublement chauvin, nous réunira en face de ceux qui, ... ont voulu faire penser... qu'ignorer était une preuve de civisme.
C. Mauclair, De Watteau à Whistler,1905, p. 107. Prononc. : [afybləmɑ
̃]. Enq. : /afybləmɑ
̃/. Étymol. ET HIST. − xiiies. « vêtement, habillement, tout ce qui couvre la tête et le corps » (Helias, B.N. 12558, fo20a ds Gdf. Compl. : Ne quident mais trover qui leur doinst garniment, Ne ceval ne haubert, ne nul affublement), peu attesté jusqu'au xviies. où il n'est plus usité que dans le style burlesque au sens de « accoutrement, habillement ridicule et de mauvais goût » (Dict. fr.-it. et it.-fr., Genève, Widerhold, 1677, ds Brunot t. 4, pp. 26-27); évolution parallèle à celle de affubler*.
Dér. de affubler*; suff. -ment1*. STAT. − Fréq. abs. litt. : 5. BBG. − Bar 1960. − Bél. 1957. − Boiss.8. − Fér. 1768. − Lav. Diffic. 1846. − Lundquist (E. R.). La Mode et son vocabulaire. Quelques traces de la mode féminine du moyen âge suivis dans leur évolution sémantique. Göteborg, 1950, p. 42, 117. |